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Batailles et Blindés n°53-Complément : la bataille d'Aschaffenbourg

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Comme de coutume, un petit supplément gratuit à l'article paru dans le n°53 de Batailles et Blindés sur la bataille d'Aschaffenbourg.

La bataille est la conséquence directe de la politique de Hitler consistant à déclarer les villes "forteresses" (Festungen) et à vouloir les défendre jusqu'à la dernière cartouche. La 7th US Army ne peut laisser la garnison derrière elle alors que les Américains viennent tout juste de prendre des ponts sur le Main. C'est bien ce qu'espère les Allemands : attirer les GI's dans un combat de rues et leur infliger de lourdes pertes. Les défenseurs se reposent largement sur les caractéristiques de l'espace urbain pour l'emporter mais ce faisant négligent d'autres aspects, et se confrontent à une doctrine assez éprouvée du combat urbain côté américain et à la combinaison des forces mise en oeuvre par l'armée des Etats-Unis.


Lamberth, le commandant de la forteresse Aschaffenbourg, a ainsi prévu des lignes de défense successives : ligne Wetterau-Main-Taube, bourgs environnants, casernes et vieille ville, dans l'ordre. Deux divisions du groupe d'armées G se placent au sud de la ville et une autre au nord, dans l'espoir d'empêcher le franchissement du Main et de transformer le secteur en "piège à blindés" pour les Américains. Mais les défenseurs n'ont pas les moyens de leurs ambitions.


Le commandant de la 45th ID américaine, qui relève la 4th Armored Division qui a conquis la tête de pont initiale, va chercher à encercler Aschaffenbourg et le terrain dominant la ville avec deux régiments, pendant que le troisième commence à prendre pied dans les faubourgs. Pour cette dernière tâche, c'est le 157th IR qui est choisi.

Au départ, le 26 mars 1945, la 4th AD parvient à conquérir une tête de pont au sud d'Aschaffenbourg en prenant un pont de chemin de fer laissé intact. Mais les chars américains ne parviennent pas à prendre Schweinheim, important localité située au sud de la ville, perdant 2 Shermans sous les coups des Panzerfaüste. Quand le 157th IR prend la relève, le colonel O'Brien décide d'utiliser son 3rd Battalion pour prendre Schweinheim et encercler la ville par l'est, tandis que le 2nd Battalion mènera une attaque frontale sur Aschaffenbourg, le 1st Battalionétant tenu en réserve.

Lors de l'assaut sur Schweinheim, le 3rd Battalion fait face, au départ, à la résistance de miliciens. Les blindés qui appuient le combat de rues sont particulièrement visés : un M-36 Jackson déchenille après avoir voulu éviter des obus d'artillerie et le commandant de la 3rd Platoon, A Company du 191st Tank Battalion est tué lorsqu'un obus détruit la tourelle de son Sherman. O'Brien doit renforcer le 3rd Battalion avec des éléments du 1st Battalion. Le lieutenant-colonel Sparks, qui commande le 3rd Battalion, envoie une compagnie encercler Schweinheim par l'est, soutenue par une section des nouveaux chars M-24 Chaffee arrivés dans la D Company, 191st Tank Battalion. Les défenseurs envoient alors des équipes de Panzerknackers armées de Panzerfaüste pour viser les blindés américains opérant en soutien de l'infanterie : trois équipes sont hachées par les tirs de mitrailleuses des chars mais l'une d'elles parvient à détruire un Sherman.


O'Brien engage finalement ses trois bataillons pour encercler et réduire Schweinheim, point clé de la défense extérieure d'Aschaffenbourg. Les Allemands lancent de leur côté des contre-attaques contre le régiment américain avec leur 36. Volksgrenadier Division, qui échouent sous le feu de l'artillerie, des mitrailleuses et des blindés. La résistance dans Schweinheim commence à diminuer et le 1st Battalion peut être envoyé au nord-est. Le 2nd Battalion, qui combat déjà dans les faubourgs sud d'Aschaffenbourg, voit son poste de commandement recevoir deux obus de mortier, dont l'un n'explose pas : un observateur d'artillerie américain fait alors tirer à l'obusier de 8 inches sur le Schloss Johannisburg, réduisant en ruines une bonne partie de l'édifice ! Le 3rd Battalion, qui reprend l'avance dans Schweinheim, constate alors que les Allemands ont bâti un réseau de tunnels reliant les caves des habitations, qui leur permet de réoccuper les bâtiments déjà nettoyés. En conséquence, il laisse des gardes dans chaque cave pour solutionner le problème. Les Allemands pilonnent au mortier le bataillon américain qui perd sous les éclats plusieurs officiers.

Le 3rd Battalion procède bientôt à l'attaque de l'Artillerie Kaserne, au sud-est d'Aschaffenbourg. Mais le char de tête saute sur une mine et les canons antichars de 57 mm amenés sur une route réalisée au bulldozer dans Schweinheim ne sont que de peu d'utilité. Le 2nd Battalion, qui attaque les faubourgs sud, doit faire face aux jets de grenades depuis les fenêtres et à des embuscades où les Allemands laissent sciemment passer les éléments de tête avant d'ouvrir le feu. L'attaque du 3rd Battalion reprend sur l'Artillerie Kaserne mais la résistance est acharnée : les Allemands parviennent même, un temps, à isoler la section de tête qui a pénétré dans l'édifice. Il faut le renfort d'une autre compagnie pour emporter le bâtiment. Le 3rd Battalion se tourne ensuite contre la caserne Bois-Brûlé, qui est bientôt prise. La K Company a particulièrement souffert dans ces combats.


Le 2nd Battalion s'attaque à la caserne des sapeurs pendant que le 1st Battalion, avec le 179th IR de la 45th ID, finit d'encercler Aschaffenburg par l'est, jusqu'au nord. Le 3rd Battalion prend pied dans la zone industrielle au nord-est : un canon de Flak 20 mm qui entravait la progression est détruit par les TD. Le 2nd Battalion, avec les automoteurs M12 de 155 mm et les TD, s'empare de la moitié de la caserne des sapeurs et nettoie la partie sud-ouest de la ville. Les tirs des M12 sont dévastateurs et finissent par faire la décision contre la caserne, brisant la ligne de résistance principale des Allemands. D'ailleurs la reddition survient dès le lendemain, le 3 avril.

Américains et Allemands ont fait le choix d'un combat de rues, mais les premiers ont su nier le désavantage que cela représentait par une excellente tactique de combinaison des armes. La coopération chars-infanterie est remarquable de même que l'emploi des automoteurs M12 en soutien. Sur le plan opératif, Hitler s'est trompé : la garnison n'a pas bloqué considérablement la progression américaine, malgré une résistance assez exceptionnelle pour les dernières semaines de la guerre à l'ouest.


Pour en savoir plus :


Mark J. REARDON, "Aschaffenburg, 1945 : Cassino on the Main River", in Col. John ANTAL et Maj. Bradley GERICKE, City Fights. Selected Histories of Urban Combat from World War II to Vietnam, Ballantine Books, 2003, p.196-229.

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