L'unité
Liwa Suqur al-Sahara du régime syrien est emblématique des
réalités militaires auxquels est confronté ce dernier. Créée en
2013 dans la province de Homs, et utilisée au départ pour
surveiller la frontière avec l'Irak et la Jordanie ou escorter des
convois de pétrole, l'unité est dépêchée en urgence en avril
2014 pour contrer la percée des rebelles au nord de la province de
Lattaquié, à Kessab. Après l'avènement de l'Etat Islamique, et
après avoir défendu les champs gaziers d'al-Shaer, elle est sur
tous les fronts "chauds" pour le régime en 2015.
Ces multiples déplacements montrent que cette formation, considérée
comme faisant partie de "l'élite" militaire du
régime, pallie surtout un manque criant d'effectifs. La
classification "forces spéciales", qui a plus
valeur de fidélité au régime qu'autre chose, ne signifie pas
qu'elle l'emporte toujours, comme le montre la défaite face à l'EI
en août à al-Qaryatayn. A partir de novembre 2015, avec le
sauvetage de l'équipage de l'hélicoptère russe abattu pendant la
récupération d'un membre d'équipage du Su-24 russe descendu par un
F-16 turc, l'unité est sous les feux des projecteurs. Cette
surexposition médiatique dissimule pourtant mal une réalité
cinglante : à l'image des forces militaires du régime, les Faucons
sont à court d'effectifs -l'unité n'étant en soi pas très grande,
de la taille d'un bataillon, peut-être un peu plus. Depuis quelques
mois, elle incorpore des miliciens et se rapproche se faisant de ces
nombreuses milices nées pendant le conflit et qui se battent pour la
survie du régime.
Historique
La
brigade des Faucons du Désert (Liwa Suqur al-Sahara) a été
créée en 2013 par le colonel Jaber mais n'est étudiée par les
spécialistes du conflit qu'à partir de 2014, en anglais. Aymenn
Jawad Al-Tamimi est l'un des premiers à lui consacrer un article en
avril 2014, alors que les Faucons du Désert interviennent dans le
nord de la province de Lattaquié pour contrer l'offensive rebelle
qui a emporté Kessab en mars. C'est une unité de forces spéciales,
née en 2013 à Homs, et qui a d'abord opéré le long de la
frontière avec l'Irak, pour empêcher le transit de combattants et
d'armes adverses. Cette unité d'élite est composée de militaires à
la retraite, de membres de l'armée et de jeunes volontaires de 25 à
40 ans. Elle est dotée d'un armement léger et de mitrailleuses
lourdes, l'armée fournissant un appui d'artillerie si besoin, mais
elle est plutôt conçue pour la guerre d'embuscades. L'unité subit
des pertes non négligeables lors de la bataille à Kessab. Elle a
visiblement combattu à al-Qaryatayn en juin 20131.
Le général de brigade Harun, tué à al-Qaryatayn. |
En
octobre 2014, les Faucons du Désert appuient la 3ème division du
régime dans le Jabal Al-Sha’ar, au nord-est de la base aérienne
T4, contre l'EI. En novembre, les rebelles annoncent avoir tué
Muhsen Said Hussein, le général commandant l'unité, surnommé le
"Lion du Désert" et connu pour sa brutalité, qui
jouait un rôle certain dans l'architecture des renseignements du
régime. Il est enterré dans sa ville natale de Safita, près de
Tartous. Les Faucons participent ce même mois à la reprise des
champs gaziers d'Al-Sha’ar sur lesquels l'EI avait mis la main. Les
hélicoptères Gazelle de la base aérienne de Mezze (976
Squadron) ont probablement appuyé les Faucons lors de la
défense de la base aérienne T4 contre l'EI2.
On reconnaît l'insigne de manche des Faucons. |
Muhsen Said Hussein. |
Les Faucons développent leur propre flotte de technicals (voir la partie ci-dessous qui leur est consacrée). (2014) |
En
mars 2015, les Faucons du Désert sont toujours sur le pied de guerre
pour défendre les champs gaziers d'Al-Sha’ar aux côtés d'autres
forces du régime3.
Parmi celles-ci, al-Qawat al-Nimr (Tiger Forces), qui prendra
progressivement de plus en plus d'importance côté régime. C'est
entre autres parce que ces unités -avec aussi la 106ème brigade de
la Garde Républicaine- sont retirées de la province de Homs pour
montrer sur le front d'Idlib, où les rebelles obtiennent des succès
spectaculaires, que l'EI peut emporter Palmyre en mai 20154.
Ce même mois, les Faucons du Désert combattent dans la plaine
d'al-Ghab dans la province d'Idlib. Fin juin, ils sont expédiés en
urgence dans la ville d'al-Hasakah où l'EI vient de lancer une
offensive5.
En juillet, on les trouve sur le front de Palmyre, à l'est de la
province de Homs. En août, ils subissent une défaite lorsque l'EI
s'empare d'al-Qaryatayn : les images de l'organisation montrent des uniformes et au moins un de leurs véhicules6.
Ils sont encore dans le secteur de la province de Homs en septembre
2015. En octobre, les Faucons sont toujours la province de Homs :
avec l'appui aérien russe, et de concert avec la 67ème brigade de
la 18ème division, le Parti Social Nationaliste Syrien et les Forces
Nationales de Défense, ils attaquent Al-Bayarat7.
Carte des lieux où a combattu l'unité (non exhaustive) : en rouge, 2013, en jaune, 2014, en bleu, 2015 (on voit le véritable flipper...) et en vert, 2016. |
Décembre 2015. |
Juin 2015. |
Mars 2015. |
Le
24 novembre 2015, un Su-24 russe est abattu par un F-16 turc et
s'écrase dans la province de Lattaquié. Le pilote, Oleg Peschkov,
est tué par des tirs venus du sol mais le navigateur, Konstantin
Murakhtin, survit au crash. Les Russes, qui se préparent à secourir
le survivant, se voit proposer de l'aide par Qassem Soleimani, qui
met à leur disposition une équipe d'élite du Hezbollah et des
forces spéciales de l'armée syrienne. Une équipe de la chaîne
Anna News est arrivée auprès de l'unité des Faucons la veille
du crash (voir vidéo ci-dessous). Les Faucons combattent alors dans les montagnes de la
province de Lattaquié. Le colonel Ayman Jaber, qui raconte la
mission, explique que son unité a été créée au départ pour
protéger les convois de pétrole partant de l'est de la Syrie et se
dirigeant vers l'ouest et les zones tenues par le régime. Les
officiers interrogés disent combattre le front al-Nosra et l'EI, ce
qui dans ce secteur, pour ce dernier, est inexact. Les Faucons
disposent d'une unité de reconnaissance équipée de drones
(quadcopters). Les renseignements sont transmis à la fois à
l'armée du régime mais aussi à l'aviation russe. Quand le Su-24
est abattu, l'unité de reconnaissance observe un Mi-8 de la mission
recherche et sauvetage se poser en urgence sur le flanc de la
montagne al-Nouba (au sud-ouest de Salma) après avoir été touché
par des tirs au sol. Un Mi-24 Hind survole également les
lieux. Jaber envoie deux groupes de soldats secourir l'équipage puis
40 hommes des "forces spéciales" des Faucons, sans
doute une petite unité de réaction rapide. Les Faucons récupèrent
l'équipage mais ne peuvent sauver l'engin qui est détruit par un
missile TOW tiré par les rebelles de la 1ère brigade côtière.
L'épisode montre en tout cas que les Russes opèrent avec leur
propre dispositif de sauvetage sans se concerter avec leurs
partenaires syriens, qui sont obligés de réagir dans le feu de la
bataille...
Cet homme des Faucons vise avec un VSK-94, un fusil de précision russe avec silencieux portant jusqu'à 400 m (janvier 2016). |
Poutine accompagne désormais Assad sur les banderoles. |
Des foulards jaunes pour l'identification : une pratique courante (et un symbole religieux évident). |
On note l'insigne de manche à droite. |
Tireur SVD. |
Le RPG-22 est venu s'ajouter à l'inventaire des Faucons. |
Tireur PK. |
Unité d'observation et reconnaissance équipée de drones. |
Des conseillers russes sont manifestement présents avec l'unité. |
Un Mi-24 Hind couvre l'équipe SAR. |
Le Mi-8 s'est posé en urgence. |
L'équipage est récupéré par les Faucons. |
La 1ère brigade côtière des rebelles syriens détruit l'hélicoptère au missile TOW. |
L'équipage russe avec Jaber. |
En
décembre 2015, les Faucons du Désert sont utilisés en pointe dans
l'offensive pour reprendre le terrain perdu dans la province de
Lattaquié. Le 6 décembre, Anna News filme un détachement
qui part en mission de reconnaissance dans la montagne al-Nuba. Les
hommes doivent s'enfoncer de 10 km à l'intérieur des lignes
ennemies : ils emportent seulement des armes légères et des RPG-22.
Ils sont appuyés à distance par des technicals avec DSHK et
des pièces fixes comme un canon ZU-23. Les Faucons repèrent les
positions adverses jusqu'à 6 km en arrière des lignes rebelles et
se déplacent pendant 4 jours en évitant les accrochages. Les
membres de ce commando portent tous un brassard jaune, sans doute à
des fins d'identification. Formé par les Iraniens, comprenant
quelques centaines d'hommes, les Faucons occupent alors le devant de
la scène médiatique. Ils ont un armement de plus en plus
sophistiqué : par exemple des lance-roquettes antichars RPG-22 très
efficaces contre les blindés mais aussi contre les positions
fortifiées8.
Par ailleurs, à cette même date, ils participent aussi à la
défense de l'aéroport de Kweires, à l'est d'Alep ; l'unité
comprend visiblement des Ismaëliens de la province de Hama, comme le
lieutenant Ali Eid Ali tué au combat.
Bitube ZU-23 sur technical. |
Les motos sont utilisées comme moyen de transport pour le combat et de reconnaissance. |
Bitube ZU-23 en position fixe. |
Technical avec DSHK. |
En
janvier 2016, les Faucons participent à l'offensive qui aboutit à
la reconquête de Salma, avec l'appui russe, et le soutien de la
103ème brigade de la Garde Républicaine, de la milice Résistance
syrienne et du PNSS9.
Fin janvier, l'unité combat dans le Jabal Akrad. A ce moment-là,
les Faucons intègrent probablement plusieurs dizaines d'hommes d'une
milice chiite irakienne qui combat en Syrie depuis 2014 : Liwa AssadAllah al-Ghaleb. On peut voir de nombreuses photos avec le drapeau de
cette milice. Son chef Abou Fatima al-Musawi, qui vient rendre visite
aux combattants, porte un uniforme avec l'emblème des Faucons de
même que plusieurs autres miliciens irakiens, probablement. Ils sont
donc probablement intégrés à l'unité même s'ils conservent leur
drapeau de milice. Leur effectif ne se monte selon toute
vraisemblance qu'à quelques dizaines d'hommes. Même s'ils ne sont
pas formellement intégrés aux Faucons, ils combattent en tandem
avec eux, ce qui montre bien que le régime a besoin de l'apport des
étrangers. Anna News filme l'unité qui part à l'assaut de
Rabia et d'un village voisin les 22-24 janvier. Les combattants des
Faucons portent toujours le même foulard jaune, à des fins
d'identification. Ils sont armés d'AK-47, de mitrailleuses PK et de
fusils de précision SVD Dragunov. Quelques hommes sont
équipés d'AK-74 apparemment récemment arrivées. Le détachement
de reconnaissance qui entre dans Rabia est pris en embuscade par les
rebelles. Un combattant est tué par un tir de canon sans recul B10
qui frappe un bâtiment, un autre est sérieusement blessé à la
main. On remarque que les Faucons campent avec des tentes détournées
du Haut Commissariat pour les Réfugiés de l'ONU, pratique courante
chez les forces du régime. Pour l'attaque sur Rabia, les Faucons
utilisent un appareil de déminage pour ouvrir la voie. L'un des
cadres est armé d'un AK-74 avec lance-grenades. Au moins un des
hommes porte un RPG-22 dans le dos. Les hommes sont soutenus par un
technical avec bitube ZU-23. A la fin de la vidéo, on peut
voir dans le détachement deux hommes portant l'emblème de manche du
PSNS ; ces miliciens sont donc intégrés dans des unités spéciales
comme les Faucons, qui doit manquer d'hommes. On remarque aussi que
les motos sont beaucoup utilisés pour la reconnaissance et le
transport d'hommes. Parallèment les Faucons sont présents avec les
Tiger Forces qui combattent l'EI à l'est d'Alep, sur le
plateau d'al-Bab10.
Le 11 février, les Faucons passent à l'offensive à al-Sarmaniya,
al-Karkor, al-Latamina, al-Habit, dans la province de Hama, avec
d'autres milices pro-régime11.
800 hommes seraient arrivés sur place de ces différentes milices,
dont les Faucons. L'unité appuie avec les autres milices la 555ème
brigade de la 4ème division blindée qui tente de pousser au
nord-est vers la base aérienne de Tabqa, dans la province de Raqqa.
Toujours le brassard jaune avant l'assaut sur Rabia. |
PK et Dragunov. |
L'homme à gauche est tué par un obus de B10. |
Les tentes du CR, comme souvent côté régime, servent à abriter les soldats... |
Démineur en tête de colonne. |
Le cadre au centre avec la radio dans la main est armé d'un AK-74 avec lance-grenades. |
Toujours un RPG-22 dans le dos. |
L'homme à gauche et celui à droite porte l'insigne de manche du PNSS. Cette milice fournit donc des hommes intégrés aux Faucons ou en tout cas opérant de concert avec eux de manière continue. |
L'homme à droite porte également l'uniforme des Faucons. |
Toujours l'emblème sur un autre homme à droite, lors de la visite par Musawi des blessés de sa milice. |
Les miliciens portent l'emblème des Faucons mais conservent le drapeau de leur milice. |
Propagande
Suqur
al-Sahara est présent sur les réseaux sociaux, notamment Facebook,
ce qui permet d'analyser un peu sa propagande pour le régime.
Les
Faucons mettent en avant leurs combattants qui affrontent les
rebelles syriens dans les montagnes de Lattaquié. Le fondateur de
l'unité, Mohamad Jaber, est également mis sur un piédestal. Sur
une image du 14 janvier, on peut le voir avec un faucon à
l'arrière-plan. L'unité souligne ses victoires militaires, comme
lors de la libération de Salma.
Une
image datée du 30 janvier associe l'emblème des Faucons, à gauche,
à celui de l'armée arabe syrienne à droite ; au milieu il est
inscrit "Armée arabe syrienne. Force Suqur al-Sahara".
Sur une photo du 11 janvier, derrière plusieurs combattants en tenue
noire, on peut voir un panneau représentant Hafez el-Assad, un autre
personnage (Bachar ?) et l'emblème des Faucons. L'unité insiste
aussi sur sa proximité avec le régime : une photo du 9 septembre
montre le colonel Jaber aux côtés de Bachar el-Assad.
L'unité
honore aussi ses "martyrs". Le 7 décembre, une
photo rappelle le souvenir d'un d'entre eux, Youssef Ibrahim Jinan.
Les alliés disparus sont également à l'honneur : ainsi le pilote
russe du Su-24 abattu le 24 novembre. A contrario les Faucons se
prennent en photo avec l'équipage de l'hélicoptère Mi-8 secouru.
Le 17 novembre, un poster honore Mahmoud Ammar Ismail, tué au
combat.
En
janvier 2016, les Faucons ont même eu le privilège d'une chanson
composée par Firas Hamzawi12.
Jaber avec Assad. |
L'équipage du Mi-8 secouru. |
Hommage au pilote mort du Su-24 abattu le 24 novembre. |
Mad Max au service du régime
Unité
légère destinée dans un premier temps à opérer essentiellement
sur le front est de la Syrie, Suqur al-Sahara s'appuie sur une
importante flotte de pickups 4x4, transformés en véhicules armés,
les désormais célèbres Technicals. L'essentiel de cette flotte est
composée de 4x4 Chevrolet Silverado, et de GMC Sierra 2500HD.
Un 4x4 GMC Sierra 2500HD vient d'être
livré aux Faucons : le véhicule est armé d'une mitrailleuse lourde
KPV, monté sur un affut improvisée, et protégée par un bouclier
(2013). |
Véhicules
civils simplement armés, peu modifiés et non blindés dans les
premiers temps de l'unité, ces pickups sont rapidement devenus de
véritables automitrailleuses légères, dont l'armement est varié :
mitrailleuses légères DshK (ou sa version chinoise, la Type-54) de
12,7 mm, mitrailleuses lourdes KPV ou KPV-T de 14,5 mm, ZPU-4 de 14,5
mm, canons bitubes ZU-23-2 de 23 mm, voir lance-roquettes multiples
Type-63 de 107 mm.
Alignement de pickups Chevrolet
Silverado, sur la base des Faucons : les véhicules sont en cours
d'armement certains, sur la gauche de la photo, ayant déjà reçu
une mitrailleuse DshK (2014). |
Les
modèles les plus élaborés ont reçu un blindage improvisé, qui
selon les multiples versions, assure un semblant de protection à
l'équipage, ou plus simplement aux servants des armes montées sur
les véhicules. L'emploi de véhicules civils transformés et blindés
à des fins militaires n'est pas nouveau pour l'armée syrienne, et
date de bien avant 2011 : les véhicules des Forces Spéciales du
Régime en particulier correspondent à ce schéma, et sont basés en
grande partie sur des Land Cruiser Toyota.
Également
très présent au sein de l'unité, des Land Cruiser Toyota, modèle
EFI 4500, à cabine simple ou double, ont été largement livrés en
grand nombre puis équipés pour l'emport d'armement, allant de la
DShK au bitube ZU-23-2 de 23 mm, en passant par le lance-roquettes
multiple Type-63. D'autres modèles de pickups sont utilisés, par
exemple, des Ford F35D et des Toyota Tundra.
Un autre Toyota Land Cruiser, dont la
partie cargo à cette fois reçut un lance-roquettes multiple Type-63
de 107 mm (2015). |
Au
côté de cette flotte de pickups, la Suqur al-Sahara utilise des
camionnettes Hyundai HD65, dont l'armée syrienne était déjà
largement équipée avant le conflit. A l'image des pickups civils de
diverses marques, ces camionnettes ont été modifiées et légèrement
blindées, soit, lorsque le véhicule est utilisé pour le transport,
pour protéger un minimum les occupants de la ferraille du champ de
bataille, soit pour servir de guntrucks : dans ce dernier cas,
l'armement est tout aussi varié, et équivalant à celui utilisé
pour armer les pickups : mitrailleuses légères DshK et Type-54 de
12,7 mm, mitrailleuses lourdes KPV de 14,5 mm, ZPU-4 de 14,5 mm,
canons bitubes ZU-23-2 de 23 mm, et lance-roquettes multiples Type-63
de 107 mm.
Un
modèle plus élaboré est apparu vers la mi-2015, équipé d'une
tourelle cannibalisée sur les VCI soviétiques BMP-1 : la tourelle
du BMP-1 est armée du canon 2A48 Grom de 73 mm, et d'une
mitrailleuse coaxiale PKT de 7,62 mm.
Les
Faucons utilisent également le couple inséparable du conflit syrien
: le canon S-60 antiaérien de 57 mm, monté sur camion, et utilisé
contre des objectifs terrestres : les châssis les plus répandus
sont des véhicules Mercedes et Scania : plus rarement vus, des
canons antiaériens M1939 de 37 mm sont utilisés dans cette même
configuration.
Jusqu'au
mois de septembre 2015, la Suqur al-Sahara n'utilisait pas de blindés
à proprement parler : également visible au sein de l'unité, des
camions blindés hérités de l'unité antiterroriste du ministère
de l'Intérieur syrien, la CTU (Counter Terrorism Unit). En soi, ces
blindés sont à la base de simples véhicules de transport de fond,
sur-blindés localement et équipés d'une tourelle pouvant emporter
une mitrailleuse légère PK de 7,62 mm. Des blindés BRDM-2 sont
visibles sur la base des Faucons, mais semble-t-il simplement
parqués, et dont l'armement (une KPV-T), a été cannibalisé.
Du Faucon à l'ancre de Marine
Supposée être une unité d'élite du
Régime syrien, la Suqur al-Sahara dispose de ses propres insignes,
dont le symbole dominant est bien sûr le faucon. Le statut de forces
spéciales ne doit pas faire illusion : rapportée aux normes
occidentales, cette dénomination est surtout symbole d'un soutien
sans failles en la personne de Bachar al-Assad.
Variante de l'insigne des Faucons, que
l'on retrouve parfois affiché sur les véhicules. |
L'insigne d'épaule le plus classique
porté par les Faucons du Désert. L'inscription se traduit par Suqur
al-Sahara. |
Variante de l'insigne d'épaule des
Faucons, portée ici sur la tenue camouflée traditionnelle de
l'armée syrienne, copie du Woodland US, et se traduisant par les
Forces, Suqur al-Sahara. |
Autre variante de l'insigne d'épaule,
se traduisant cette fois par le Régiment, Suqur al-Sahara. |
Il est à noter toutefois qu'il n'est
pas rare de voir les soldats de la Suqur al-Sahara porter les
insignes de ce qui constituait leur unité d'origine : on retrouve,
exhibés par les membres de l'unité, entre autres, les patchs et
insignes de la Garde Républicaine, des Régiments Commandos, et des
unités d'élite du ministère de l'Intérieur syrien.
En 2015, une nouvelle unité est
apparue dans le folklore militaire du Régime syrien : le Régiment
des Commandos-Marins. Avant le conflit, la Marine, parent pauvre des
forces armées syriennes, disposait théoriquement d'une petite unité
commando, dans les faits, plus proche d'une unité d'infanterie
navale que d'une véritable unité de forces spéciales. L'étude des
profils des soldats de la Suqur al-Sahara révèle qu'en réalité,
les Navy Seals (sic), sont en grande partie composés d'ancien des
Faucons du Désert, qui ont échangé leurs insignes pour celui, tout
beau tout neuf, du Régiment des Commandos-Marins : une désignation
toutefois un peu plus en accord avec le théatre d'opérations de
l'unité, c'est à dire la région de Lattaquié.
Variante de l'insigne du Régiment des
Commandos-Marins, composée plus simplement de l'inscription
Commandos-Marins / Navy Seals.
|
Une aide extérieure accrue
Formation disposant du statut d'unité
d'élite du Régime syrien, les Suqur al-Sahara figuraient déjà à
ce titre parmi les bénéficiaires privilégiés de l'aide
extérieure, essentiellement russes et iraniennes : les Faucons, par
exemple, utilisent le fusil de précision SVD-S, et la copie
iranienne du fusil anti-matériel Steyr HS.50, désigné Sayyad-2.
Une aide extérieure qui s'est
semble-t-il accrue au cours de l'année 2015 : sont ainsi apparues
entre les mains de la Suqur al-Sahara, des mitrailleuses lourdes Kord
et NSV de 12,7 mm, jusque-là absentes du conflit syrien, tout comme
des lance-roquettes antichars consommables RPG-22.
Sur cette photographie prise en août
2015 sur la base des Faucons, sont visibles un fusil Sayyad-2, un SVD
Dragunov, et à l'arrière-plan, la version plus récente, le SVD-S. |
Ce pickup Land Cruiser a été armé
d'une mitrailleuse lourde Kord de 12,7 mm. Cette arme est apparue au
moins à partir du mois de juillet 2015 en Syrie. |
Un membre des Faucons, devenu
entre-temps commandos-marins, pose avec un RPG-22 (novembre 2015). |
L'offensive menée dans la région de
Salma en janvier 2016 a en outre révélée la présence aux côtés
des Suqur al-Sahara et des commandos-marins, fer de lance de
l 'opération, de véhicules blindés BTR-80, qui n'étaient
auparavant utilisés que par la 4ème division blindée, en faible
quantité. Livrés à partir du mois de novembre 2015 par la Russie,
des chars de combat T-72B ont également été vu aux côtés des
Faucons du Désert et des Navy Seals dans la région de Lattaquié,
sans qu'il soit pour l'heure possible de déterminer avec certitude
quelle unité de l'armée syrienne les utilisent.
D'autre part, l'instruction est
désormais directement effectuée par les Russes, formant, par
exemple leurs homologues syriens à l'emploi de mortiers lourds, ou
au tir de précision.
Ces deux blindés de transport de
troupes BTR-80, ont été photographiés en janvier 2016 durant
l'offensive menée dans la région de Salma. |
Trois membres de la Suqur al-Sahara
posent devant un char de combat T-72B, modèle 1989, équipé de
briques réactives Kontakt 5, fraichement livré par la Russie. |
1http://www.joshualandis.com/blog/desert-falcons-elite-pro-assad-force/
2https://www.bellingcat.com/news/mena/2015/01/16/the-syrian-arab-air-force-beware-of-its-wings/
3http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/syrian-regime-military-operations-against-isis
4https://www.stratfor.com/analysis/islamic-states-gains-mask-its-weakness
5http://www.almasdarnews.com/article/syrian-army-pushes-back-at-al-hasakah-city/
6http://historicoblog3.blogspot.com/2015/08/le-raid-dabu-hasan-al-khathami-la.html
7http://en.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13940808000321
8https://en.zamanalwsl.net/news/13096.html
9http://southfront.org/syrian-army-advances-to-the-turkish-border-in-northern-latakia/
10http://www.almasdarnews.com/article/tiger-forces-capture-4-villages-in-east-aleppo/
11http://en.farsnews.com/newstext.aspx?nn=13941122000421
12https://www.youtube.com/watch?v=z8gCI8I1PFU