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Téhéran 1943, nid d'espions (Тегеран-43) de Alexandre Alov et Vladimir Naoulov (1981)

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1943. Les nazis, après le succès de la libération de Mussolini par des parachutistes et Otto Skorzeny, tentent d'organiser une opération contre la prochaine réunion interalliée, à Téhéran, où se retrouveront Staline, Churchill et Roosevelt. Max (Armen Dzhigarkhanyan), un agent allemand, est chargé de remplir cette mission par une éminence grise nazie de l'espionnage; Scherner (Albert Filozov). Il a trouvé un moyen d'entrer en Iran : se faire passer pour un croque-mort accompagnant un Iranien âgé dont il a tout juste facilité le décès. Comme traductrice, il embauche Marie (Natalya Belokhvostikova), qui ignore tout de son véritable objectif. Max est cependant rapidement filé par Andrei (Igor Kostolevsky), un agent communiste, qui se rapproche de Marie. Près de quarante ans plus tard, en 1980, l'avocat Legraine (Curd Jürgens) met aux enchères à Paris les documents allemands relatant cette tentative d'assassinat raté, fournis par Max, désormais traqué par les sbires de Scherner qui veulent liquider ce traître. L'affaire intéresse le commissaire de police Foche (Alain Delon).


Téhéran 43, un des grands succès du cinéma soviétique de l'année 1981, s'inspire de faits controversés. L'opération "Grand Saut" aurait été conçue après la libération de Mussolini en septembre 1943, dont on sait effectivement qu'elle a enthousiasmé Hitler : un plan aurait été jeté pour assassiner les 3 grands lors de la prochaine réunion, à Téhéran, mission là encore confiée à Skorzeny. La tentative nazie aurait été déjouée par Gevork Vartanian, une des grandes figures de l'espionnage soviétique durant la guerre (décédé en 2012). Depuis, les médias soviétiques et désormais russes en ont fait leurs choux gras, et l'événement a inspiré bon nombre de productions télévisuelles ou cinématographiques en Russie.


Les Allemands auraient découvert, après avoir cassé le code de l'US Navy, que la réunion allait avoir lieu à Téhéran à la mi-octobre 1943. Kaltenbrunner, le chef du RSHA, aurait alors chargé Skorzeny de la mission, avec le renfort de Cicéron, l'agent allemand en Turquie. Le NKVD aurait rapidement mis au courant du plan allemand grâce à un agent infiltré dans la Wehrmacht en Ukraine occupée, qui aurait fait parler un Sturmbannführer ivre. Le groupe de Vartanian aurait pisté des opérateurs radios allemands largués en parachute à bonne distance de Téhéran jusqu'à une villa de la capitale, où ils auraient rejoint une villa et un réseau de l'Abwehr. Vartanian affirme aussi que le NKVD avait pisté Skorzeny, censé atterrir avec un autre groupe plus tard, lors de sa mission de reconnaissance à Téhéran. Les agents allemands sont finalement arrêtés et l'opération avorte. Vartanian n'est cependant décoré du titre de Héros de l'Union Soviétique que bien plus tard, en 1984.


L'existence même du plan allemand est contestée. Skorzeny, dans ses mémoires, explique que l'idée a été évoquée avec Kaltenbrunner, mais que lui-même l'a déclarée infaisable. Il conteste aussi l'existence du Sturmbannführer par lequel les Soviétiques auraient obtenu les renseignements. Dès 1943, les services de renseignement britanniques ne voyaient dans les déclarations soviétiques qu'une manoeuvre. Depuis, des historiens ont souligné que les réseaux allemands en Iran avaient été démantelés plus tôt en 1943, que la sécurité pour la conférence a été particulièrement serrée. Pour preuve, Churchill et Roosevelt ont pu parcourir les rues de Téhéran en jeep ouverte, voire à pied, quasiment sans protection. Certains historiens occidentaux pensent que l'hypothèse est plausible, d'autres la rejettent complètement. Un historien russe a écrit en 2003 un ouvrage qui confirme l'histoire, à partir de documents déclassifiés.

Le film, franco-helvéto-soviétique (dont je n'ai vu que la version occidentale, réduite à 1h30 environ soit 1h de moins que la version soviétique), est réalisé conjointement par Alexandre Alov, un spécialiste des drames historiques qui a  aussi réalisé un film sur la guerre civile russe. Vladimir Naumov co-réalise le film avec lui. Parmi les acteurs occidentaux qui participent au film (dont plusieurs français, tel Alain Delon), il faut noter que c'est la dernière apparition de l'acteur allemand Curd Jürgens, que l'on voit effectivement bien fatigué à l'écran, et qui est mort avant que le film ne soit achevé. Le film est également notable pour ses armes à feu : des revolvers Mosin Nagant M1895 en versions normale et courte, des Walther P38, des Luger P08, un pistolet-mitrailleur Thomson M1928A1, des Colt M1911A1, des Tokarev TT-33, un Browning High-Power, un Beretta M1934, un FN Modèle 1910, un pistolet-mitrailleur MP 38, un autre, portugais, FBP m/948, des PPSh-41, des MAT-49, un Uzi, des fusils Lee Enfield et des carabines M1.



Teheran 43 (1981) pt. 1par karimberdi

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