Petite déception avec ce dernier thématique du magazine 2ème Guerre mondiale : au vu du titre, la Wehrmacht en France, invasion, occupation, libération, je m'attendais à un contenu allant un peu au-delà de l'histoire militaire classique que l'on trouve abondamment dans ce magazine et dans d'autres par ailleurs (aspects économiques et sociaux, politiques, voire mémoriels, etc).
Or Vincent Bernard livre surtout un portrait militaire de la présence allemande en France, qui, s'il va un peu plus loin que la remarque de Robert Paxton, éminent historien, qu'il prend comme base, n'est pas forcément plus achevé. Pour preuve, si la présentation de la mise en place de la structure d'occupation militaire en France (les 15 premières pages du travail) est sans doute la plus originale ett la moins traitée dans les magazines même en histoire militaire pure, la suite comprend des parties classiques parfois déjà traitées dans le magazine normal : mur de l'Atlantique, Osttruppen (sur lequel l'auteur a écrit un article récemment, auquel il fait référence d'ailleurs), bataille de Normandie (dont la Panzerwaffe, déjà abordée par B. Rondeau dans un autre thématique), pour finir par la liquidation des poches de l'Atlantique après une retraite allemande en France traitée relativement rapidement. La dimension militaire de l'occupation n'est donc pas si inconnue que ça, que ce soit dans les magazines spécialisés et a fortiori dans 2ème Guerre Mondiale.
C'est d'autant plus dommage que le sujet était porteur pour un sujet hors histoire militaire pure. D'ailleurs, il est surprenant que dans la bibliographie p.7, Vincent Bernard cite l'ouvrage collectif d'Eismann et Martens (que j'ai lu et utilisé moi-même, à la marge, pour mon dossier sur Joachim Peiper dans le n°56 du magazine normal), dont il ne se sert quasiment pas (et qui fourmille pourtant de sources, en bibliographie, à exploiter, outre les articles qui sont dedans). Cet ouvrage est une mine sur la question de l'occupation et de la répression, que l'auteur n'évoque qu'à peine dans le thématique. ll est vrai que Franck Ségretain a traité du sujet dans plusieurs articles du magazine normal, mais là encore, le nombre de sources est limité : on peut aller probablement chercher ailleurs. On est également étonné de voir apparaître l'ouvrage de Benoît Rondeau, qui traite davantage de la Wehrmacht et de la bataille de Normandie plutôt que de l'occupation à proprement parler (même s'il parle de l'invasion alliée et de la Libération). De la même façon, l'ouvrage récent sur le Rückzug semble avoir été peu employé, vu la place qui y est consacrée dans le thématique. On voit d'ailleurs que l'auteur reste assez cantonné à la seule histoire militaire, quand il évoque dès la p.6 (et c'est répété de nouveau p.62), les massacres de la division Das Reich, qui les aurait commis en remontant vers le front de Normandie. En réalité, on sait depuis au moins les travaux de Max Hastings (et cela a été répété récemment dans le livre de F. Grenard sur le massacre de Tulle) que la division Das Reich a été chargée de la liquidation des maquis AVANT de monter sur le front de Normandie, ce sont donc deu mouvements bien distincts (que Fabrice Grenard remet en contexte dans son livre paru l'année dernière). On aimerait bien aussi avoir les liens précis des sites et forums spécialisés cités dans la bibliographie (que les connaisseurs fréquentent, effectivement, mais qui restent assez obscurs pour le lecteur moyen), pour savoir qui, justement, y intervient, et comment.
Même si le thématique comporte de nombreux tableaux et encadrés, ils restent au final peu exploités. Dommage, car le sujet méritait peut-être une approche un peu différente, dépassant la simple histoire militaire en forme de récit. L'auteur fait certes le portrait de la présence militaire allemande en France, entre 1940 et 1945, mais sans analyser beaucoup les enjeux.