John Conner (Patrick McGoohan) est un tueur à gages irlandais travaillant pour la pègre. Après avoir abattu un homme avec son fusil à lunettes, il annonce à son employeur que c'est son dernier contrat. Ce dernier, McNeal (Lee Van Cleef), n'en a cure : ayant besoin de Conner pour un gros coup, il menace de s'en prendre à sa femme si celui-ci n'obtempère pas. Conner fait semblant d'acquiescer mais va se rebeller contre le chef de la pègre qui a confiance en lui depuis des années...
Le dernier contrat, réalisé pour la télévision britannique (ITC) est un thriller sombre et sobre. Il commence par une scène remarquablement efficace, sans aucun dialogue : Conner, en position dans un immeuble industriel désaffecté, abat un quidam avec son fusil à lunette, une carabine M1 modifiée, puis prend le temps de démonter son fusil et de le ranger, ce qui montre son professionnalisme et son sang-froid.
De fait, le film se focalise sur le tueur à gages et sa révolte contre un employeur, McNeal, dont on comprend au fur et à mesure du propos qu'il sert d'intermédiaire pour des gouvernements. On ne sait pas exactement s'il est du milieu : en tout cas il fournit des tueurs à gage pour des opérations secrètes gouvernementales (en France, sans que l'on sache si c'est le gouvernement français ou un autre ; il y a une histoire d'opération impliquant des mercenaires en Afrique). Mais le scénario se concentre sur Connor, sa passion des armes, son désir de raccrocher qui l'amène toutefois à une véritable guerre contre McNeal et ses hommes de main. C'est la femme de Conner, avec laquelle il ne vit plus (ses deux filles sont également parties en Amérique pour plus de sécurité), qui sert de narrateur.
Le film se focalise aussi sur la passion des armes de Conner et sur les armes elle-même. Lorsqu'il accepte fallacieusement, sous le chantage, de travailler encore une fois pour McNeal, Conner utilise un Kar 98K de la Seconde Guerre mondiale "Kriegsmodell" semble-t-il, une version simplifiée construite à la fin de la guerre, qu'il adapte et qu'il munit d'une lunette de visée. C'est avec la même arme qu'il abat 2 des 3 mercenaires envoyés par McNeal pour le tuer dans sa maison perdue dans l'ouest de l'Irlande (les 2 mercenaires abattus sont armés de M-16 et le chef, seul rescapé, d'un AK-47). Dans la scène finale, Conner, armé d'un fusil à pompe et d'un Magnum, part tuer McNeal refugié dans un manoir irlandais abandonné qu'il a truffé de pièges : autre scène d'anthologie.
Sobre, peut-être un peu trop, Le dernier contrat vaut néanmoins le détour : efficace, sans fioriture, avec le jeu impeccable de McGoohan.