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Tim PICKLES et Christa HOOK, Malta 1565. Last battle of the Crusades, Campaign 50, Osprey, 1998, 96 p.

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Poursuivant mes recensions de volume Campaign chez Osprey, pour l'instant toujours dans la même période de quelques siècles, j'en arrive à ce tome dédié au siège de Malte (1565) par les Ottomans. Il a été écrit par Tim Pickles, un Anglais vivant aux Etats-Unis et qui est a priori plutôt spécialise de la période napoléonienne. Etonnant, donc, qu'il signe un ouvrage sur le siège de Malte au XVIème siècle. A noter aussi que c'est un volume assez ancien de la collection Campaign, avec les défauts propres au format qui vont avec.

Les chevaliers de Saint-Jean s'installent à Malte à partir de 1530 : c'est Charles Quint qui leur donne l'archipel en concessions, de façon à combler la perte de Rhodes en 1522 et à utiliser la puissance maritime que sont devenus les Hospitaliers pour harceler les Ottomans. Après le raid du corsaire Dragut en 1551, ceux-ci renforcent la défense de Malte en ajoutant un nouveau fort, baptisé Saint-Elme. Soliman le Magnifique regrette amèrement d'avoir laissé échappé les Hospitaliers sains et saufs de Rhodes après le siège de 1522. Aussi, en 1564, il décide d'en finir en jetant une expédition sur Malte. Mais le commandement de celle-ci est divisée : Mustapha Pacha a la prééminence mais doit compter avec l'amiral Piali, qui dirige la flotte, et avec Dragut, corsaire émérite qui a l'oreille du sultan et qui connaît bien les lieux puisqu'il a conduit pas moins de 7 raids contre Malte. En face, c'est le Grand Maître des Hospitaliers, La Valette, qui coordonne la défense chrétienne.



Pickles passe assez vite sur les forces en présence. Côté turc, à l'infanterie des janissaires et aux irréguliers s'ajoutent un grand nombre de spahis, cavaliers démontés pour l'occasion. A cela s'ajoute des levées, des renégats et des troupes du génie : 40 000 hommes. En face, les Hospitaliers comptent 700 chevaliers parmi les 8 500 défenseurs, qui peuvent s'appuyer sur le soutien de la population de Malte.

Les Turcs débarquent sur Malte les 18-19 mai 1565. Après avoir d'abord accosté au nord-ouest de l'île, ils se rabattent finalement vers le sud. Mustapha Pacha, pour satisfaire Piali qui souhaite un meilleur mouillage pour ses navires, attaque en premier le fort Saint-Elme, pilonné par l'artillerie dès le 24 mai. Le chevalier de Saint-Aubin parvient ensuite à forcer le blocus avec quelques galères de l'Ordre. Dragut arrive sur l'île quelques jours plus tard. Les Turcs ont commis l'erreur de ne pas nettoyer le nord de l'île de Malte et en particulier de prendre la bourgade de Mdina. La cavalerie chrétienne en profite pour lancer des raids sur les bagages et les positions d'artillerie turques qui encerclent les forts. Dans les assauts contre Saint-Elme, les Ottomans perdent plusieurs milliers d'hommes. Le 18 juin, Dragut, qui se tient en première ligne pour observer le pilonnage, est blessé par un tir de canon. Il vit jusqu'au 23 pour voir la chute du fort, dont tous les défenseurs sont massacrés, à part 5 survivants. Les Turcs ont perdu 8 000 hommes, un quart de leur effectif, contre Saint-Elme, les chrétiens 1 500.

Ils se retournent alors contre les deux autres forts situés sur des promontoires s'avançant dans le grand port de Malte, Saint-Michel et Saint-Ange, ce dernier couvrant la petite ville de Birgu. Le vice-roi de Sicile envoie plus de 600 hommes en renfort, qui parviennent à rejoindre les défenseurs. La Valette protège le fort de Saint-Michel du côté de la grève, à l'ouest, en édifiant une palissade de pieux. Le 15 juillet, quand les Turcs repartent à l'assaut, ils se heurtent à des défenses solides. Une tentative de débarquement par 10 navires et 1 000 janissaires au nord du promontoire est défaite par une batterie de canons habilement dissimulés qui envoie 9 navires et 900 hommes par le fond. Les Ottomans perdent 3 000 hommes de plus en tout contre 250 chrétiens. Le 7 août, ils lancent à nouveau une attaque générale mais celle-ci est interrompue par un raid de la cavalerie chrétienne sur le camp ottoman, qui souffre particulièrement. Mustapha Pacha en vient alors à des tactiques de siège plus traditionnelles : il fait creuser des mines et construire des tours de siège, mais les chrétiens en viennent à bout.

Malgré un moral chancelant, 8 000 Turcs repartent à l'assaut dès le 20 août. La Valette est bien renseigné sur les intentions ennemies grâce aux transfuges ou par des renégats revenus à leurs sentiments chrétiens dans le camp turc. Mustapha Pacha, à court de vivres sur une île désolée et manquant de munitions, cherche alors à se retourner contre Mdina qui menace ses arrières depuis le début, mais la place est maintenant lourdement défendue. Début septembre, une force de secours venue de Sicile, 28 galères et 9 000 hommes, arrive enfin à Malte. Les Turcs abandonnent leurs retranchements et font face à l'armée de secours, à la sortie des défenseurs de Mdina et des forts du port. Malgré des pertes conséquentes, la retraite et le rembarquement ne se transforment pas en déroute. Soliman le Magnifique, apprenant le désastre, jure de raser l'île et de massacrer tous les chevaliers, mais il meurt dès l'année suivante, en 1566. Le siège de Malte est un premier coup d'arrêt à l'expansion ottomane à l'ouest, mais il faudra la victoire de Lépante, cinq ans plus tard, pour que la flotte turque soit définitivement brisée.

Comme dans les volumes précédents de la collection Campaign que j'avais commentés, on remarque que le format de 96 pages ne permet pas d'être véritablement complet. C'est encore plus vrai dans ce travail : Pickles survole les origines de la campagne, le contexte et les forces en présence. Seul le siège en lui-même est bien décrit, mais l'auteur ne cite pas ses sources, ce qui arrivait fréquemment au début de la collection et c'est est un tort. En outre, les vues 3D et les cartes comprennent de nombreux mouvements et, à l'époque,ceux-ci ne sont pas encore numérotés comme ils le sont dans les volumes plus récents. On a donc énormément de mal à suivre les phases de la campagne et des principaux combats. Les illustrations de Christa Hook sont jolies mais ne sont pas les meilleures que l'on peut trouver chez Osprey. Au final, on a l'impression que la qualité de la collection varie beaucoup selon les tomes : elle dépend à la fois des auteurs et de la date de publication, aussi, pour éliminer certains défauts. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que les volumes Osprey constituent surtout une bonne entame, mais qu'il faut compléter par des lectures plus denses, de type universitaire.


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