1946, dans la Seconde Guerre mondiale uchronique de la série Block 109. Goebbels crée un personnage de fiction, le Ritter Germania, pour remonter le moral de la population allemande. Après la radio et la presse, le Ritter Germania est incarné au cinéma par un vétéran décoré, Joachim Stadler. Mais ce dernier, de plus en plus ingérable, doit être remplacé pour son deuxième film. En janvier 1950, Ernst Kaltenbrunner est retrouvé pendu avec le sigle Ritter Germania placé à côté de lui, tout comme Wilhelm Frick le mois suivant. Heydrich charge son adjoint von Tresckow d'enquêter sur ces meurtres ; ce dernier fait surveiller Arthur Nebe et Heinrich Müller, qui sont d'après lui les futures cibles du Ritter Germania...
Ritter Germania, comme annoncé en préambule de la BD, est la dernière oeuvre tirée de l'univers de Block 109 où intervient le dessinateur, Ronan Toulhoat, qui développe désormais d'autres projets. En revanche la série continue et s'est enrichie depuis 2012 d'un autre volume, un prochain devant sortir d'ici quelques mois.
A l'inverse de ses prédécesseurs, Etoile Rouge, Soleil de plomb et New York 1947, Ritter Germania est peut-être la BD dérivée qui se rapproche le plus du style d'origine. Toute l'histoire tourne en effet autour des manoeuvres d'Heydrich pour assurer son autorité de chef de la SS contre l'Ordre Teutonique. A l'inverse, von Tresckow, taupe de ce dernier, doit évoluer pour survivre et continuer à tenir un poste clé pour rapporter des informations à son chef. L'intrigue elle-même n'est pas complexe mais fait appel, là encore, à des personnages tout à fait authentiques, Nebe et Müller notamment. Outre l'armure du Ritter Germania, l'aspect uchronique se voit aussi dans le véhicule volant qui intervient contre le Ritter au-dessus de l'opéra. Le scénario, comme l'oeuvre de base, repose sur les manipulations, les jeux d'ombre, les mensonges dans les luttes de pouvoir. On notera l'insistance sur une Allemagne dominée par la propagande, à travers les nombreuses affiches en particulier qui scandent les cases de la BD -on retrouve en fin volume des affiches de propagande sur le Ritter Germania inspirées de véritables affiches nazies.
Ce volume policier n'est pas mon préféré de la série, néanmoins on y retrouve la patte des deux auteurs est c'est finalement ça qui compte, car le monde uchronique de Block 109 survit très bien de tome en tome.