Septembre 1944, quelques jours avant que la Finlande, alliée de l'Allemagne, ne signe un armistice avec l'URSS et ne mette fin à la guerre de Continuation. Veikko (Ville Haapasalo), un soldat finlandais, est abandonné, enchaîné sur un rocher, par ses camarades finlandais et allemands qui lui reprochent ses opinions pacifistes, au milieu d'une forêt de Laponie. Pour être sûr qu'il se fasse tuer par les Soviétiques, les soldats lui font revêtir un uniforme de la Waffen-SS pour le transformer en kukushka, le nom que donne l'Armée Rouge aux snipers finlandais kamikazes. Non loin de là, Ivan (Viktor Bychkov), un capitaine de l'Armée Rouge accusé de correspondance anti-soviétique, est convoyé vers une cour martiale par le NKVD. Mais la jeep est bombardée par des avions soviétiques, le conducteur et le garde sont tués, Ivan sonné par l'effet de souffle. Veikko, enchaîné à son rocher, assiste à la scène en regardant par la lunette de son fusil. Peu de temps après, Anni (Anni-Kristiina Juuso), une fermière laponne dont le mari est parti à la guerre depuis quatre ans, cherchant de la nourriture et de quoi survivre, trouve bientôt la scène de désolation autour de la jeep russe. En enterrant les corps, elle se rend compte qu'Ivan est vivant et elle décide de le traîner jusqu'à sa ferme...
Le cinéma russe traitant de la Grande Guerre Patriotique a produit plusieurs réalisations de qualité ces dernières années. OutreL'Etoile, sorti la même année queThe Cuckoo, on pense plus récemment à La bataille de Brest-Litovsk (2010). Ce film-ci évoque non sans ironie la fin de l'affrontement entre l'URSS et la Finlande, qui commence avec la guerre d'Hiver de 1939-1940 et se poursuit en 1941, avec l'invasion allemande -d'où le nom de guerre de Continuation que lui donnent les Finlandais.
Le réalisateur joue subtilement de la rencontre fortuite, dans le paysage sauvage de la Laponie, de trois personnages que tout oppose et réunit à la fois : le capitaine russe arrêté par le NKVD, l'étudiant finlandais qui refuse de combattre et la fermière samie rendue veuve par la guerre. Aucun des trois ne parle la langue de l'autre, ce qui donne lieu à de nombreux quiproquos. La guerre reste bien présente puisqu'Ivan, le capitaine russe, considère longtemps Veikko comme une menace, un fasciste, alors que celui-ci ne songe qu'à rentrer chez lui. Et les Allemands rôdent autour de la ferme d'Anni.
Un film réussi d'Alexandre Rogojkine, récompensé à sa sortie par l'Aigle d'or du meilleur film, qui est aussi un plaidoyer contre la futilité de la guerre.