La campagne du Nouveau-Mexique (1862) est l'une des plus méconnues de la guerre de Sécession. Trois ans après son ouvrage consacré à la bataille de Valverde, que je commentais récemment, John Taylor s'associe à Thomas S. Edrington pour aborder celle qui est appelée communément "le Gettysburg de l'Ouest" -à tort, d'ailleurs, selon les deux auteurs.
Ceux-ci remettent la bataille dans son contexte et résument les événements ayant conduit à la campagne, et notamment le rôle du général Sibley, côté confédéré. Ils s'interrogent d'ailleurs sur les véritables motifs de l'offensive : les ordres donnés à Sibley par le président Davis le 8 juillet 1861 prévoient de lever deux régiments de cavalerie et une batterie d'artillerie pour chasser les Nordistes du Nouvau-Mexique. Mais on a beaucoup spéculé sur une possible poussée en direction du Colorado, de la Californie, tandis que les Confédérés cherchaient aussi à rallier les Etats du nord du Mexique à leur cause. Une autre hypothèse veut même qu'après la chute du Nouveau-Mexique, Sibley devait aller jusqu'au Missouri pour renforcer Price, puis rejoindre Lee en Virginie !
Le premier engagement de la campagne, après l'invasion confédérée du Nouveau-Mexique, n'est pas décisif : les Sudistes remportent une victoire tactique à Valverde mais les contraintes logistiques se font cruellement sentir et Fort Craig reste toujours une épine dans leur flanc qui n'est pas tombée. Cependant, en marchant sur le nord de l'Etat, les confédérés mettent la main sur des stocks que les fédéraux n'ont pas pu détruire entièrement et prennent Santa Fe, la capitale, ce qui améliore leur situation. Mais en face, il y a sur leur route Fort Union, une forteresse quasiment imprenable au vu des moyens des confédérés et où viennent juste d'arriver les volontaires du 1er régiment du Colorado, à marche forcée. Leur chef, le colonel Slough, n'est d'ailleurs pas très en phase avec Paul, le commandant du fort, ni avec Canby, qui a combattu à Valverde, et encore moins avec ses propres hommes...
L'armée de Sibley ne se remet en marche que lentement vers Fort Union. Il faut pour cela emprunter la piste de Santa Fe, qui passe entre les montagnes Sangre de Cristo et la Glorieta Mesa : le défilé qui permet d'y entrer à l'ouest s'appelle Apache Canyon. Les confédérés stationnent à l'entrée du défilé, au ranch de Johnson. Au milieu de la passe se trouve le ranch de Pigeon. A l'est, il y a le ranch de Kozlowski. Au matin du 26 mars, les Nordistes, qui se sont avancés sans être détectés par les confédérés jusqu'à la partie supérieure d'Apache Canyon, tombe sur les sentinelles confédérées. C'est le début de la bataille de Glorieta Pass qui, comme Gettysburg, s'étale sur trois jours. Menés par le Major Chivington, un pasteur haut en couleurs du Colorado, les Nordistes parviennent à déborder les Sudistes par les flancs et en capturent plus de 70, les pertes étant par ailleurs assez légères.
Le 27 mars est une pause, les renforts arrivant de part et d'autre. Le lendemain, Slough, qui s'est avancé au milieu de la passe jusqu'au ranch de Pigeon, divise ses forces : il garde 900 hommes et en envoie 500 autres sous les ordres de Chivington pour contourner le défilé par le sud et attaquer les confédérés par l'arrière. Les confédérés, eux, avancent d'un seul bloc sur le ranch de Pigeon et laisse une faible garde avec leur train de bagages à l'entrée ouest de la passe, au ranch de Johnson. Deux batailles vont alors se développer en parallèle. Dans la passe, les confédérés obtiennent la surprise tactique au ranch de Pigeon et comme à Valverde, cherche à déborder les nordistes par les ailes avant d'attaquer sur le centre qu'ils croient affaiblis. Les Nordistes sont forcés de se replier mais dans l'assaut, les confédérés ont perdu plusieurs officiers de valeur. Pendant ce temps, Chivington, qui a escaladé la mesa Glorieta, tombe sur le train de bagage confédéré au ranch de Johnson. Les hommes du Colorado descendent la falaise et dispersent les sentinelles confédérés, puis brûlent tous les chariots de transport, abattent et dispersent les mules.
Dans Le Bon, la Brute et le Truand, l'irruption du chariot (6:17) pendant la scène dans le désert et sans doute une référence à l'attaque du Major Chivington sur le train de bagages confédéré pendant le dernier jour de la bataille de Glorieta Pass (28 mars 1862). Mais le film se déroule plutôt pendant la phase de retraite de Sibley, après la bataille...
Dans Le Bon, la Brute et le Truand, l'irruption du chariot (6:17) pendant la scène dans le désert et sans doute une référence à l'attaque du Major Chivington sur le train de bagages confédéré pendant le dernier jour de la bataille de Glorieta Pass (28 mars 1862). Mais le film se déroule plutôt pendant la phase de retraite de Sibley, après la bataille...
Les confédérés croient avoir remporté une autre victoire, mais se rendent vite compte du désastre subi sur leurs arrières. Slough, de son côté, s'est replié vers Fort Union. Mais Canby sort de Fort Craig avec ses troupes dès le 1er avril et menace de couper Sibley de sa route de retraite vers le Texas. Dès le 12 avril, les confédérés sont à Albuquerque et cherchent à se replier en toute hâte vers le sud ; le 14, Canby fait la jonction avec les troupes de Fort Union. Sibley doit contraindre ses hommes à parcourir le désert de San Mateo ; début mai, les premiers éléments arriventàMesilla. Plus d'un millier de Texans ont disparu dans cette campagne.
Si les deux auteurs contestent l'appellation de "Gettysburg de l'ouest" à la bataille de Glorieta Pass, c'est d'abord parce que c'est une victoire tactique des confédérés, mais surtout parce qu'elle n'eut rien de décisif. En fait, la campagne de Sibley est presque condamnée à l'échec dès le départ. Même après le succès de Valverde, la non-prise de Fort Craig est déjà un aveu d'échec. Les 250 pertes de Glorieta Pass ne font que sceller le sort d'une campagne déjà bien compromise.
Comme le volume précédent, l'ouvrage est abondamment illustré, comprend de nombreuses cartes en parallèle du texte permettant de suivre les mouvements de troupes et les phases de la bataille, et, en annexes, les ordres de bataille et détails précis des pertes (permis par la faible ampleur des engagements). Un régal !