François Lagrange, agrégé d'histoire, membre du musée de l'Armée et Jean-Pierre Reverseau, conservateur général du Patrimoine, signe le volume sur les Invalides dans la collection Découvertes Gallimard, divisé en 4 chapitres.
Les Invalides, fondés en 1670, témoignent du souci de Louis XIV et de son ministre Louvois de disposer d'une armée réglée, qui prenne en charge les vétérans. Bâti dans la plaine de Grenelle, les Invalides sont réalisés par Libéral Bruant. Jules Hardouin-Mansart rajoute l'église et son dôme à partir de 1676. L'inauguration officielle n'a lieu cependant qu'en 1706. Les Invalides ont plusieurs fonctions : c'est à la fois une caserne, un couvent, un hôpital et un atelier. Conçu pour abriter 1500 à 2000 personnes, l'hôtel en accueille plus de 4000 en 1714. La discipline militaire règne dans l'édifice, qui avec l'église Saint-Louis dispose d'une présence religieuse. L'infirmerie dispose de moyens conséquents pour l'époque. Les pensionnaires travaillent : la monarchie veut éviter leur oisiveté. Jusqu'à la Révolution, des changements mineurs surviennent. Parmentier officie aux Invalides comme apothicaire en chef jusqu'en 1774.
L'hôtel joue un rôle important en 1789 puisque les Parisiens y prennent facilement armes et munitions avant l'assaut sur la Bastille. La Constituante instaure une retraite pour les militaires et la vie de l'établissement est quelque peu tourmentée jusqu'à l'ordre rétabli par le Directoire. Napoléon s'associe étroitement à l'édifice : c'est là qu'a lieu la première remise de légions d'Honneur en 1804. Il donne au bâtiment une dimension funéraire en y plaçant les restes de Turenne et Vauban, pour se donner des ancêtres militaires prestigieux. La monarchie de Juillet fait ramener les cendres de Napoléon en 1840 : son tombeau sera aux Invalides. Il est réalisé par Visconti et flatte le pouvoir orléaniste en présentant Napoléon comme celui qui a rétabli l'ordre, fait la synthèse entre Ancien Régime et Révolution.
Les Invalides après être devenus panthéon militaire national se transforment aussi en musée. Depuis la Révolution un musée d'Artillerie accueille les nombres prises des armées françaises jusqu'à l'Empire, parfois reprises par les vainqueurs au moment des défaites. Des legs viennent renforcer le fonds toutefois. C'est après la guerre de 1870-71 que les collections sont transférées aux Invalides. Progressivement s'y rajoute d'autres collections celles de Napoléon III à Pierrefonds. Le musée historique de l'Armée n'est toutefois créé qu'en 1896, et démarre chronologiquement en 1569, date de la formation des premiers régiments d'infanterie. La vocation patrimoniale remplace la fonction hospitalière tombée en désuétude. Le musée d'Artillerie et le musée historique de l'Armée fusionne en 1905 sous l'égide du général Niox en musée de l'Armée. Pendant la Grande Guerre, on y expose les emblèmes et matériels pris à l'ennemi. En 1931, il est assimilé aux grands musées nationaux et passe sous l'autorité de l'état-major de l'armée. On y enterre de nombreux hommes de guerre, y compris de la Première Guerre mondiale, dont Foch sous le dôme.
Les Allemands prélèvent un tribut sur le musée en 1940 : les pièces ne sont restituées qu'en 1946. Une grande exposition est organisée l'année suivante. Les Allemands avaient symboliquement remis à Vichy la dépouille de l'Aiglon. Après la guerre, d'autres chefs militaires y sont enterrés comme Leclerc et Juin. De Gaulle y fait amener les restes de Lyautey en 1961. Outre quelques modifications architecturales, le musée se modernise pour devenir le musée d'histoire militaire national, en quelque sorte. Les fonctions d'origine demeurent : Institution Nationale des Invalides, église des Soldats, gouverneur militaire de Paris représentant la fonction militaire...
Un volume comme de coutume bien illustré et complété par la section Témoignages et documents : portraits d'invalides, réflexions sur le tombeau de l'Empereur, visites aux musées, considérations sur le panthéon militaire, retour sur la collection d'Ambras, sur les armes et armures des souverains et sur les restaurations des peintures de Parrocel.