Quantcast
Channel: Historicoblog (3)
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1172

Mourir pour Assad ? Les combattants étrangers pro-régime en Syrie (1/2)

$
0
0
Article publié simultanément sur le site de l'Alliance Géostratégique.

Mise à jour n°2-vendredi 28 mars 2014 : ajouts mineurs sur l'Iran et surtout d'autres plus importants sur le Hezbollah (actualisation des derniers événements).

Mise à jour n°1-dimanche 9 février 2014 : précisions sur l'Iran et le Hezbollah. 


Les médias occidentaux et les différents chercheurs et spécialistes du conflit syrien se sont surtout focalisés sur l'arrivée de combattants étrangers côté insurrection. Ces volontaires sont venus renforcer, à partir de 2012, les différents groupes djihadistes comme le front al-Nosra, puis l'EIIL en 2013. On s'inquiète, évidemment, du retour de certains combattants radicalisés dans les pays d'origine. En France, le départ récent d'un adolescent de 15 ans, originaire de la région toulousaine, a relancé l'intérêt pour la question, tout comme l'annonce récente par Manuel Valls de la présence de « 700 Français » en Syrie -un chiffre qui, sans davantage de précisions, ne signifie malheureusement pas grand chose. La dernière estimation sérieuse, en décembre 2013, plaçait à 11 000 au maximum le nombre de ces volontaires étrangers arrivés depuis 2011 en Syrie, côté insurrection, issus en grande majorité du monde arabe, même si le nombre de volontaires issus d'Europe de l'Ouest s'est accru1. Mais qu'en est-il en face, dans le camp du régime ? On sait que la Syrie, dès le départ, a bénéficié du soutien de l'Iran, qui a non seulement ravitaillé le régime, mais engagé certaines de ses troupes sur le terrain, notamment dans un rôle de formation, d'encadrement et de renseignement. Cela ne veut pas dire d'ailleurs que les Iraniens restent en dehors des combats, bien au contraire : ils y ont participé. Surtout, l'Iran a mobilisé ses « intermédiaires », ses relais d'influence dans les pays voisins : le Hezbollah, présent dès 2011, a engagé massivement son appareil militaire en Syrie au printemps 2013, contribuant à sauver le régime. Téhéran déploie aussi les milices irakiennes pro-iraniennes, à partir de 2012, en Syrie, et essaie d'élargir l'effort de recrutement. Combien de combattants étrangers, étatiques ou non-étatiques, au total, sont venus se battre pour le régime syrien ? Les estimations varient. Le Hezbollah maintient plusieurs milliers de combattants sur le terrain, mais a fait tourner ses unités : certains évoquent le chiffre de 10 000 hommes passés sur les champs de bataille syrien, un chiffre très élevé. Les Gardiens de la Révolution auraient au moins envoyé 1 000 à 1 500 hommes en Syrie. Les miliciens, enfin, notamment irakiens, représentent une force d'appoint d'au moins 3 500 combattants et peut-être plus de 4 000. Si le total peut au moins se monter à 7-8 000 hommes2, voire 10-15 000 hommes3, certains n'hésitent pas, en particulier côté rebelle, à le porter à beaucoup plus, jusqu'à 40 000 (!). Une chose est sûre : quels que soient les chiffres, l'intervention de ces combattants étrangers, aux côtés du régime, a eu beaucoup plus d'impact sur le déroulement du conflit que celui des volontaires étrangers côté insurrection.

 


L'Iran


La République Islamique d'Iran mène un effort soutenu, depuis 2011, pour maintenir Bachar el-Assad au pouvoir, ou à défaut, pour pouvoir utiliser le territoire syrien comme tremplin pour ses intérêts régionaux. Un corps expéditionnaire comprenant des unités des Gardiens de la Révolution, leur unité spéciale, la force Qods, et les services de renseignement et de maintien de l'ordre, est présent en Syrie. L'Iran assure également par air, essentiellement, la logistique du régime, ce qui représente aussi un point vulnérable, si l'espace aérien vient à être contesté. C'est Téhéran, avec le Hezbollah, qui assure également la formation des miliciens destinés à renforcer la masse de manoeuvre du régime, ou à prolonger l'influence iranienne sur place. Le Hezbollah lui-même s'est engagé massivement au printemps 2013, et l'Iran a activé dès 2012 le levier des milices chiites irakiennes pro-iraniennes en formant, notamment la brigade Abou Fadl al-Abbas (voir plus loin), suivie de nombreuses autres en 20134.

Dès le départ, les Gardiens de la Révolution et la force Qods tentent d'appuyer la contre-insurrection du régime, en 2011. Quand Bachar el-Assad commence à perdre le contrôle du nord et de l'est du pays à l'été 2012, les Iraniens s'attachent à maintenir le contrôle du régime sur le centre et le sud. C'est aussi à ce moment-là que l'Iran commence à former des miliciens, à la fois pour pallier à la désintégration progressive de l'appareil militaire et, comme on l'a dit, afin de maintenir son influence sur place au cas où le régime tomberait. L'Iran appuie donc à la fois les restes de l'ancien appareil militaire et les nouvelles milices qui fusionnent avec eux.

Dès mai 2011, il apparaît que le général Suleimani, le commandant de la force Qods, et Mohsen Chizari, le directeur de l'entraînement et des opérations de celle-ci, sont impliqués dans la répression des manifestations anti-régime. Les deux hommes ont activement soutenu les milices pro-iraniennes en Irak, contre les Américains : Chizari avait même été arrêté, avec un autre officier de la force Qods, en 2006, avant d'être expulsé par le gouvernement irakien. L'implication de la force Qods est révélée au grand jour avec l'assassinat, en février 2013, du général Shateri, dans la campagne autour de Damas, alors qu'il se rendait à Beyrouth après avoir visité le front à Alep. Shateri était un officier important de la force Qods qui avait opéré secrètement au Liban depuis 2006 ; il avait servi en Afghanistan et en Irak. On a spéculé sur le fait que Shateri était peut-être venu pour récupérer ou détruire des documents sensibles à la base d'armes chimiques d'al-Safir, près d'Alep, alors menacée par les rebelles -l'Iran ayant contribué au programme des armes chimiques syriennes.


Source : http://www-tc.pbs.org/wgbh/pages/frontline/tehranbureau/images/ghasem.jpg


Les Iraniens forment, de toute évidence, de nouvelles unités militaires syriennes. On sait qu'un 416ème bataillon de forces spéciales a été entraîné par les Iraniens, probablement au complexe de al-Dreij, entre Damas et Zabadani. Les forces conventionnelles des Gardiens de la Révolution participent également à cet effort. 48 d'entre eux, capturés en août 2012, ont été relâchés en janvier 2013. Parmi eux, deux généraux, le commandant et l'ancien commandant de l'unité Shohada de la province de l'Azerbaïdjan occidental ; le commandant de la 14ème brigade Imam Sadegh (province de Bushehr) ; et du personnel lié à la 33ème brigade al-Mahdi (province de Fars). Le déploiement de forces conventionnelles des Gardiens de la Révolution, et pas seulement de la force Qods pourtant chargée des opérations à l'étranger, montre le degré d'implication de l'Iran. Il faut dire que les Gardiens de la Révolution ont l'expérience de la contre-insurrection, ce qui n'est pas forcément le cas de la force Qods : d'ailleurs les unités impliqués viennent de provinces où se sont déroulés des soulèvements réprimés par les Gardiens de la Révolution.

Il est difficile de dire si les Iraniens influencent véritablement les choix stratégiques du président Assad. On peut remarquer que la décision de combattre pour conserver les centres urbains, dès le début 2012, correspond à un discours de Suleimani en janvier 2012 qui préconisait justement de tenir les villes, et effectivement, la première capitale provinciale, Raqqa, ne tombe qu'en mars 2013. La première offensive en 2012 a lieu à Zabadani, qui a l'avantage d'être proche de la capitale Damas, mais qui est aussi sur le cordon de ravitaillement pour le Hezbollah au Liban. C'est à Zabadani que les Gardiens de la Révolution stationnaient pour leurs opérations au Liban à partir de 1982 ; en outre, jusqu'en 2011, c'est le point de transit et de stockage principal pour les armes à destination du Hezbollah. Le mur construit autour de Homs après le siège de février-mars 2012 rappelle étrangement celui que les Américains avaient bâti autour de Sadr City, à Bagdad, en 2008, pour isoler leurs adversaires. Suleimani et le commandant adjoint de la force Qods, Esmail Ghaani, ont cependant multiplié les critiques contre Assad, lui reprochant en particulier le massacre sectaire de Houla en 2012 et sa gestion beaucoup trop répressive des manifestations.


Source : http://www.worldtribune.com/wp-content/uploads/2012/03/OSGEOINT-14-Feb-2012-UAV-on-Video-Over-Homs-2.jpg



Téhéran contribue aussi à envoyer des spécialistes du renseignement et du maintien de l'ordre. Le commandant adjoint des forces de maintien de l'ordre iraniennes, Ahmad Reza Radan, fait le voyage à Damas dès la fin avril 2011. Ce sont ces forces qui avaient brisé les manifestations en Iran, en juin 2009. Elles dépendant du ministère de l'Intérieur, et in fine de Khamenei, ce qui montre bien d'ailleurs que le soutien à la Syrie n'est pas le fin que de Suleimani ou des Gardiens de la Révolution, mais bien de l'ensemble du pouvoir iranien. Le chef du renseignement des Gardiens de la Révolution, Hojjat al-Eslam Hossein Taeb, est impliqué dans l'effort dès mai 2011 au moins. En février 2012, un drone iranien Monajer est déjà utilisé au-dessus de Homs. En septembre 2012, Iran Electronics Industries a déjà fourni au moins deux millions de dollars de matériel à la Syrie, dont des brouilleurs radio. Mohammed Nasif Kheirbek, un proche du clan Assad, dont la famille est très impliquée dans l'appareil de renseignement, sert d'intermédiaire avec les Iraniens : il va discuter à l'été 2011 pour l'établissement d'un complexe militaire et de dépôts à l'aéroport de Lattaquié.

L'Iran utilise principalement la voie aérienne pour ravitailler le régime syrien. Les compagnies commerciales sont mises à contribution : Iran Air, Yas Air (qui transport combattants, munitions, roquettes, canons antiaériens et obus de mortiers). En septembre 2012, une centaine d'appareils commerciaux est déjà impliquée, sans compter les appareils militaires : au moins 3 An-74 et 2 Il-76. Il faut dire que les Gardiens de la Révolution utilisent la Syrie comme hub pour leurs livraisons au Hezbollah depuis au moins 2000. Au départ, les membres de la force Qods sont d'ailleurs acheminés par avion. L'aviation syrienne engage ses Il-76 également, dont au moins un a, en 2012, navigué via l'Iran et la Russie, pour ramener des hélicoptères de combat Mi-25 « remis en condition ». En mars 2011, la Turquie avait saisi un Il-76 de Yas Air transportant des fusils d'assaut, des mitrailleuses, des obus de mortiers ; l'Iran utilise ensuite l'espace aérien irakien. Le passage est facilité par la collusion du ministre du Transport irakien, Hadi al-Amiri, et l'organisation Badr en Irak.

Par voie de terre, à la fin 2012, il ne restait qu'un seul point d'entrée à la frontière syro-irakienne que pouvait utiliser les Iraniens : Al Walid-At Tanf. Les trois autres ont été perdus de par la progression des Kurdes au nord-est, de l'activité des groupes sunnites en Irak et de l'avance des rebelles syriens. Al Walid-At Tanf, la route la plus au sud, est aussi la plus rapide vers Damas. L'Iran a aussi déployé des navires via le canal de Suez, et ce dès avant le déclenchement de la révolte, en février 2011. L'Alvand et le Kharg rallient ensuite Lattaquié. Deux autres navires font le même voyage en février 2012 vers Tartous. Des tankers ramèneraient du pétrole syrien brut vers l'Iran. Toujours est-il que le soutien iranien au régime syrien passe d'abord par le ravitaillement aérien, qui s'opère sur une base quasi quotidienne.

Source : http://understandingwar.org/sites/default/files/FINAL%20SYRIA%20MAP.jpg


Dès l'été 2012, l'Iran commence aussi à former les milices paramilitaires syriennes, et en particulier Jaysh al-Sha‘bi, qui regroupe à la fois des chiites et des alaouites. En septembre, Mohammad Ali Jafari, le chef des Gardiens de la Révolution, reconnaît que cette milice compte déjà 50 000 hommes. Basée sur le modèle de la milice Basij iranienne, cette milice est encadrée, aussi, par la force Qods. Dès le début du conflit en 2011, de nombreuses milices pro-régime se sont en effet constituées : aux comités populaires, minorités armées pour se protéger des sunnites jugés menaçants, se sont ajoutés les milices des gangs criminels de la bande côtière alaouite, les fameux shahiba. D'où le nom générique de shahiba donné à toutes ces organisations. Au printemps 2013, l'Iran est encore présent quand l'ensemble de ces milices est plus ou moins regroupé dans les Forces Nationales de Défense : il en assure probablement l'entraînement. D'ailleurs, des miliciens syriens sont formés en Iran même, comme ces 4 combattants de Homs qui assurent avoir reçu là-bas un entraînement au combat urbain. Les Gardiens de la Révolution et la force Qods se sont fréquemment retrouvés engagés dans les combats en Syrie contre les insurgés. Hormis les 48 « pélerins » capturés en 2012 puis relâchés, et le général Shateri, ces corps ont subi d'autres pertes. Le lieutenant-colonel Amir Reza Alizadeh, par exemple, a été tué à Damas le 1er mai 20135. En janvier 2014, les autorités iraniennes publient la liste de 15 citoyens volontaires morts au combat en Syrie6.

L'intensification de l'engagement iranien correspond à la période la plus critique du conflit pour le régime, entre novembre 2012 et mars 2013. A partir de novembre, les rebelles ouvrent plusieurs nouveaux fronts au nord, au centre et au sud de la Syrie. Deux attaques à la voiture piégée visent Damas et l'aéroport international de la capitale est attaqué. Mi-décembre, les rebelles capturent l'académie militaire al-Muslimiyah à l'extérieur d'Alep et avancent dans Daraya, au sud de Damas. Le 4 mars 2013, le régime perd sa première capitale provinciale, Raqqa, 6ème ville du pays. Le 20 mars, une voiture piégée explose devant la mosquée Al-Iman Mosque du district de Mazraa, tuant 42 personnes, dont Mohamed Al Buti, un clerc sunnite pro-régime influent. Quatre jours plus tard, les rebelles pilonnent au mortier le centre de Damas. La survie du régime est donc en jeu, avec un recul sur tous les fronts et la capitale sérieusement menacée. C'est pourquoi l'Iran a fait en sorte d'intervenir pour sauver Bachard el-Assad7.

Le cas le plus emblématique d'implication de l'Iran dans la guerre en Syrie est la mort, le 19 août 2013, d'un réalisateur de documentaire et d'un officier des Gardiens de la Révolution, tués dans une embuscade montée par les rebelles dans la province d'Alep. Le réalisateur s'appelait Hadi Baghbani et l'officier Esmail Heydari. Le premier effectue son second voyage en Syrie en août 2013, pour tourner un film à usage interne sur les officiers d'active des Gardiens de la Révolution ou rappelés de leur retraite afin de former les miliciens pro-régime. Heydari, un officier de carrière des Gardiens de la Révolution, a participé à la formation des miliciens syriens à Téhéran et a effectué plusieurs séjours en Syrie, sur la ligne de front. Le 19 août, les conseillers iraniens accompagnent des miliciens pro-régime dans une reconnaissance au sud-est d'Alep, mais tombent sur la brigade Liwa Dawood, qui dispose d'armes lourdes et même d'un blindé. 6 Iraniens sont tués, dont Baghbani et Heydari8.

Ce documentaire, réalisé par la BBC à partir d'images fournies par les insurgés syriens, montren des membres de la force Qods des Gardiens de la Révolution opérant dans le pays, où ils ont été tués lors d'une embuscade (août 2013).







Le Hezbollah


- Une intervention pour quels objectifs ?


Jusqu'en avril 2013, le Hezbollah n'a pas reconnu officiellement son implication dans la guerre civile syrienne, probablement de peur des conséquences néfastes qu'une telle reconnaissance impliquerait sur la scène libanaise9. Il faut dire que la Syrie et le Liban partagent une longue histoire conflictuelle. En outre, le nord du Liban est peuplé majoritairement de sunnites qui soutiennent la rébellion syrienne, et comprend aussi des minorités alaouites, comme à Tripoli, qui elles appuient plutôt le régime.


Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/f/fe/Drapeau_du_Hezbollah.jpg


Né en 1982 dans la vallée de la Bekaa en réaction à l'invasion israëlienne du Liban10, le Hezbollah est à la fois un parti politique et un mouvement religieux chiite tout en assurant des fonctions sociales. En outre, ses forces armées sont les plus imposantes du Liban et c'est un proche allié de l'Iran. Le Hezbollah se définit lui-même comme un mouvement de « résistance »11 aux manoeuvres américaines et israëliennes au Proche-Orient, et ne reconnaît pas le droit à l'existence de l'Etat d'Israël. Il tire sa popularité au Liban du combat contre l'Etat hébreu, alors que ses forces conventionnelles et non-conventionnelles sont, de fait, supérieures à celles de l'armée libanaise. Le Hezbollah est particulièrement bien implanté au sud du pays, dans la vallée de la Bekaa et dans certains quartiers de Beyrouth. Sur le plan politique, le Hezbollah milite pour un système de gouvernement islamique par les clercs : présent aux élections depuis 1992, il n'obtient que des résultats modestes mais a tout de même deux ministres dans le gouvernement de coalition depuis 2011. Il contrôle toutefois 60% des municipalités du Sud-Liban et quasiment toutes celles de la vallée de la Bekaa, en plus de gagner du terrain à Dahiyeh, faubourg sud de Beyrouth. Socialement, le Hezbollah cherche à s'attirer les faveurs des chiites libanais (27% de la population selon un recensement réalisé en 2011, soit autant que les sunnites et plus que les chrétiens maronites), notamment (mais pas exclusivement) par des soins médicaux qui remplacent ceux de l'Etat.

Jusqu'en avril 2013, le mouvement a tenu un discours conciliant sur la guerre en Syrie, niant son implication et soulignant les dangers que celle-ci pourrait entraîner sur la scène libanaise. Cependant, dès octobre 2012, alors que le Hezbollah intensifie l'aide sociale pour les réfugiés syriens au Liban, il accroît également son engagement pour soutenir Bachar el-Assad. Le 30 avril 2013, son secrétaire général, Hassan Nasrallah, révèle ce qui est devenu une évidence : le Hezbollah intervient en Syrie pour empêcher la chute du régime. Beaucoup d'observateurs pensent qu'il s'agit d'un pari risqué pour l'avenir et que la déclaration de Nasrallah est un vrai « franchissement du Rubicon ». Ceci dit, les cérémonies funéraires pour les « martyrs » tués au combat en Syrie étaient de plus en plus difficiles à dissimuler. Le Hezbollah revient ainsi au rôle de milice sectaire en lieu et place du mouvement de résistance, ajoutant les djihadistes sunnites à la liste de ses ennemis. Pour lui, la Syrie est un point de transit vital pour son armement et un des moyens de recompléter son stock d'armes et de munitions. Il s'agit pour Nasrallah, aussi, de combattre les sunnites en Syrie en empêchant la chute du régime plutôt que de les combattre au Liban si Bachar el-Assad vient à tomber... Le discours de Nasrallah le 26 mai 2013, date anniversaire du retrait définitif de Tsahal du Sud-Liban, inscrit l'aventure militaire en Syrie dans la continuité de la lutte contre Israël. Mais en présentant l'intervention syrienne comme un enjeu de sécurité nationale pour le Liban, le Hezbollah ébranle la pertinence de la « résistance »12.


Source : http://s1.lemde.fr/image/2012/10/31/534x267/1783798_3_02da_le-mausolee-de-zeinab-l-un-des-lieux-les-plus_4851dcd47cd36603bf7ff8e45b4a6539.jpg


Le Hezbollah a commencé à envoyer des conseillers militaires pour assurer des missions de sécurité en Syrie dès 2011, et ce jusqu'en 2013. Ce n'est qu'au printemps de cette année-là que l'engagement se fait plus important, preuve que le régime syrien est alors en mauvaise posture. Les Iraniens et le Hezbollah s'engagent alors dans la formation d'une milice chiite considérable, Jaysh al Sha’bi, qui a pour objectif de compter jusqu'à 150 000 hommes. Au-delà de l'aide au régime syrien, il s'agit aussi de s'implanter dans les zones chiites et alaouites syriennes. Le Hezbollah fournit une aide technique en matière de guérilla, de renseignement, et tactique, sur le terrain. Il verrouille également au mieux la frontière libanaise et mène une campagne de propagande en faveur du régime.

A partir du 19 mai 2013, le Hezbollah, aux côtés des Iraniens, des miliciens irakiens, aide l'armée syrienne à prendre la ville d'al-Qusayr, une ville qui fait le lien entre la montagne alaouite côtière, Damas et la vallée de la Bekaa. Entre 1 500 et 2 500 hommes du Hezbollah auraient participé à la conquête de la ville, qui tombe le 5 juin 2013. La victoire est cependant à double tranchant, car le Hezbollah a subi des pertes non négligeables et son engagement en Syrie se retrouve mis sur le devant de la scène, ce qui ne va pas être sans conséquences sur la scène libanaise. Des sources évoquent plus de 4 000 combattants chiites acheminés au nord, sur Alep, pour tenter de reprendre la ville ; d'autres sont présents au sanctuaire chiite de Sayyeda Zaynab, au sud de Damas, tandis qu'un autre contingent encadre et forme les habitants de deux villages chiites au nord d'Alep. Au 18 juin 2013, le Hezbollah aurait déjà perdu 180 à 200 tués en Syrie. On retrouve les combattants du Hezbollah en juillet à Homs et en août à Damas, où un des chefs importants du contingent, Hossam Ali Nisr, est tué par les rebelles.

Au Liban, dès le mois de juin 2013, un groupe de chiites anti-Hezbollah qui manifestait devant l'ambassade iranienne à Beyrouth est attaqué et une personne tuée. En juillet et en août, des attentats visent le bastion du Hezbollah à Dahiyeh, au sud de la capitale. En outre, un groupe rebelle syrien, la brigade Liwa 313, a revendiqué l'attaque à la bombe contre un supermarché d'un des faubourgs tenus par le Hezbollah, Bir al Abed, ainsi qu'au moins une autre attaque contre le Hezbollah, en représailles de la participation du mouvement aux combats à Homs. La brigade Liwa 313, formée justement de rebelles de la région de Homs, existe depuis novembre 2012 et a été créée pour des opérations spéciales, comme le bombardement à la roquette de fiefs du Hezbollah près d'Hermel, dans la vallée de la Bekaa. Le groupe est lié au front al-Nosra et semble assez bien armé.

En ce qui concerne le Liban, les tensions sectaires apparaissent dès mai 2012 après la mort de Sheikh Ahmad Abdel Wahed, un clerc sunnite éminent et anti-syrien, qui provoque des accrochages à Tripoli et à Beyrouth. Dès le mois de mai 2013, au moment de la bataille de Qusayr, les rebelles syriens commencent à bombarder la vallée de la Bekaa et à attaquer les convois du Hezbollah, ou bien encore à organiser des attentats. A partir de juin 2013, les hélicoptères du régime syrien font des incursions près d'Arsal, une ville du nord de la vallée de la Bekaa, sunnite, qui sert de noeud logistique à la rébellion syrienne. A Tripoli, les affrontements sectaires sont particulièrement violents en mai-juin 2013, entraînant la mort de plusieurs dizaines de personnes. Le 23 août, ce sont deux mosquées sunnites de Tripoli qui sont visées par des attentats à la bombe, faisant 45 morts. Ce même mois, le 15, une voiture piégée avait également explosé dans un fief du Hezbollah à Beyrouth. Attentats et batailles rangées se sont depuis multiplés, en particulier à Beyrouth, à Tripoli et dans la vallée de la Bekaa13.


- Protéger l'approvisionnement en armes et sauver, si possible, le régime syrien


Bien que le Hezbollah a au départ admis combattre en Syrie, il invoquait la protection de la minorité chiite syrienne ou la défense du tombeau de Zaynab. Il faut dire que ce dernier site religieux a servi aussi, dès les années 1980, de centre de recrutement pour des militants, notamment des Saoudiens chiites, qui faisaient le transit jusqu'aux camps du Hezbollah au Liban ou en Iran via Zaynab. 5 des conspirateurs de l'attentat des tours de Khobar, en 1996, qui a tué 19 hommes de l'USAF et blessé 372 autres Américains, avaient été recrutés à Damas. Un des cadres recrutés à Zaynab, Ali al-Marhoum, retourne plus tard en Arabie Saoudite pour enrôler de nouveaux militants. Abdel Karim al-Nasser, le cerveau de l'attentat, avait réuni son groupe à Zaynab quelques jours avant de passer à l'action pour peaufiner les derniers détails.

Le Hezbollah avait annoncé la mort d'un premier combattant en Syrie dès l'été 201214. Mais les pertes grimpent avec l'implication massive du mouvement libanais dans la bataille d'al-Qusayr. Le 19 mai 2013, le Hezbollah délivre la liste de 12 de ses combattants tués au combat, et dès le lendemain, on atteint le chiffre de 20 tués. Pendant les funérailles, individuelles ou collectives, comme dans la valée de la Bekaa, on insiste sur le fait que les martyrs sont morts pour défendre le sanctuaire de Zaynab, au sud de Damas15.

Le Hezbollah s'est en fait engagé en Syrie dès la première année des troubles, en 2011. En mai, on signale déjà la présence la force iranienne Qods et en juin, les premiers indices évoquant l'arrivée du Hezbollah se font jour. Iraniens et Libanais fournissent en particulier des snipers et autres outils pour briser les manifestations d'opposants. Selon un officier des Gardiens de la Révolution, des snipers du Hezbollah serait intervenus lors de l'offensive à Zabadani dès février 201216. Pour Aurélie Daher, auteur d'un récent ouvrage sur le Hezbollah, le mouvement a d'abord activé, en 2012, la Résistance Islamique au Liban, des groupes d'autodéfense qui ont combattu les incursions rebelles dans le secteur des villages chiites près de la frontière avec la Syrie17. En août 2012, Musa Ali Shehimi, un des commandants du Hezbollah, est tué en Syrie ; quelques semaines plus tard, c'est au tour de Ali Hussein Nassif, abattu avec ses deux gardes du corps près d'al-Qusayr. En octobre 2012, les Américains annoncent que des centaines de combattants du Hezbollah se trouvent en Syrie, ce qui est confirmé par l'ONU deux mois plus tard. En outre, le Hezbollah installe un de ses camps d'entraînement, en novembre, à côté d'un des dépôts d'armes chimiques de Damas. Le Hezbollah a une relation de longue date avec Damas : née sous Hafez el-Assad, qui avait parfois montré sa volonté de réfréner les ambitions du mouvement libanais, elle s'est accrue sous Bachar el-Assad, qui en 2010 a fourni au Hezbollah des missiles Scud modifiés tirés de son propre arsenal. Mais c'est surtout parce que la Syrie est le lieu de transit des armes iraniennes à son propre usage que le Hezbollah intervient pour maintenir le régime en Syrie. Convoyé par avions iraniens jusqu'à l'aéroport international de Damas, ces armements étaient ensuite acheminés en camions, fortement escortés, jusqu'à la frontière libanaise. Le Hezbollah cherche à garantir le contrôle du régime sur Damas, son aéroport et les routes principales, ou au pire sur la bande côtière alaouite, pour recevoir les armes par le port ou l'aéroport de Lattaquié, par exemple. Le FBI a mis à jour ces dernières années deux opérations où le Hezbollah a cherché en Europe ou aux Etats-Unis à se procurer des armes (notamment des MANPADS) destinées à être rapatriées à Lattaquié. Dans le cas où le régime ne pourrait remporter la guerre civile, le Hezbollah a déjà bâti des intermédiaires suffisants, via les milices, pour maintenir sa présence au-delà et continuer de déstabiliser le pays18. Selon certaines sources, l'unité 901, une unité militaire du Hezbollah, a franchi la frontière dès juillet 2012 pour combattre autour de Homs, al-Qusayr, al-Rastan, Talbiseh. Le mouvement chiite aurait aussi participé à la formation d'une division de 60 000 hommes, sur le modèle des Gardiens de la Révolution, protéger le coeur du bastion alaouite à Lattaquié. Le 6 octobre 2012, un officier déserteur du renseignement de l'armée de l'air syrienne a affirmé que le Hezbollah avait déjà 1 500 hommes en Syrie. C'est un effort important pour un mouvement dont les forces régulières sont estimées entre 2 000 et 4 000 hommes, précédemment déployés surtout au Sud-Liban et près des dépôts d'armes et autres installations sensibles du mouvement chiite. Les forces spéciales du Hezbollah, les « Scorpions » mèneraient des embuscades dans les zones rurales et perturberaient l'acheminement logistique des insurgés via la frontière turque19.

Pour le Hezbollah, le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad est un enjeu vital, car la Syrie lui sert à renforcer sa capacité militaire (fourniture d'armes, transit de celles qui viennent de l'Iran) contre Israël20. En outre le clan Assad a régulièrement soutenu le Hezbollah dans le jeu politique libanais et lui a offert, aussi, une profondeur logistique. Dans les discours survenus au moment de la reconnaissance officielle de l'implication du mouvement chiite en Syrie, Nasrallah a également insisté sur la solidarité avec la population chiite syrienne (400-450 000 personnes) « menacée » par les djihadistes sunnites, comme ceux du front al-Nosra, et dont les sanctuaires, comme celui de Zaynab, ne seraient plus en sécurité. Le Hezbollah intervient donc aux côtés de l'Iran pour d'abord, sauver le régime, puis donner les moyens aux Alaouites et aux chiites de résister par eux-mêmes en formant une milice conséquente (100 à 150 000 hommes). Il cherche également à acquérir du régime syrien des armements plus sophistiqués pour son combat contre Israël (missiles surface-surface contre le Fateh 110 iranien ; missiles antinavires, comme le Yakhont russe ; missiles sol-air portables, SA-17 russe ou autres). Dès le mois de mai 2013, l'aviation israëlienne frappe d'ailleurs à deux reprises (le 3 et le 5) un dépôt de l'aéroport international de Damas suspecté d'abriter des missiles Fateh 110 envoyés par l'Iran au Hezbollah ; en février, un convoi transportant des SA-17 avait également été visé. Le Hezbollah intervient ainsi à al-Qusayr notamment parce que vit autour de la ville une communauté chiite d'origine libanaise au milieu de populations sunnites, près de la frontière. Pour le Hezbollah, le territoire syrien, à l'est et au nord-est de la vallée de la Bekaa, son lieu de naissance, assure aussi une certaine profondeur stratégique21.

Hassan Nasrallah avait gagné Téhéran en avril 2013. Il y a rencontré Khamenei, le chef de la force Qods, Qassem Suleimani et d'autres membres importants du régime iranien. La décision de soutenir plus massivement Bachar el-Assad a donc probablement été prise dans la première moitié d'avril 2013. Suleimani, qui a fait une visite en Syrie en février 2013, a dépeint à son retour un tableau très sombre : il a conseillé d'envoyer davantage de volontaires chiites pour pallier au manque de soldats du régime. Le Hezbollah n'avait cependant pas attendu le printemps 2013 pour s'engager puisque, dès mai 2012, plusieurs milliers de combattants de ses unités spéciales oeuvraient déjà en Syrie. Cependant, l'engagement du mouvement chiite reste pour l'instant limité à des secteurs où il a un intérêt sectaire : al-Qusayr, le sud de Damas. Le Hezbollah assure aussi la formation des troupes de Bachar el-Assad en matière de guérilla, où il a une expérience opérationnelle : combat urbain, sniping, sabotage... en outre, il fournit du renseignement et cherche à verrouiller la frontière libanaise, notamment le long de la vallée de la Bekaa. Les chiites représentent seulement 2% de la population en Syrie : la plupart vivent autour de Homs, Damas, et dans la campagne des provinces d'Alep et d'Idlib. Les attaques sectaires se multiplient après la mi-2012. En conséquence, le Hezbollah commence à former des miliciens chiites et alaouites, le financement étant assuré par l'Iran. En mars 2013, ce serait déjà 50 000 hommes qui auraient été préparés au combat. Des chiites syriens seraient même, pour ce faire, spécialement entraînés dans les camps du Hezbollah de la vallée de la Bekaa. Cette armée populaire serait déployée près de Lattaquié, près du sanctuaire de Zaynab, à al-Zabadani au nord-ouest de Damas, près de la frontière libanaise, où elle travaille de concert avec les Gardiens de la Révolution iraniens. Suleimani a indiqué vouloir porter cette armée à 150 000 hommes, avec des combattants étrangers (irakiens, iraniens, libanais...). On sait entre outre que le Hezbollah a envoyé des combattants qui remplissent des missions spécialisées, comme les reconnaissances dans les zones tenues par les rebelles ou l'assassinat des chefs charismatiques des insurgés, par des escouades spéciales22.

Au moment de la bataille d'al-Qusayr (19 mai-5 juin 2013), le Hezbollah nettoie aussi les villages chiites des environs qui avaient été investis par les rebelles syriens. Le tombeau de Zaynab, quant à lui, est situé à 10 km au sud de Damas, en plein milieu d'une zone sunnite, sur la route menant de l'aéroport international de Damas au nord à la ville d'Al-Suwayda au sud. La ville d'Al-Sayyidah Zaynab qui s'est construire autour du sanctuaire vit de l'activité touristique destinée aux pélerins chiites : rattachée à la province de Rif Dimashq, elle compterait 150 000 habitants. Le 5 mai 2012, un obus de mortier tombe sur le complexe ; une voiture piégée explose dans un parking le 14 juin suivant. Le 31 octobre, un IED placé sur une moto explose près du tombeau, tuant 8 personnes et en blessant des douzaines, près d'un hôtel fréquenté par les pélerins. Durant la première moitié de 2013, les salafistes syriens appellent de plus en plus à la destruction du site. Le front al-Nosra l'attaque en janvier, puis la mosquée est détruite le 13 février. Le 2 avril, le front al-Nosra prend le contrôle d'un faubourg proche du sanctuaire, et commence à attaquer la brigade Abou Fadl al-Abbas (voir plus loin) et le Hezbollah dès le 18.

Le Hezbollah intervient en effet près du site dès la seconde moitié de 2012 et participe aux batailles du printemps 2013. Il y perd au moins 20 tués, dont de nombreux hommes originaires du Sud-Liban. En outre, en juin 2013, le mouvement chiite comptait déjà plus de 100 tués et plusieurs centaines de blessés, la plupart lors de la bataille d'al-Qusayr. 7 combattants avaient été tués dans la seconde moitié de 2012, autour du sanctuaire de Zaynab et à al-Qusayr. Les combats autour du premier site, en particulier, avaient fait monter le total à 50 avant l'offensive contre al-Qusayr du 19 mai 2013. Jusqu'au 5 juin, le Hezbollah a perdu entre 50 et 74 tués (minimum) pendant la bataille. 63 ont été tués à al-Qusayr, 22 à Zaynab, 2 à d'autres endroits de la Syrie et 8 restent indéterminés (bien que plusieurs ont sans doute été tués également à al-Qusayr). 53 des 96 tués identifiés viennent du Sud-Liban, un tiers (33) de la vallée de la Bekaa ; quelques-uns seulement sont originaires de la banlieue sud de Beyrouth et du Nord-Liban, ce qui reflète sans doute la composition des unités engagées par le Hezbollah. Le recrutement est surtout rural, au Sud-Liban, avec un grand nombre de villages, peut-être pour éviter de concentrer les pertes ; 16 morts seulement viennent de grandes villes (3 de Beyrouth, 9 de Baalbek, 3 de Nabatieh et 1 de Sidon). Parmi les tués, il y a Ali Hussein Nasif, un cadre important du Hezbollah enterré le 31 octobre 2012, tué par l'explosion d'un IED ou abattu ensuite alors qu'il faisait route vers al-Qusayr. Muhammad Khalil Shahrour, responsable des services de sécurité du Hezbollah à Balbeek, a également été tué à al-Qusayr. Ahmed Muhammad Badah, un autre cadre du Hezbollah, a lui péri près du sanctuaire de Zaynab, tout comme Ali Hussein Sa'ad.


  • La bataille d'al-Qusayr : la première intervention massive du Hezbollah

Lors de la bataille d'al-Qusayr, le Hezbollah aurait engagé en tout, selon les services de renseignement français, de 3 à 4 000 hommes23. La bataille, qui dure 17 jours, constitue les prémices d'une campagne plus vaste du régime syrien pour remettre la main sur des zones stratégiques perdues précédemment. La chute d'al-Qusayr, tenue depuis un an par les insurgés, est plus un choc moral et symbolique que stratégique, alors que le régime commence à regagner du terrain, que la communauté internationale hésite à soutenir les rebelles et que les insurgés eux-mêmes sont divisés. C'est également la première intervention massive du Hezbollah en Syrie, dans le cadre d'un assaut en combat urbain qui entraîne des pertes conséquentes et une dégradation de son image au Liban et dans le reste du monde arabe. Si le Hezbollah a su conquérir al-Qusayr avec l'appui de l'aviation et de l'artillerie du régime, le mouvement chiite manque tout simplement de moyens pour reproduire ce schéma de manière constante dans des villes syriennes plus importantes24.

Ci-dessous, un documentaire iranien sur la bataille d'al-Qusayr, présentée comme un tournant décisif.




La ville d'al-Qusayr, assiégée dès novembre 2011 par le régime, était tombée entre les mains des rebelles en juillet 2012. A l'ouest et au sud de la ville, le Hezbollah intervient dès cette année-là en soutien du régime, comme le montre la mort d'Ali Nassif, tué le 2 octobre près de la cité. Fin avril 2013, le Hezbollah et les forces syriennes commencent à nettoyer le pourtour d'al-Qusayr, entamant le processus avec la prise de Tel Nabi Mindo, au nord-ouest de la ville, une colline qui domine la plaine environnante. Ils progressent ensuite à l'ouest et au sud-ouest : à la mi-mai, seul un corridor au nord, passant par l'ancienne base aérienne militaire de Dabaa, reste entre les mains des rebelles. Dans la ville, il y a peut-être 2 000 rebelles, provenant notamment des bataillons Farouq, très implantés dans la région. La mise en défense d'al-Qusayr comprend la construction de tunnels et de bunkers, l'érection de barricades en terre à travers les rues, des pièges disposés dans les bâtiments et des mines sur les routes. Des IED spéciaux destinés à faire sauter les véhicules, commandés à distance, sont aussi posés. Le Hezbollah, lui, divise la ville en 16 secteurs et attribue des codes chiffres aux objectifs et aux points remarquables de la ville. Les 1 20025à 1 700 hommes engagés dans la bataille (d'après Nicholas Blanford, spécialiste du Hezbollah), pour la plupart des vétérans membres des unités spéciales du Hezbollah, sont sous commandement syrien mais ont une initiative tactique. Ces troupes ont reçu un entraînement au combat urbain dans des répliques de villes en Iran, et dans des camps moins importants au Liban26. Les forces auraient été divisées en 17 groupes de 100 hommes, mais dans le combat urbain, l'escouade de 3 à 5 hommes prédomine. Le tour de service dans les combats passe de 7 à 20 jours. Avant l'assaut, les sapeurs du Hezbollah commencent à nettoyer les pièges dans les bâtiments.

L'attaque démarre le 19 mai 2013, après un pilonnage aérien et de l'artillerie. Les combattants du Hezbollah attaquent à l'ouest, au sud et à l'est. Depuis le sud, l'avance est rapide et le Hezbollah aurait contrôlé 60% de la ville dans la première journée, atteignant la mairie. Mais dès le premier jour, deux douzaines de combattants sont tués dans une embuscade rebelle. L'assaut se fait dès lors plus méthodique, pour nettoyer chaque pâté de maisons conquis. Les combattants du Hezbollah comparent la ville aux camps palestiniens, en raison de la densité du bâti et des rues étroites, très diférents de leur champ de bataille habituel du Sud-Liban27. Face au tir de mortier rebelle, une véritable gêne, les combattants chiites cherchent à coller au plus près de leurs adversaires pour empêcher l'action des mortiers. Ils évitent de passer par les portes et les fenêtres des bâtiments, en raison des pièges et des mines, mais creusent des trous à l'explosif dans les cloisons à l'intérieur pour passer de maison en maison. Les rebelles eux-mêmes reconnaissent les compétences du Hezbollah : les hommes continuent d'avancer même sous un feu nourri et cherchent à flanquer les insurgés. En plus des snipers armés de Dragunov et les équipes antichars armés de RPG-7, les chiites utilisent aussi des roquettes de 107 mm modifiées, les fameuses IRAM (Improvised Rockets Assisted Munitions) pour détruire des barricades ou des points de résistance dans les bâtiments. Les rebelles sont progressivement repoussés dans la partie nord de la ville, bien qu'ils reçoivent des renforts de l'extérieur jusqu'au 2 juin. Le lendemain, les insurgés décident d'évacuer la ville. L'assaut final, le 5, est précédé par un terrible bombardement et les rebelles qui fuient par le corridor au nord sont victimes des tirs de mortiers et de mitrailleuses.

La bataille a duré 17 jours, plus longtemps que ne l'avait prévu le Hezbollah, qui a subi des pertes conséquentes -entre 70 et 120 tués, probablement. Côté rebelle, on reconnaît 431 tués, mais le chiffre est probablement plus élevé. Pour le Hezbollah, il s'agit certainement des combats les plus durs depuis les 34 jours de guerre contre Israël à l'été 2006. Mais la bataille d'al-Qusayr, ville proche de la frontière libanaise, est aussi l'occasion de tester ses tactiques de combat urbains avec le soutien de l'artillerie et de l'aviation syriennes. En outre une nouvelle génération de combattants s'est formée au feu pendant la bataille, et l'expérience engrangée par le Hezbollah sera sans doute précieuse en cas de futurs combats contre Israël. La chute d'al-Qusayr, par ailleurs, entraîne aussi celle de Tel Kalakh, au nord-ouest, assiégée depuis deux ans par le régime. Dès le mois de juillet, le régime syrien repart à la reconquête des quartiers centraux de Homs. Mais ici, le Hezbollah ne joue plus qu'un rôle d'encadrement : ses vétérans commandent, comme sous-officiers, des escouades de soldats syriens. Le Hezbollah n'a en effet pas les effectifs suffisants pour conduire d'autres assauts urbains dans des villes encore plus importantes qu'al-Qusayr, comme Homs ou Alep.


  • Après al-Qusayr : le Hezbollah plutôt dans un rôle auxiliaire

Suite au succès remporté à al-Qusayr, le Hezbollah se serait redéployé pour aider les Forces Nationales de Défense syriennes à faire tomber la ville d'Alep. 800 combattants auraient investi les alentours de la cité pour couper l'approvisionnement en provenance du Liban. 300 membres du Hezbollah, dont des officiers iraniens, seraient arrivés à l'académie militaire d'Alep en juin 2013, pour participer à une offensive au nord de la ville. Néanmoins, cette fois, le Hezbollah semble davantage assumer un rôle d'encadrement et de conseil que de participation directe aux combats28. A la fin juillet 2013, le Hezbollah déplorait plus de 200 tués au combat en Syrie et plusieurs centaines de blessés ; 23 ont été tués entre la fin juin et la fin juillet. La plupart tombent à Homs et Alep, où le Hezbollah intervient en soutien du régime (en plus de la participation à une contre-offensive à Lattaquié29), mais 8 sont également morts près du tombeau de Zaynab, au sud de Damas. Si le mouvement chiite engage moins de combattants et de manière moins visible qu'à al-Qusayr, c'est aussi parce que la reconnaissance officielle de son implication en Syrie a provoqué de fortes critiques au Liban et dans le monde arabe. Sur les 23 tués entre fin juin et fin juillet, 9 viennent du Sud-Liban, 8 de la vallée de la Bekaa, 3 de Beyrouth et 3 d'une ville syrienne proche de la frontière vers al-Qusayr. Sur les 200 combattants tués à cette date, près de la moitié vient du Sud-Liban (97) et plus d'un tiers de la vallée de la Bekaa (72). 3 cadres importants du Hezbollah30 font partie des victimes : deux ont été tués à Homs et le dernier à Zaynab. Deux d'entre eux étaient des commandants de bataillons de la milice Liwa Abou Fadl al-Abbas et l'un des deux a péri à Homs, ce qui tendrait à prouver que la milice n'opère pas qu'à Zaynab, mais aussi dans d'autres parties de la Syrie, sous commandement/encadrement du Hezbollah31.

Fin 2013, le Hezbollah intensifie encore son effort militaire en Syrie et subit des pertes conséquentes. Il opère désormais dans trois secteurs, essentiellement : la Ghouta orientale, à l'est de Damas ; la région montagneuse du Qalamoun, au nord de Damas, près de la frontière libanaise ; et le tombeau de Zaynab, au sud de Damas. Il intervient dans ces zones comme force auxiliaire aux troupes du régime syrien, et non de manière indépendante comme à al-Qusayr. Le Hezbollah a probablement plusieurs milliers de combattants en Syrie au mois de décembre 2013. Les objectifs sont multiples : il s'agit d'assurer le contrôle du régime sur la Ghouta orientale et de compenser les succès des rebelles (capture des dépôts d'armes de Mahin, au sud d'Alep), et de couper les insurgés du nord de leurs camarades de Damas et de la frontière libanaise. Il s'agit également d'isoler l'insurrection au nord et de marquer le maximum de points pour la conférence de Genève 2. Pour le Hezbollah, nettoyer le Qalamoun correspond aussi à un objectif plus particulier : faire cesser les attaques des insurgés sunnites, et particulièrement celles des groupes djihadistes, contre le mouvement chiite au Liban. C'est en effet de là que sont tirées les roquettes contre la vallée de la Bekaa. En outre, les voitures piégées qui sautent au Liban seraient fabriquées à Yabroud puis expédiées, via le Qalamoun, à Arsal, puis vers les objectifs à l'intérieur du pays.

Ce renouveau de l'engagement militaire du Hezbollah entraîne une hausse proportionnelle des pertes : 47 tués en novembre et pour la première moitié de décembre 2013. Le total des morts avoisine les 300, dont 272 bien identifiés. Sur les 47 morts récents, 13 ont été tués dans la Ghouta, 5 à Qalamoun et 24 à Zaynab. Comme précédemment, la plupart des morts sont originaires du Sud-Liban (20), de la vallée de la Beqaa (11). Il est possible que le Hezbollah exagère le nombre de tués à Zaynab, pour des raisons de propagande, et qu'un certain nombre de morts soient tombés aux deux autres endroits. Parmi les morts, deux commandants éminents : Ali Iskandar, commandant important d'al-Bazourieh au Sud-Liban, officier opérations et commandant des forces du Hezbollah dans la Ghouta, tué le 23 novembre, et Ali Hossein al-Bazi, commandant important à Harat al-Saida, qui entraînait les cadres du mouvement et qui a été tué dans le Qalamoun le 8 décembre. Dans une interview du 3 décembre 2013, Hassan Nasrallah a indiqué que le Hezbollah avait commencé à intervenir en Syrie en dépêchant 40 à 50 hommes pour protéger le sanctuaire de Zaynab32. Fin janvier 2014, le mouvement reconnaissait déjà 400 tués et plus d'un millier de blessés33.

Pour la première fois, le Hezbollah s'est donc embarqué dans une véritable « guerre expéditionnaire » dans la durée, qui le détourne du traditionnel discours de « résistance »34. Le combat n'a pas été des plus aisés même si le mouvement chiite engrange une expérience certaine, notamment en matière de combat urbain. Il est difficile d'évaluer l'effectif total engagé par le Hezbollah en Syrie. Les plus hautes estimations parlent de 10 000 hommes, mais si c'était le cas, ce serait par rotation des effectifs et non de manière permanente. Un maximum de 4 000 combattants présents ensemble semble un chiffre déjà élevé, une estimation entre 2 000 et 4 000 paraît plus raisonnable. Pourtant, certains chercheurs pensent que le mouvement chiite est passé de 3 000 combattants en 2006, au moment de la guerre contre Israël, à 20 ou 30 000 hommes, voire jusqu'à 50 000 hommes35, dont un quart de combattants professionnels36, Didier Leroy, enseignant à l'ULB et auteur d'un récent ouvrage sur le mouvement, évoquant pour ces derniers jusqu'au chiffre de 30 000 hommes37. Le Hezbollah aligne des combattants en uniforme, bien équipés en armes légères, qui ont manipulé à l'occasion des véhicules blindés (comme à al-Qusayr) quand ils opéraient aux côtés des forces du régime syrien. La structure de commandement en Syrie est probablement décentralisée par province (Homs, Damas, Alep notamment). Le Hezbollah combat aux côtés des restes de l'armée régulière, des miliciens des Forces Nationales de Défense, des miliciens étrangers, et des Iraniens eux aussi présents aux côtés du régime. Ses troupes servent surtout d'infanterie légère dans les opérations offensives et défensives. Elles entraînent les forces régulières et irrégulières au combat urbain et à la contre-insurrection, encadrent certaines unités régulières (empêchant notamment des unités d'élite, comme la 4ème division blindée, de flancher suite à des pertes élevées en raison d'une présence quasi continue en ligne38) ou irrégulières, corsettent les milices chiites notamment à Damas (mais aussi à Lattaquié, Deraa, Idlib ; une opération entre décembre 2012 et février 2013 a permis de reprendre le contrôle des routes et des secteurs menant à l'aéroport international de Damas39), et ont mené parfois directement les opérations de combat, comme à al-Qusayr. C'est dans ce dernier cas que les pertes ont été les plus importantes. Par son rôle de formation, en améliorant la qualité des unités régulières et surtout en rendant les miliciens des FND utiles, le Hezbollah a grandement contribué à sauver le régime syrien au printemps 2013. Le Hezbollah est non seulement une « brigade de pompiers » mais a aidé à restaurer la capacité offensive des forces de Bachar el-Assad. Les problèmes posés par le terrain, un adversaire qui n'a rien à voir avec Tsahal, et la coopération avec les forces très hétérogènes du régime, ont entraîné des problèmes mais aussi des ajustements. Le Hezbollah est probablement l'une des forces les plus efficaces sur le champ de bataille syrien.

Le 10 février 2014, les forces du régime renouvellent leur offensive sur la montagne du Qalamoun, et vise en particulier la ville de Yabroud. Le Hezbollah serait en pointe de cette nouvelle attaque. Il s'agit, pour le mouvement chiite, de freiner le flux de véhicules piégés kamikazes à destination du Liban, qui seraient fabriqués à Yabroud et acheminés de l'autre côté de la frontière, à Arsal, avant de gagner leurs cibles à Beyrouth40. Après une reconnaissance minutieuse des positions adverses, les forces spéciales du Hezbollah et d'autres unités progressent sous le couvert de tirs de roquettes Volcano. Ces forces sont composées de vétérans des opérations en Syrie41. Le 15 février, les forces du régime prétendent avoir déjà tué plus de 200 rebelles. Le Hezbollah a établi des positions de blocage à l'est de Yabroud. Il avance au nord de la localité, de Nabak vers les fermes de Rima. L'artillerie et l'aviation matraquent violemment les positions des insurgés. L'attaque principale a lieu à l'ouest de Yabroud, entre le Qalamoun et la frontière avec le Liban. Le Hezbollah détruit avec des missiles Kornet des véhicules chargés de rebelles qui viennent en renfort depuis Arsal42. En dix jours de combat, le Hezbollah reconnaît 9 morts et 21 blessés, ainsi que la destruction de plusieurs véhicules par les rebelles. Pour limiter les pertes, qui avaient été relativement à Qusayr, le Hezbollah cherche manifestement cette fois-ci à isoler complètement les rebelles pour les asphyxier sur le plan logistique, et non à les engager directement43. Le 25 février 2014, l'aviation israëlienne frappe à nouveau à la frontière syro-libanaise, à Janta, un petit village chiite. Les appareils auraient tiré quatre missiles, en deux sorties, sur ce secteur où se trouvent des camps d'entraînement et autres installations du Hezbollah, dans l'est de la Bekaa. La frappe visait peut-être des dépôts de missiles dans des installations souterraines, ce qui tendrait à prouver qu'Israël a eu accès à des renseignements précis. Mais il est probable que les missiles ciblaient un convoi du Hezbollah, car Janta se trouve sur un axe de rapatriement d'armes utilisé par le Hezbollah depuis les années 198044. Durant la bataille de Yabroud, le Hezbollah monte au moins une embuscade nocturne réussie contre un groupe de rebelles en transit, grâce à un IED « daisy chain » que les insurgés eux-mêmes utilisent fréquemment. Les unités du Hezbollah tournent sur une période de un mois, alors qu'à Damas et ses environs, la rotation est d'une semaine. Le Hezbollah utilise des drones, des caméras de surveillance et des roquettes Volcano de 107 ou 122 mm fournies par le régime syrien. Le mouvement chiite aurait aussi piloté des blindés et des automoteur antiaériens Shilka45. D'après un commandant de brigade du Hezbollah, l'appareil militaire du régime opère en très petites formations, utilisant snipers, roquettes, mitrailleuses lourdes, lance-roquettes antichars pour encercler les positions rebelles et contrôler les hauteurs. En outre, le Hezbollah contrôlerait une formation de 300 Syriens formés par ses soins46. La bataille de Yabroud a encore vu une remontée des pertes pour le Hezbollah, avec 15 tués pour les dix premiers jours de mars, et 40 depuis le début de l'offensive jusqu'au 7 mars. En tout, depuis 2011, le parti chiite aurait déjà perdu plus de 500 tués au combat en Syrie47.

Yabroud tombe finalement le 16 mars 2014, ce qui ne met cependant pas fin à la bataille dans le Qalamoun en tant que telle. Trois jours plus tard, Israël frappe des cibles du régime dans le sud de la Syrie, après des attaques contre ses forces sur la partie occupée du plateau du Golan, dont on peut se demander si elles sont, ou non, le fait du Hezbollah. La veille, le 18 mars, 4 paras israëliens avaient été blessés par un IED planté au bord d'une route. En représailles, les avions israëliens frappent des batteries d'artillerie, un poste de commandement et un camp d'entraînement autour de Quneitra. Israël suspecte fortement le Hezbollah : ce serait une réplique à la frappe aérienne du 24 février, qui aurait visié un convoi de missiles sol-air. Le 28 février déjà, deux roquettes Grad tirées de Syrie étaient tombées non loin du mont Hermon. Le 5 mars, 3 hommes avaient tenté de planter un IED sur une route du Golan. Le 13 mars enfin, deux engins avaient explosé au passage d'une patrouille, sans causer de pertes48.




2Foreign Fighters in Syria, The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, décembre 2013.
4Will Fulton, Joseph Holliday, et Sam Wyer, Iranian Strategy in Syria, Institute for the Study of War, mai 2013.
5Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Iran’s Losses In the “35th Province” (Syria), Part 1 », Jihadology.net, 14 juin 2013.
7Mazis I., Sarlis M., « A GEOPOLITICAL ANALYSIS OF THE ACTIVATION OF THE SHIITE GEOPOLITICAL FACTOR WITHIN THE SYRIAN CONFLICT GEOSYSTEM », Regional Science Inquiry Journal, Vol. V, (2), 2013, pp. 125-144.
9Linda Lavender, Blowback: The Unintended Consequences of Hezbollah’s Role in Syria, CIVIL-MILITARY FUSION CENTRE MEDITERRANEAN BASIN TEAM, septembre 2013.
10Le Hezbollah s'appuie au départ sur le mécontentement des chiites libanais, plutôt favorables au départ à Israël, mais traumatisés par l'exil vers Beyrouth-sud et l'occupation.
11Fonction qu'il prétend assumer depuis 1990 et la fin de la guerre civile libanaise (accords de Taëf) où il a pu conserver ses armes, contrairement à la milice d'Amal, l'autre mouvement chiite. Après le retrait israëlien du Sud-Liban en 2000 et l'avènement de Bachar el-Assad en Syrie, le Hezbollah se rapproche de Damas. Le maintien de la « résistance », après le retrait syrien de 2005 du Liban, est entretenu par des provocations à la frontière sud qui débouchent sur la guerre avec Israël en 2006.
12Kathia Légaré, L’engagement du Hezbollah dans la guerre civile syrienne : Nouvelle mutation ou indice de décadence du mouvement ?, PSI, Université Laval, 22 octobre 2013.
14Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Hizballah’s Multiplying Qusayr Martyrs », Jihadology.net, 20 mai 2013.
15Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: The Qusayr Meat Grinder: Hizballah’s Dead From May 20-May 25, 2013 », Jihadology.net, 25 mai 2013.
16Will Fulton, Joseph Holliday, et Sam Wyer, Iranian Strategy in Syria, Institute for the Study of War, mai 2013.
18Matthew Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb Allah’s Gambit in Syria », CTC Sentinel, août 2013, special issue . Vol 6. Issue 8, p.14-17.
19Nick Heras, « What is Hezbollah ’s Role in the Syrian Crisis ? », The Jamestown Foundation, Terrorism Monitor, Volume X, Issue 20, 2 novembre 2012.
20Hezbollah Involvement in the Syrian Civil War, The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, 17 juin 2013.
21Mazis I., Sarlis M., « A GEOPOLITICAL ANALYSIS OF THE ACTIVATION OF THE SHIITE GEOPOLITICAL FACTOR WITHIN THE SYRIAN CONFLICT GEOSYSTEM », Regional Science Inquiry Journal, Vol. V, (2), 2013, pp. 125-144.
22Nicholas A. Heras, THE POTENTIAL FOR AN ASSAD STATELET IN SYRIA, Policy Focus 132, The Washington Institute for Near East Policy, décembre 2013.
23Matthew Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb Allah’s Gambit in Syria », CTC Sentinel, août 2013, special issue . Vol 6. Issue 8, p.14-17.
24Nicholas Blanford, « The Battle for Qusayr: How the Syrian Regime and Hizb Allah Tipped the Balance », CTC Sentinel, août 2013, special issue . Vol 6. Issue 8, p.18-22.
28Following the victory at Al-Qusayr Hezbollah is preparing to support the Syrian army forces to take over Aleppo, The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, 19 juin 2013.
29Matthew Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb Allah’s Gambit in Syria », CTC Sentinel, août 2013, special issue . Vol 6. Issue 8, p.14-17.
30Ahmed Habib Saloum, commandant militaire important de Nabatieh, au Sud-Liban ; Ayman Said Tahini, commandant important du Hamas, de Itit, au Sud-Liban ; et Khalil Muhammad Khalil Hamid, commandant militaire du Hezbollah, de Bint Jbeil, Sud-Liban.
31Hezbollah Operatives Killed in Syria (Updated to the end of July 2013), The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, juillet 2013.
32In late 2013, Hezbollah again intensified its military involvement in the Syrian civil war, suffering heavy losses, The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, 22 décembre 2013.
34Jeffrey White, « Hizb Allah at War in Syria: Forces, Operations, Effects and Implications », CTC Sentinel , janvier 2014, Volume 7 Issue 1, p.14-18.
36 Aram Nerguizian, « Assessing the Consequences of Hezbollah’s Necessary War of Choice in Syria », Commentary, Center for Strategic and International Studies, 27 juin 2013.
39Testimony of Mr. Phillip Smyth, Research Analyst at the University of Maryland – Laboratory for Computational Cultural Dynamics, House Committee Foreign Affairs Committee – Subcommittee On Terrorism, Nonproliferation, and Trade, 20 novembre 2013, Hearing: Terrorist Groups in Syria.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 1172

Trending Articles