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Dominique SOURDEL, L'islam, Que-Sais-Je 355, Paris, PUF, 2004, 128 p.

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Dominique Sourdelétait professeur honoraire de l'université Paris IV-Sorbonne. Décédé en mars 2014, à 93 ans, c'était un historien spécialiste de l'histoire et de la civilisation islamiques, sur lesquels il avait écrit plusieurs ouvrages en plus de ce Que-Sais-Je.

Comme il le rappelle dans le premier chapitre, l'islam (soumission à Dieu, Allah) apparaît dans une Arabie préislamique très diverse, mais ouverte aux influences extérieures : on y trouve des Juifs, des chrétiens de diverses obédiences. La vie de Mahomet avant sa révélation est mal connue. Comme le souligne l'historien, les sourates reflètent l'évolution de ses rapports avec les Mecquois. Après l'Hégire et l'installation à Médine, puis la conquête progressive de l'Arabie, Mahomet se fait davantage législateur religieux et social, pour organiser la communauté. Les sourates du Coran restent donc la base de la révélation.

Sous les quatre premiers califes (râshidoun), l'expansion est fulgurante, mais les Omeyyades doivent aussi faire face à l'hostilité des chiites, suite à la mort d'Ali puis de ses fils, et à celle des Médinois. Les Abbassides remplacent la dynastie en 750 et s'installent à Bagdad, s'appuyant beaucoup sur les Iraniens. L'appareil administratif se renforce, la succession héréditaire s'impose. Mais le califat décline dès le milieu du IXème siècle, en raisons de causes internes et externes. Le califat omeyyade de Cordoue connaît d'ailleurs les mêmes difficultés, tandis que les Fatimides s'installent en Afrique du Nord. Les Turcs Seldjoukides arrivent au XIème siècle ; les Mongols déferlent au XIIIème siècle. Le Maghreb connaît une évolution indépendante jusqu'au XVème siècle et la conquête ottomane (sauf le Maroc). L'empire moghol règne sur l'Inde, les Séfévides en Iran, les Ottomans ne déclinent qu'au XVIIIème siècle.



Le Coran est un code révélé, religieux et social : l'islam a donc un caractère juridique. Le dogme a été progressivement codifié par les savants musulmans : unicité de Dieu, mission des prophètes, Jugement Dernier. Cela n'empêche pas les débats et les affrontements : libre arbitre/prédestination, etc. Le texte du Coran n'a été fixé que sous le calife Othman, il en a circulé plusieurs versions. La sunna, basée sur les hadiths, donne naissance à quatre écoles juridiques : celles de Mâlik, d'Abou Hanifa, al-Châfii, Ahmad Hanbal. Le croyant doit se tenir aux 5 obligations rituelles, même si le djihad n'est pas forcément compté dans les obligations fondamentales. Un culte des saints se met en place. L'islam pénètre la vie sociale (droit pénal, vie familiale, etc). La forme idéale de la société musulmane serait une "théocratie laïque et égalitaire". Le pouvoir du calife n'est pas défini avec précision, et il est rapidement contesté. Le cadi exerce le pouvoir judiciaire mais n'est pas forcément séparé de l'exécutif. Quand bien même pouvoirs temporel et spirituel se dissocient, l'islam reste le principe d'organisation sociale et politique.

L'islam a connu de nombreux mouvements sectaires. Les kharijites, partisans d'Ali, sont parmi les premiers. Le chiisme, lui aussi organisé autour de la figure d'Ali, comporte deux innovations, l'imamat et l'aspect messianique. Après la mort des fils d'Ali se rajoute la passion ; les chiites deviennent aussi les soutiens des opprimés, ajoutant des revendications sociales. Le mouvement chiite éclate lui-même en nombre de tendances : duodécimains, Ismaëliens, Druzes, et ceux qui deviendront les alaouites, en Syrie notamment.

Le soufisme, qui s'appuie sur une tendance à la piété, est présent dès le VIIIème siècle. La mystique musulmane se présente comme une suite d'expériences personnelles soutenue par des recherches théologiques originales. Cette mystique heurte l'enseignement traditionnel, et elle n'est pas exempte d'influences extérieures. Pour rester en règle avec l'autorité juridique, le soufisme évolue vers l'ésotérisme. La philosophie musulmane s'inspire beaucoup de l'héritage grec.

De même les sciences profanes, dans le monde musulman, se développent largement à partir des traductions d'oeuvres grecques. Elles sont adaptées aux besoins de la vie pratique et à la Loi religieuse ; elles comportent souvent des manuels ou des encyclopédies ; le savoir ancien est complété par des observations concrètes. La civilisation musulmane se distingue par ses apports en arithmétique, en astronomie, en chimie, en physique, dans le savoir médical. Les lettres sont le lieu d'une érudition qui passe notamment par la philologie et l'histoire. Ibn Khaldoun, au XIVème siècle, est le premier à poser les bases de ce qui commence à ressembler à une histoire "scientifique". L'art musulman apparaît encore souvent comme un art dynastique. La mosquée en est l'exemple le plus significatif.

Le XIXème voit le déclin de l'empire ottoman jusqu'à l'explosion définitive après la Grande Guerre, et l'émergence d'un nationalisme arabe. Mais un sentiment de solidarité sociale et politique, en partie inspiré de l'islam, survit dans le panarabisme. L'islam concerne aujourd'hui plus d'un milliard de personnes, dont une minorité d'Arabes ou d'arabisants, majoritairement sunnites, dominés par l'école hanafite. L'islam est très divers. La Turquie, dès l'après Grande Guerre, a adopté purement et simplement un régime politique et social inspiré des pays européens. D'autres ont échoué à le faire, comme le montre l'exemple de l'Iran. A l'inverse, le wahhabisme en Arabie Saoudite témoigne d'un profond conservatisme. En Egypte, les Salafiya tentent de régénérer l'islam en se référant à la tradition des ancêtres. Le mouvement débouche sur les Frères Musulmans. L'adaptation aux nouvelles conditions de vie entraîne des malaises,  un repli vers une relecture du Coran, qui débouche parfois sur le fondamentalisme.

Au final, le Que-Sais-Je de D. Sourdel se présente surtout comme une tentative de présentation des principes fondateurs du Coran et de la Loi islamique, en montrant ce que l'islam a produit, à travers son développement historique. Une bonne introduction pour avoir les idées claires. même si les références bibliographiques mériteraient probablement d'être actualisées (je n'ai pas la dernière édition du volume).




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