Le livre est ancien et pourtant il demeure une référence certaine sur son sujet. Ecrit pendant la guerre froide en 1977, cet ouvrage se base avant tout sur des documents allemands capturés et des sources secondaires occidentales -faute de mieux, en raison de l'indigence des travaux soviétiques, malgré un mieux sous Khrouchtchev (entre 1956 et 1962) signalé par l'auteur, un Suisse qui a travaillé plus de 20 ans sur la question. Paradoxalement, les grands bâtiments de surface, qui ont été les moins employés par l'URSS pendant la guerre, sont les mieux connus, alors que les rares succès ont plutôt été remportés par les vedettes lance-torpilles et les sous-marins, complètement méconnus. Les sous-mariniers, avec un matériel inférieur, mal formés, ont subi des pertes très lourdes. Le domaine où les Soviétiques ont excellé, au final, est celui des flottilles sur lacs, rivières ou fleuves où ils ont clairement surpassé les Allemands. Mais l'histoire de ces combats reste encore à écrire. L'auteur a dû puiser sans sa propre collection et dans celles d'autres spécialistes pour illustrer son livre, l'URSS ne pouvant offrir les photos nécessaires...
Etrange mélange en réalité que la flotte soviétique de 1941, composée d'anciens navires tsaristes achevés avant la révolution, de ceux en construction et terminés par les Soviétiques, de vaisseaux construits pendant l'entre-deux-guerres, puis des fournitures du Lend-Lease anglo-américain, puis ensuite des prises sur les pays combattus de 1939 à 1945. L'auteur, de façon classique, évoque d'abord les navires de surface les plus imposants en premier, puis descend en taille. Cuirassés, croiseurs de bataille, croiseurs, conducteurs de flottille, destroyers, torpilleurs constituent les passages les mieux illustrés, comme on l'a dit. L'auteur a cependant trouvé d'autres illustrations pour les mouilleurs de mines, poseurs de filets et dragueurs de mines et même pour les vedettes dragueuses de mines. Outre les canonnières, on notera les pages consacrées aux canonnières blindées utilisées par les flottilles fluviales avec les fameux Types 1124 et 1125, de même que celles dédiées aux chasseurs de sous-marin et autres patrouilleurs. La partie sur les sous-marins constitue un gros morceau du livre, de même que celle sur les vedettes lance-torpilles, assez bien illustrée. L'auteur va même jusqu'à lister les navires auxiliaires comme les brise-glaces et les navires de débarquement. Les 50 dernières pages sont consacrées aux flottilles fluviales, lacustres, avec encore une fois un luxe de détails.
J.Meister a réalisé un travail considérable : non seulement il tente de déterminer l'effectif dans chaque catégorie de bâtiment pour chaque flotte soviétique (Baltique, mer Noire, Arctique, Pacifique), mais il s'essaie à dresser la liste des pertes et la liste des bateaux tout court ce qui fait du livre un instrument de travail pour le chercheur et le passionné. Incontournable pour qui s'intéresse au sujet.