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Louis GENSOUL, Souvenirs de l'armée du nord, Paris, Berger-Levrault, 1914, 118 p.

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Un ouvrage de récupération, tombé un peu fortuitement entre mes mains, et qui dormait dans la réerve d'un CDI de lycée... il s'agit des notes de campagnes de Louis Gensoul, officier dans un bataillon de gardes mobiles dans l'armée du Nord, pendant la guerre de 1870. Cette réédition de son témoignage est préfacé par le général Faidherbe, qui a commandé l'armée du Nord en 1870-1871. Le témoignage de Gensoul est tout à l'honneur de Faidherbe, qui a occupé des fonctions politiques importantes après la guerre.

A la déclaration  de guerre, en juillet 1870, Gensoul, étudiant en droit à Paris, ne peut revenir à Bagnols-sur-Cèze assez vite pour obtenir le grade de sous-lieutenant. Les gardes mobiles s'entraînent tant bien que mal, sans armes. Le 3ème bataillon du Gard est dirigé par un vieux chef ; les capitaines sont des sous-officiers d'active tout juste promus ; les lieutenants et sous-lieutenants sont de jeunes hommes inexpérimentés.

Stationné à Uzès, le bataillon apprend la proclamation de la République le 4 septembre. Il faut rattraper les trois quarts des hommes qui sont déjà repartis chez eux. Envoyé en Bretagne une semaine plus tard, le bataillon est finalement expédié à Amiens le 24 septembre, puis à Péronne le 30. C'est là que le bataillon fait ses premières armes, en tenant la place. Le 16 novembre, il gagne Amiens où deux bataillons de gardes mobiles du Gard sont fusionnés dans le 44ème régiment de marche. Le 27 novembre, Gensoul affronte les Prussiens lors de la bataille d'Amiens : il constate de visu l'infériorité de l'artillerie française, alors même que l'armée du Nord n'a pas eu le temps de s'organiser complètement.

La retraite porte les mobiles jusqu'à Lens, où le 2 décembre, on décide que les mobiles éliront leurs officiers : décision funeste pour Gensoul, car elle écarte d'après lui les plus compétents. Les mobiles marchent parfois 50 km par jour ou plus, comme le 11 décembre ; Faidherbe tente de fixer les Prussiens en Picardie pour limiter l'invasion du nord du pays et briser le siège de Paris. Gensoul assiste à la bataille de Bussy-en-Daours. Le 23 décembre, il combat à Pont-Noyelles, où là encore le feu de l'artillerie prussienne est mordant. Le bataillon charge, mais Gensoul doit mener une véritable odyssée nocturne, à la nuit tombée, pour rejoindre les lignes.

Faidherbe, malgré son succès local, décide de se replier pour s'appuyer entre Arras et Douai sur la rive droite de la Scarpe. Le 2 janvier 1871, pour dégager Péronne assiégée, les Français attaquent le village d'Achiet-le-Grand, défendu par 2 000 Prussiens et 5 canons. Les mobiles suivent un bataillon de chasseurs qui nettoie le village, à la baïonnette, de véritables combats de rues ont lieu, les Prussiens sont raccompagnés jusqu'aux environs de Bapaume. Le lendemain, cette dernière place est évacuée par les Prussiens. Néanmoins, Faidherbe n'insiste pas.

Le général français adopte en fait une stratégie de harcèlement : il immobilise des forces prussiennes mais ne veut pas risquer son armée dans un seul engagement. Les mobiles du Gard se replient donc sur Arras, puis sur Lille. Gensoul décrie les blessés qui agonisent sur le champ de bataille : les services de santé ont le plus grand mal à les récupérer et les hôpitaux ne sont guère brillants non plus. Gensoul est requis en janvier pour participer à une cour martiale de l'armée du Nord. Il traite le cas d'un espion, un colporteur belge confondu par des preuves accablantes; Puis vient le tour d'un de ses hommes, qu'il a surpris en flagrant délit de désertion à Achiet-le-Grand et qui a été repris. Il est fusillé le lendemain, et Gensoul explique que ces cours martiales ont produit un effet salutaire. Fin janvier, le bataillon souffre du froid pendant ces déplacements. Le 18 janvier, le bataillon se bat à Vermand ; le lendemain, il est dans la bataille devant Saint-Quentin, qui s'achève en déroute pour les Français. Gensoul apprend l'armistice après avoir marché entre Valenciennes, Douai et Cambrai.

Replié à Dunkerque, Gensoul est convoyé par mer jusqu'à Cherbourg, le 21 février. Gensoul est ensuite chargé de démobiliser des gardes mobiles tout juste incorporés avant l'armistice. Il est de retour chez lui le 31 mars.

Un témoignage original sur la guerre de 1870, bien qu'à remettre dans son contexte d'écriture, évidemment.

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