Ile de Luçon, Philippines, 1944. Le lieutenant Craig (Jimmie Rogers), l'opérateur radio Burnett (Jack Nicholson) et le sergent Jersey (John Hackett) débarquent clandestinement, de nuit, pour une mission spéciale en vue du débarquement des troupes du général MacArthur sur l'île principale des Philippines. Progressant dans la jungle, ils tombent sur deux soldats japonais en compagnie de deux femmes philippines : l'un des deux est immédiatement abattu, mais l'autre réussit à s'enfuir parce que le lieutenant Craig ne tire pas, ce qui suscite l'énervement de Jersey. Les Américains sont rejoint par les guérilleros philippins commandés par Paco (Conrad Maga). Ce dernier leur annonce que Miguel, l'envoyé philippin qui devait les guider pour tenter d'obtenir des renseignements sur les défenses japonaises, est mort sous la torture qu'il lui a lui-même infligé. Craig va devoir collaborer avec ce nouvel interlocuteur, qui semble au départ peu commode, pour mener à bien sa mission...
Back Door to Hell est un film à petit budget, d'une durée relativement courte (un peu plus d'une heure), mais qui est relativement efficace. Il a été tourné aux Philippines, ce qui renforce l'authenticité, en noir et blanc. C'est également l'une des premières apparitions remarquées de Jack Nicholson, promis à une brillante carrière. Le film a été financé par Robert Lippert, producteur prolifique qui avait notamment soutenu les trois premiers films de Samuel Fuller, grand réalisateur de films de guerre, notamment sur la Corée.
Comme Back Door to Hell est conçu, comme beaucoup d'autres films appuyés par Lippert, comme une production peu coûteuse tournée à l'étranger, ce sont Nicholson et Hackett qui écrivent leurs scripts dans le film durant le trajet en bateau (!). Après un mois passé à Manille pour recruter des Philippines et organiser le tournage, l'équipe part au sud-ouest, dans la région de la rivière Bicol. Les conditions de tournage sont difficiles. Hellman manque de se faire mordre par un serpent venimeux ; un membre de l'équipe, mordu par un autre serpent, tombe raide mort. Hellman finit par tomber malade et doit confier la fin du tournage à ses assistants. La Fox, qui va diffuser le film, rajoute les images de documentaire à la fin pour le faire ressembler à un film patriotique, pro-guerre, ce qu'il n'est pas vraiment en réalité.
Hellman a un don pour la caméra, comme le montre la scène de l'attaque du village, particulièrement bien tournée. Le réalisateur n'hésite pas à montrer à la fois la cruauté des Japonais (qui veulent exécuter tous les enfants d'un village) mais aussi celle des guérilleros philippins, qui torturent les prisonniers japonais. D'ailleurs, on ne sait pas dans le film pourquoi Paco a exécuté Miguel, l'envoyé philippin que les Américains devaient rencontrer. Les Japonais sont des figures plus complexes : le capitaine prisonnier ne veut pas parler sous la torture et le soldat parle pour lui sauver la vie. De même, le lieutenant Craig montre une part d'humanité de par sa lassitude à tuer les Japonais, mais cette attitude entraîne au final davantage de morts. Reste le personnage de Jersey, qui semble le plus brutal des 3 Américains (arrivé sur la plage, il propose de couper la langue d'une petite fille qui les a vus pour qu'elle ne signale pas leur présence aux Japonais), mais à la fin du film, il porte le corps de Burnett jusqu'à la rivière sachant très bien pourtant qu'il est mort.