En
avril dernier, j'avais consacré un
long billet à LiwaFatemiyoun, unité composée
d'Afghans chiites, essentiellement des réfugiés en Iran, recrutés
par Téhéran pour se battre en Syrie pour le régime Assad. Ce
billet fait le point sur ce que l'on sait de l'unité depuis cette
date jusqu'à ce jour.
Début
mai 2016, les rebelles syriens capturent plusieurs Afghans de la
Fatemiyoun lors de combats au nord et au sud-ouest d'Alep.
Entre 20 et 30 Afghans tués à Khan Touman sont ensuite enterrés en
Iran. Le 13 mai, Amit Sarkisian, un Arménien servant dans la
Fatemiyoun, est tué en Syrie. Le 20 mai 2016, 5 Afghans tués
en Syrie sont enterrés à Qom. Le 26 mai 2016, 8 combattants de la
Fatemiyoun sont enterrés à Mashhad, en Iran.
Ecusson de manche de Liwa Fatemiyoun. |
En
juin 2016, des sources font état de la présence de 12 à 14 000
Afghans au sein de la Fatemiyoun en Syrie, en particulier
selon les propres déclarations d'Hosseini, commandant adjoint de
l'unité tué sur le front de Palmyre ce mois-là. Selon les rebelles
syriens, ils seraient 8 0001.
Ce même mois, l'Iran ouvre un centre de recrutement à Herat, en
Afghanistan, pour Liwa Fatemiyoun. Outre les Afghans chiites,
on trouve même le cas d'un sunnite issus des Pachtouns engagé dans
la formation2.
Fin juin, les Afghans sont présents dans les combats contre les
rebelles syriens au sud d'Alep. Un des combattants de la brigade,
Ahmad Mekkian, tué au combat, est pris en photo à côté d'un
pick-up avec LRM Fajr-1. A Khan Touman, les Afghans
avaient probablement des mines directionnelles anti-personnel M18A23.
Seyyed Hosseini, commandant adjoint de l'unité, est tué au combat
contre l'EI sur le front de Palmyre. Asadollah Ebrahimi, un des
commandants de l'unité, est également tué à Alep.
Début
juillet, ce serait 28 Afghans de la Fatemiyoun qui auraient
péri en Syrie. Abou
Azraël, la figure emblématique de la milice chiite Kataib
al-Imam Ali, rend visite à la famille d'un des commandants de la
Fatemiyoun tué en Syrie en 2015, Tavasoli. En juillet 2016,
on apprend aussi que des unités de Liwa Fatemiyoun seraient
formées en Iran par le Hezbollah. Liwa Fatemiyoun est
bien passée du rang de brigade à celui de division en 2015 : on ne
peut que spéculer sur le nombre de combattants présents en Syrie
(plus ou moins de 10 000 ?). Pour Amir Toumaj, on peut estimer à au
moins 383 le nombre d'Afghans tués en Syrie, pour la plupart
enterrés à Qom et Mashhad en Iran. Le Hezbollah aurait formé
des Afghans qui eux-mêmes auraient entraîné leurs camarades : il
s'agirait d'une unité de forces spéciales rattachée à la
Fatemiyoun, formé en particulier au sniping4.
Un documentaire de ce même mois montre les Afghans entraînés par
le Hezbollah en Syrie. On y voit des snipers opérant sur SVD
Dragunov et Sayyad 2. Le 13 juillet, 2 enfants-soldats
afghans de 15 et 16 ans sont tués par les rebelles. Le 14 juillet,
10 Afghans tués en Syrie sont enterrés à Qom. Le 21 juillet, 5
combattants de Liwa Fatemiyoun tués à Alep sont enterrés en
Iran. La plupart des Afghans tués en juillet le sont à Mallah au
nord d'Alep.
Début
août 2016, le commandant de la force al-Qods, Qasem Soleimani, rend
visite à son tour à la famille de Tavasoli. Pendant l'offensive
rebelle menant à la levée du blocus d'Alep, un combarttant de Liwa
Fatemiyoun est capturé, avec le drapeau de l'unité. Sadeq
Mohammad Zada, un des commandants de Liwa Fatemiyoun, est tué
pendant la bataille. Le 9 août, 4 hommes de la Fatemiyoun
tombent dans les combats à Alep. Au 12 août, Ali Alfoneh plaçait à
411 au moins le nombre d'Afghans tués en Syrie depuis septembre
2013, dont 12 ce mois-ci. 3 Afghans sont encore tués le 14 août à
Alep.
Un des derniers "martyrs" de l'unité tombé à Alep. On note le dôme de Zaynab en arrière-plan. |
Concernant
l'équipement de Liwa Fatemiyoun, il est de plus en plus
évident, au fur et à mesure que l'engagement des Afghans devient de
plus en plus massif, qu'il se fait de plus en plus sophistiqué. Les
snipers de la formation ont le Sayyad 2/AM 50, copie du fusil
anti-matériel Steyr HS. 50 de 12,7 mm. Les fantassins ont
parfois des copies du M-4 américain, avec même lance-grenades.
L'unité blindée de Liwa Fatemiyoun, au moins de la taille
d'une compagnie, aligne plusieurs chars T-72 et plusieurs véhicules
blindés BMP-1. Surtout, elle dispose maintenant, peut-être, de T-90 fournis au régime syrien par la Russie et donnés aux Afghans.
Un Afghan se prend en photo devant un T-90. Est-il de l'unité blindée de Liwa Fatemiyoun ? |
BMP-1 de l'unité blindé de la Fatemiyoun. |
Colonne de BMP-1 et T-72 de l'unité blindée de la Fatemiyoun. |
Cet Afghan porte un AM 50, fusil anti-matériel de 12.7 mm. |
1https://www.theguardian.com/world/2016/jun/30/iran-covertly-recruits-afghan-soldiers-to-fight-in-syria?CMP=Share_iOSApp_Other
2http://www.csmonitor.com/World/Middle-East/2016/0612/Iran-steps-up-recruitment-of-Shiite-mercenaries-for-Syrian-war?cmpid=gigya-tw
3http://armamentresearch.com/iranian-directional-anti-personnel-mines-in-syria/
4http://www.longwarjournal.org/archives/2016/07/lebanese-hezbollah-training-special-afghan-fatemiyoun-forces-for-combat-in-syria.php?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+LongWarJournalSiteWide+%28The+Long+War+Journal+%28Site-Wide%29%29