1859, dans la ville de Lawrence, Kansas. William Quantrell (Walter Pidgeon), un instituteur ambitieux, perd l'élection au poste de shérif au profit d'un cowboy texan illettré, Bob Seton (John Wayne),à peine arrivée en ville en compagnie d'un arracheur de dents. Seton est en outre aimé de Mary McCloud (Claire Trevor), la fille du banquier, que Quantrell convoitait également. Celui-ci se lance alors dans la contrebande d'esclaves, puis d'armes, pour son propre compte. Lorsque Fletcher (Roy Rogers), le frère de Mary, est arrêté après avoir tué un homme lors d'un débat houleux sur la sécession, Seton refuse de le relâcher au nom de son devoir de shérif. Quantrell, réalisant qu'il peut regagner le coeur de Mary, prend sa défense au tribunal après avoir terrorisé les jurés avec sa bande. Fletcher est relâché. Quand la guerre éclate, Quantrell et ses pillards revêtent l'uniforme confédéré pour accomplir leurs actes de banditisme...
Dark Command, réalisé en 1940, survient une année à peine après le décollage de la carrière de John Wayne, propulsé par La chevauchée fantastique de J. Ford. Yates, patron de la Republic, met le paquet pour maintenir l'acteur sur sa lancée : un budget de 750 000 dollars, 4 scénaristes, le rachet des droits du roman de Burnett, le débauchage de Pidgeon à la MGM et de Walsh prêté par la Warner. Aux Etats-Unis, le film est un succès. Il le sera moins en France où il sort bien plus tard, à la fin de la décennie, alors que les autres films de Walsh sont passés par là -une simple comparaison avec Aventures en Birmanie(1945) donne à L'Escadron noir un caractère pâlichon.
Walsh doit en effet composer avec la recette type de la compagnie : un western stéréotypé aux recettes expéditives. Le cowboy mal dégrossi incarné par John Wayne, honnête ne sachant pas lire et écrire et expédiant volontiers les coups de poing, triomphe de l'instituteur intelligent, subtil mais sans scrupules. Le film souffre en fait d'un scénario écartelé entre l'intrigue historique et le triangle amoureux. La référence à Quantrill n'est qu'un prétexte, puisque le personnage du film n'en est inspiré que de très loin : et par ailleurs on évite les choses qui fâchent en faisant de Quantrell un pur hors-la-loi vénal, alors que ce dernier a bien servi en réalité la cause confédérée, même si c'est en marge. Même chose pour le massacre de Lawrence, en 1863, qui s'assimile ici à une pure vengeance amoureuse. Reste les scènes d'action (la chute du chariot dans la rivière) et le jeu comique, pour une fois, de John Wayne, avec des répliques savoureuses.