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Pierre BOULLE, Le pont de la rivière Kwaï, Paris, Julliard, 1958, 248 p.

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1943. Les Japonais se servent de leurs prisonniers de guerre pour construire une imposante voie ferrée, en pleine jungle, qui doit relier la Thaïlande à la Birmanie, dans la sphère de co-prospérité nipponne. Le colonel Nicholson, qui commande une unité britannique faite prisonnière par le Mikado, pour maintenir le moral de ses hommes et répondre à une conception toute particulière du devoir, refuse d'abord de se plier aux injonctions des Japonais, commandés par le colonel Saïto. Puis, triomphant de l'opiniâtreté de ses geôliers, il décide de les défier en prenant à sa charge, avec ses officiers, la construction d'un pont difficile sur la rivière Kwaï. Ce qu'il ne sait pas, c'est que le commandant Shears, le capitaine Warden et Joyce, de la Force 316, unité spéciale basée à Calcutta, a justement choisi d'entraver la construction de la ligne en s'attaquant au pont sur la rivière Kwaï...

Si on connaît le film Le Pont de la Rivière Kwaï et l'air fréquemment associé avec, on sait moins que le roman qui a inspiré le film est l'oeuvre d'un Français, Pierre Boulle, qui a été agent de la France Libre dans le sud-est asiatique, dès 1941. Capturé par les militaires français fidèles à Vichy en 1942, en Indochine, il s'évade en 1944 et rejoint la Force Spéciale 136 du SOE à Calcutta. Décoré, il signe Le Pont de la Rivière Kwaï en 1952 et, en 1963, La planète des singes, lui aussi destiné à être adapté au cinéma. Boulle a été l'un des auteurs français les plus populaires aux Etats-Unis.




Le roman s'inspire de la construction, tout à fait authentique, du "chemin de fer de la mort", de 415, entre Bangkok et Rangoon, en 1943, pour appuyer la campagne japonaise en Birmanie. Plus de 180 000 civils asiatiques et 60 000 prisonniers de guerre sont mis à contribution : respectivement, 90 000 et plus de 12 000 y laissent la vie. Pour la figure du colonel Nicholson, Boulle s'inspire largement de ses contacts malheureux avec des officiers français en Indochine, après avoir choisi de mettre en scène les Britanniques. Nicholson symbolise en quelque sorte, d'une manière satirique, un sens du devoir dévoyé, où la fierté contribue aux plans de l'adversaire. Les romans de Pierre Boule sont marqués par son expérience personnelle en Asie du Sud-Est, avec des héros souvent face à des choix impossibles, voire absurdes, et qui font l'épreuve de la relativité du bien et du mal.

Le roman est adapté au cinéma par David Lean, en 1957, avec Alec Guinness dans le rôle de Nicholson. Le film diffère assez nettement du roman, notamment en ce qui concerne le personnage de Shears, interprété par William Holden. Bien accueilli par la critique, le film remporte 7 Oscars dont celui du meilleur film et assure la carrière internationale de D. Lean. Comme le roman toute fois, que Boulle ne présentait pas comme inspiré directement de l'histoire, le film comporte probablement de nombreuses erreurs par rapport à la réalité, et en particulier sur le traitement des prisonniers par les Japonais -beaucoup plus dur que ne le montrent, finalement, le roman ou le film.




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