Les
miliciens étrangers
Le
Hezbollah est coutumier de la formation, de l'entraînement et de
l'encadrement de milices. Il l'avait déjà fait pendant la guerre
Iran-Irak (1980-1988) aux côtés des Gardiens de la Révolution
iraniens. Le Hezbollah participe ainsi à la formation de Jaysh
al-Shabi (puis des Forces Nationales de Défense), l'armée populaire
liée à la structure de l'armée syrienne en pleine recomposition
depuis le début de la guerre civile. Cette initiative prouve
d'ailleurs que le régime syrien a su reconfigurer son armée pour
faire face à une menace irrégulière et asymétrique, avec une
milice formée sur le modèle de la Basij iranienne1.
Dès le début 2012, Jaafar Athab, membre d'une milice irakienne
pro-iranienne, Asa’ib Ahl al-Haq, est tué à Hama2.
C'est le général Suleimani, le commandant de la force Qods, qui
aurait donné l'ordre aux milices irakiennes pro-iraniennes, Asa’ib
Ahl al-Haq et les Brigades du Hezbollah notamment, d'envoyer leurs
combattants en Syrie dès 2012. Pour les Iraniens, le contrôle de la
zone autour du sanctuaire de Zaynab, au sud de Damas, est essentiel :
non seulement les rebelles pourraient encercler la capitale et
assiéger l'aéroport international de Damas, mais en outre, comme on
l'a dit plus haut, le pélerinage sert de couverture au transit des
Gardiens de la Révolution et autres activités clandestines. Le plus
grand hôtel de Sayyeda Zaynab, l'hôtel As-Safir de Damas, est possé
par la riche famille des Nahas, une famille chiite qui a des liens
étroits avec le clan Assad. Le général Shafiq Fayyad, le cousin de
Hafez el-Assad, a commandé la 3ème division blindée qui a joué un
grand rôle dans la répression du soulèvement des Frères Musulmans
en 1982 puis dans l'échec de la tentative de coup d'Etat de Rifaat,
le frère de Hafez, en 1984. Or Fayyad a marié son fils dans la
famille Nahas. On mesure combien, pour l'Iran, la Syre constitue la
« 35ème province » du pays3.
Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/05/untitled17.png?w=300&h=199 |
Les
premiers indices de la participation de miliciens chiites étrangers
aux combats en Syrie commencent à filtrer à l'automne 2012, par des
interviews avec ces combattants ou par le biais du gouvernement
irakien4.
La plupart de ces miliciens servent dans la brigade Liwa Abou Fadl
al-Abbas. Leur nombre est difficile à évaluer mais un milicien
irakien parlait déjà, en octobre 2012, de 200 Irakiens partis en
Syrie, provenant de scissions du courant de Moqtada al-Sadr et de
milices armées formées par l'Iran sous l'occupation américaine de
l'Irak. L'organisation Badr, un mouvement politique créé par l'Iran
dans les années 1980 pour combattre Saddam Hussein, annonce que le
mouvement s'arme et s'équipe pour éventuellement participer au
conflit. Début octobre 2012, Abou Hajeer, le chef de la brigade Liwa
Abou Fadal al-Abbas, revendique déjà 500 combattants. Cette brigade
rassemble plusieurs sous-unités dont certaines portent des noms
importants de la religion chiite : brigade Ali Akbar, brigade
al-Qasim, brigade Malik al-Ashtar. Au moins une unité est nommée
d'après un des martyrs de la brigade (Ahmad Karaya). En Irak,
l'organisation du recrutement de volontaires s'est accéléré à
partir de la fin 2012 : des convois entiers de bus de pélerins
transportent des combattants et des armes. En octobre 2012, le comité
de recrutement de la province de Diyala, où l'affrontement entre
chiites et sunnites irakiens est très vif (c'est un bastion de
l'Etat Islamique en Irak), prétend avoir expédié 70 combattants en
Syrie. Si la majorité des volontaires sont chiites, il y a aussi des
sunnites et des Druzes. La plupart des combattants chiites irakiens
sont motivés par le désir de prévenir, en Irak, le renouveau des
violences sectaires de 2006, qui avaient coûté la vie à des
centaines de chiites et de sunnites. Pour le moment, la plupart de
ces milices restent basées en Irak, et expédient des combattants en
Syrie : les groupes armés présents en Syrie ne cherchent pas,
comme les factions rebelles, à contrôler des territoires syriens5.
- Les groupes armés irakiens qui envoient des combattants en Syrie
La
présence de miliciens chiites irakiens en Syrie commence à
apparaître au grand jour entre janvier et mai 20136.
En mars, les premières photos et notices de « martyrs »
tués au combat apparaissent : les morts appartiennent à deux
organisations, Asa’ib Ahl al-Haq (La ligue des Justes) and Kata’ib
Hizballah (Les Brigades du Hezbollah). Pour le premier groupe, il n'y
a pas eu d'annonces officielles, simplement des funérailles dans
plusieurs villes irakiennes. Les Brigades du Hezbollah, au contraire,
ont massivement diffusé sur le web (le premier martyr est Ahmed
Mahdi Shuweili), même si les deux groupes n'indiquent jamais où les
combattants ont été tués. Créés sous l'occupation américaine de
l'Irak, ces deux groupes armés ont reçu une aide massive du
Hezbollah et des Gardiens de la Révolution iraniens. On peut donc
considérer que ces deux milices sont de simples paravents du régime
de Téhéran. Plus tard, certaines notices de martyrs prouvent
d'ailleurs que les miliciens sont d'abord passés par l'Iran avant de
gagner la Syrie ; leurs corps sont rapatriés via la frontière
irako-iranienne. On apprend en outre que les combattants d'Asa’ib
Ahl al-Haq servent en fait au sein de la brigade Liwa Abou Fadl
al-Abbas7.
A partir du mois de mai, la confusion est grande dans
l'identification des morts en raison de l'engagement massif du
Hezbollah à al-Qusayr ; or certains membres du Hezbollah qui
font partie de la brigade Liwa Abou Fadl al-Abbas sont aussi tués
près du sanctuaire de Zaynab, au sud de Damas. Un grand nombre de
chiites irakiens tués en Syrie appartient aussi à la brigade Asa’ib
Ahl al-Haq, qui a des liens étroits avec le Hezbollah8.
Cette milice (qui comprend 2 à 3 000 hommes), formée en 2006 par
une scission de l'Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr, avait combattu
les Américains pendant l'occupation de l'Irak et avait notamment
aidé à introduire les fameux IED « explosively formed
penetrator ». Au vu du nombre de martyrs, c'est sans doute
l'un des pourvoyeurs les plus importants. En juillet 2013, le groupe
annonce que les combattants dépêchés en Syrie font partie d'une
unité spéciale : Liwa Kafil Zaynab. Les vidéos du groupe
insistent maintenant sur la coopération avec l'armée syrienne et le
Hezbollah. Un ancien leader sadriste, Muhammad al-Tabatabai, qui fait
peut-être partie de l'encadrement du groupe, est venu visiter les
combattants en Syrie en juillet 20139.
Quant aux Brigades du Hezbollah (400 hommes d'élite), elles ont des
liens étroits avec la force Qods des Gardiens de la Révolution
iraniens : basées à Baghdad, elles font passer en contrebande
et stockent des armes iraniennes en Irak. En décembre 2009, le
groupe avait acquis une certaine notoriété en piratant un drone
Predator américain. Jamal Jafar Muhammad, alias
« l'Ingénieur », qui serait le chef de
l'organisation, pourrait également être l'un des bras droits du
général Suleimani, qui dirige la force Qods. Il aurait participé
aux attentats de 1983 contre les ambassades américaine et française
au Koweït, et à une tentative d'assassinat de l'émir du pays en
1985, à l'époque où l'Iran essayait d'empêcher le soutien
occidental à l'Irak pendant le conflit contre ce pays10.
Harakat
Hizballah al-Nujaba est un groupe créé par les Brigades du
Hezbollah et Asa’ib Ahl al-Haq pour acheminer les combattants en
Syrie. Il a formé, en plus de Liwa’a ‘Ammar Ibn Yasir, la
principale milice, qui opère à Alep, et de Liwa’a al-Imam
al-Hasan al-Mujtaba, qui elle est dans l'est de la Ghouta (voir plus
loin), une autre milice, Liwa’a al-Hamad, à partir de juillet
2013. Le premier martyr n'apparaît que le 5 décembre. Il n'y a
quelques vidéos qui montrent ce dernier groupe en action11.
Emblème de KSS-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/06/untitled187.png?w=277&h=275 |
Autre
milice irakienne qui intervient dans les combats en Syrie :
Kata’ib Sayyid al-Shuhada (KSS : 200 hommes), présente au sud
de Damas pour défendre le tombeau de Zaynab, et qui semble être
surtout un réservoir de miliciens pour ce faire12.
La première mention du groupe date du 14 avril 2013 : elle a
porté plusieurs noms, Kata’ib Karbala et Kata’ib Abu Fadl
al-Abbas, et a envoyé des combattants qui ont servi dans la brigade
Abou Fadal al-Abbas. Certaines sources affirment que la milice serait
issue de scissions des Brigades du Hezbollah, et que Abu Mustafa
Sheibani, un des personages importants ayant participé à la
création de ces groupes spéciaux soutenus par l'Iran en Irak, en
serait le chef. Sheibani, qui a la double nationalité irakienne et
iranienne, était connu en Irak pour diffuser les « explosively
formed penetrator (EFP) roadside bombs ». Là encore, des
corps de combattants tués en Syrie passent par la frontière
Iran-Irak, révélant la source du financement important du groupe.
Une seule vidéo, en juin 2013, mettait en scène la milice en Syrie.
Au moins 4 de ses combattants ont été tués en Syrie ; le
recrutement semble se faire notamment à Bassorah. Fin août 2013, le
total des morts est porté à 8. Il est possible que cette milice
soit la branche militaire en Syrie d'une organisation irakienne de
Bassorah, le mouvement Sayyid al-Shuhada. A l'été 2013, elle
prétend avoir envoyé 500 combattants en Syrie, qui serviraient,
pour la plupart, dans l'est de la Ghouta, les zones rurales autour de
Damas. L'organisation a peut-être, selon Philip Smyth, servi de
paravent à l'organisation Badr irakienne. 8 combattants sont tués
ou portés disparus dans l'est de la Ghouta à la fin août, au
moment des fameuses attaques chimiques. A noter que sur les vidéos
et photographies mises en ligne, les miliciens portent un emblème
distinctif bien reconnaissable. Cette milice se distingue aussi des
autres par le grand nombre de photos ou de vidéos mettant en scène
des cadavres de rebelles, parfois mutilés. Dans son iconographie de
propagande, elle montre seulement Khamenei et l'Ayatollah Muhammed
Baqir Hakim, l'un des fondateurs de l'organisation Badr en Irak, ce
qui renforcerait l'hypothèse des liens avec cette organisation13.
En
février 2013, Hadi al-Amiri, le chef de l'organisation Badr
irakienne (liée à Téhéran), prend prétexte de la livraison
d'armes de la Turquie et du Qatar à al-Qaïda comme déclaration de
guerre à l'Irak14.
Au départ, l'organisation Badr est la milice du Conseil Suprême
pour la Révolution Islamique en Irak, avant de s'en détacher et de
se constituer comme formation politique. En 2006, elle aurait
rassemblé 10 000 miliciens. Le groupe a reçu fonds, entraînement
et armement de l'Iran, et ce même avant de devenir autonome.
L'organisation durcit sa posture après le 20 mai 2013, jour où un
attentat vise un bus de pélerins chiittes près de Tikrit, en Irak,
visant peut-être des conseillers iraniens visant former des
combattants de la milice. Le 17 juin, l'organisation Badr annonce la
mort d'un premier milicien, Yasin Muhammed al-Zayn, qui aurait péri
à Zaynab. Le 13 juillet 2013, elle annonce avoir déjà envoyé 1
500 combattants en Syrie. L'organisation pleurt ses morts qui
appartiennent à une formation spéciale créée pour les besoins de
la guerre syrienne, Quwet Shahid al-Sadr15.
Le 28 juillet, après l'annonce de la mort d'un deuxième martyr,
l'organisation Badr rebaptise cette force expéditionnaire Quwet
al-Shahid Muhammed Baqir al-Sadr, d'après le nom de l'ancien chef du
mouvement Dawa en Irak. Sadr a joue un rôle important, comme clerc à
Nadjaf, dans la formation de l'idéologique qui sera appliquée en
Iran à partir de 1979 par Khomeini : il a été exécuté en
1980 par Saddam Hussein. Les miliciens utilisent plus fréquemment
que les autres les versions du M-16 (dont la carabine M-4) dont
certains équipés de lunettes de visée. Ils utilisent aussi ce qui
est apparemment la copie iranienne du fusil anti-sniper Steyr HS.
5016.
Logo de l'organisation Badr.-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/06/untitled249.png?w=162&h=268 |
Al-Muqawama
al-Islamiyya fi al-Iraq-Faylaq al-Wa’ad al-Sadiq, un groupe dirigé
par Al-Muqawama al-Islamiyya fi al-Iraq-Faylaq al-Wa’ad al-Sadiq,
serait basé à Nadjaf, en Irak. Le nom du groupe renvoie aux
provocations du Hezbollah et à la capture de deux soldats israëliens
qui avait entraîné la guerre contre Tsahal en 2006. On ne sait pas
si le groupe a été créé à cette date ou plus tard, en 2010-2011.
En août 2012, il annonce se tourner vers des projets civils, mais un
an plus tard, il envoie ses premiers combattants en Syrie. La
première vidéo ne date que de janvier 2014 mais a pu être tourné
avant : on y voit une subdivision de la milice, Kata’ib Musa
al-Khadhim-Sariyya ‘Ammar Ibn Yasir, attaquer un Humvee.
Comme Harakat al-Nujaba, le groupe semble être un paravent iranien
reconfiguré pour envoyer des combattants irakiens en Syrie. De
manière intéressante, le groupe prétend combattre à Alep, où
opère déjà Liwa’a ‘Ammar Ibn Yasir : cela confirme
effectivement la présence remarquée de davantage de miliciens
chiites dans le secteur en décembre 2013-janvier 201417.
- Les milices irakiennes basées en Syrie :
La
brigade Liwa Abou Fadl al-Abbas (LAFA) est apparue à l'automne 2012
et confirme si besoin est que la guerre civile syrienne s'oriente
vers un conflit de plus en plus sectaire18.
L'organisation se fixe comme objectifs la défense du sanctuaire
chiite de Sayida Zaynab et des populations chiites environnantes au
sud de Damas. Elle réunit une minorité de combattants syriens et
une majorité de combattants chiites étrangers. Dans l'esprit, elle
reflète ce qu'ont pu être les brigades internationales pendant la
guerre d'Espagne. Cependant, cette milice fait appel à de nombreux
combattants de Asa’ib Ahl al-Haq ou des Brigades du Hezbollah,
soutenues par l'Iran, a des uniformes, des armes flambant neuf, une
structure de commandement et s'identifie avec le Hezbollah libanais.
L'influence de l'Iran est évidente dans la structure de
l'organisation. Le nom du groupe lui-même renvoie à la rupture
historique entre les chiites et les sunnites, Abou Fadl al-Abbas
étant un combattant chiite qui s'illustre à la bataille de Kerbala
et qui était le porte-drapeau de l'imam Hussein. Une vidéo fameuse
montre un combattant de la brigade hissant le drapeau de celle-ci sur
le dôme doré du sanctuaire de Zaynab.
Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/05/untitled35.png?w=960 |
Le
groupe armé rassemble à la fois des chiites irakiens, formés et
armés par l'Iran, et des chiites libanais, dont des combattants du
Hezbollah. Les uniformes et la tactique du tir semi-automatique, pour
améliorer la précision et économiser les munitions, relieraient
LAFA au mouvement libanais. Mais dès le mois d'août 2012, le
Hezbollah était présent autour du sanctuaire de Zaynab :
Hassan Selim Meqdad, capturé par les rebelles, est supposé être un
cadre de l'organisation libanaise. Sous la torture, visiblement, il
avait reconnu la présence de 250 hommes autour du site. En avril
2013, Haidar Haj Ali est tué en Syrie : on croit d'abord qu'il
est de la LAFA, mais il appartient en réalité au Hezbollah, et il a
manifestement péri près du sanctuaire de Zaynab. Les emblèmes
utilisés par LAFA rapprochent celle-ci du Hezbollah, et, derrière,
de l'Iran. On sait que la milice a un secrétaire général, comme le
Hezbollah, Abou Ajeeb (qui vient du vilage de Nubl, près d'Alep) ;
un autre chef important est Abou Hajar (il s'agit de noms de guerre).
Des photos où l'on voit le groupe opérer avec des véhicules de
police ou des équipements plus lourds de l'armée syrienne laissent
penser que la milice est intégrée, d'une façon ou d'une autre, aux
opérations des forces du régime. Equipée de technicals, de
fusils de précision Dragunov, d'armes légères flambant neuf
et même de pièces d'artillerie, LAFA semble opérer de manière
efficace en combat urbain. On sait par ailleurs que LAFA est soutenu,
près du tombeau de Zaynab, par les miliciens
syriens19.
Au total, la brigade LAFA comprendrait entre 500 et 1 500 hommes,
selon les sources.
Le
5 juin 2013, le jour même de la victoire à al-Qusayr, une nouvelle
milice chiite basée à Damas, Liwa’a Zulfiqar (LZ), apparaît sur
Facebook20.
En réalite, ce nouveau groupe est issu de LAFA, probablement dans
l'intention d'agir sur le moral des rebelles en laissant croire qu'un
véritable flot de combattants chiites afflue en Syrie pour aider le
régime. La plupart des miliciens sont tirés de Liwa’a al-Yum
al-Mawud -de Moqtada al-Sadr-, de Asa’ib Ahl al-Haq et des
Brigades du Hezbollah. D'après une dépêche de Reuters datée
du 19 juin, il se pourrait que LZ soit une création nouvelle suite à
des combats ayant opposé les forces du régime syrien aux miliciens
irakiens chiites eux-mêmes (!) à Damas ! Malgré tout, les
miliciens chiites irakiens demeurent dépendants de l'armée syrienne
pour obtenir le matériel lourd (blindés, artillerie, etc)
nécessaire à certaines opérations. La création de LZ
correspondant aussi à un changement d'emblème pour LAFA. Le nom de
la nouvelle formation lui-même est symbolique : Zulfiqar est
l'épée à deux pointes de Mahomet, que celui-ci aurait donnée à
Ali sur son lit de mort, symbolisant pour les chiites la passation de
pouvoir de l'un à l'autre. Les combattants de LZ se distinguent
aussi par le port de tenues à camouflage désertique, contrairement
à ceux de LAFA.
Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/06/untitled236.png?w=300&h=225 |
Liwa’a
‘Ammar Ibn Yasir (LAIY) est le premier groupe composé de miliciens
chiites irakiens à ne pas combattre au sanctuaire de Zaynab21.
LAIY intervient dans la zone au nord d'Alep et dans la cité
elle-même, ce qui tend à prouver que contrairement à ce que l'on
pensait jusque là, les miliciens étrangers ne sont pas employés
qu'à Damas ou dans de grandes offensives comme à al-Qusayr, mais
aussi pour des opérations de combat urbain plus quotidiennes. Le
groupe apparaît fin mai 2013 sur le web et le 4 juin procède aux
funérailles très hautes en couleur de 7 combattants tués en Syrie.
Le nom de l'unité lui-même est encore une fois très instructif :
Ammar Ibn Yasir était l'un des compagnons d'Ali, connu pour sa
loyauté. Sa tombe, à Raqqa, en Syrie, a été détruite par les
insurgés après la prise de la ville en mars 2013. La milice met
souvent en avant dans ses documents iconographiques Akram al-Kaabi,
le chef d'une autre milice chiite, Asa’ib Ahl al-Haq, ce qui
suggère qu'encore une fois, ce nouveau groupe n'est peut-être qu'un
paravent d'une structure antérieure. En plus des 7 tués du 4 juin
2013, un autre mort est enterré le 3 juillet suivant. Sur Youtube,
les vidéos sont postées sous un utilisateur appelé Brigades de
l'Armée du Mahdi, une référence explicite à Moqtada al-Sadr, qui
a été réticent à envoyer des combattants en Syrie et qui est en
délicatesse avec le pouvoir iranien. La milice cherche probablement
ainsi à se gagner les faveurs de volontaires irakiens
supplémentaires. Sur les vidéos, on peut voir très nettement que
les miliciens chiites irakiens arborent un brassard jaune : pour
les insurgés, cela les identifie immédiatement comme combattants
étrangers. Le Hezbollah avait distribué des brassards identiques
pendant la bataille d'al-Qusayr et on sait que LAFA en porte aussi à
Damas. En août 2013, LAIY avait déjà perdu 10 tués en Syrie22.
Logo de LAIY.-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/07/untitled273.png?w=300&h=166 |
Le
23 juillet 2013 apparaît une nouvelle milice, Liwa’a al-Imam
al-Hasan al-Mujtaba-Sariyya Shahid Ahmed Kayara (LIHM), qui combat
dans les environs urbains et ruraux de Damas, et particulièrement au
sud-est de la capitale, près de Shebaa. La milice porte le nom du
2ème imam chiite. Elle se singularise par la reconnaissance, en son
sein, de plusieurs bataillons. Elle prétend en effet disposer d'une
unité de mortiers, d'une autre de roquettes, et de plusieurs
bataillons d'infanterie, dont une force d'intervention rapide, le
bataillon Ashtar. La propagande de la milice colle moins aux
Iraniens, ce qui serait peut-être une façon d'élargir le
recrutement dans le monde chiite. Comme les autres milices, LIHM met
en valeur , en particulier dans ses vidéos, les snipers23.
Fin
septembre 2013, une autre milice se fait jour : Sariyya
al-Tali’a al-Khurasani (STK), nommée d'après Abou Muslim
al-Khurasani, un combattant du VIIIème siècle qui a contribué à
la chute des Omeyyades. L'organisation prétend être basée à
Erbil, au coeur du Kurdistan irakien : elle opère uniquement
dans les zones rurales autour de Damas. La création officielle date
du 8 octobre 2013. Comme les autres milices, elle met en avant la
défense du tombeau de Zaynab et l'idéologie iranienne.
L'organisation met en ligne de nombreuses photos et vidéos de ses
combattants avec une insistance particulière sur des poses à côté
du drapeau de la milice. Le logo est inspiré de celui des Gardiens
de la Révolution. La milice ne semble pas recevoir de combattants
d'autres groupes irakiens. Contrairement aux autres groupes
également, elle donne rapidement le nom de son chef, Ali al-Yasiri.
L'armement est semblable à celui des autres formations, le groupe
utilisant aussi des mortiers légers. Comme l'organisation Badr, les
photos montrent régulièrement des clercs chiites aux côtés des
combattants24.
Logo de STK-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/10/untitled416.png?w=218&h=243 |
Si
la majorité des combattants étrangers venus soutenir le régime
Assad vient d'Irak et du Liban, et suit l'idéologie iranienne,
d'autres ne viennent pas forcément de pays arabes avec de fortes
minorités chiites25.
Des rumeurs font ainsi état de la présence de combattants afghans,
pakistanais et même d'un Africain de l'ouest du continent au sein de
LAFA, la principale milice pro-iranienne. Dès la fin janvier 2013,
les rumeurs s'accumulent sur la présence chiites afghans, peut-être
issus de la minorité des Hazaras. Les rebelles en particulier
s'ingénient à insister sur la présence d'Afghans et de
Pakistanais, impossible à vérifier, d'autant que les éléments
restent épars. Muhammed Suleiman al-Kuwni, dont la mort est annoncée
par LAFA puis par l'Iran les 26-27 juillet 2013, serait un combattant
venu de Côte-d'Ivoire, où vit un demi-million de musulmans chiites.
On sait que le Hezbollah a développé un réseau de financement et
même de recrutement dans ce pays, mais on ne peut là encore
vérifier que ce combattant en est bien originaire.
Récemment,
un journal afghan a affirmé, le 15 janvier 2014, que les Gardiens de
la Révolution recruteraient effectivement parmi la communauté
chiite afghane. Ils auraient expédié 120 hommes en Syrie rien que
durant les deux derniers mois, dont 28 ont été tués et 8 blessés.
Les morts ont été enterrés dans le cimetière iranien de Mashad et
les blessés soignés dans un hôpital des Gardiens de la Révolution.
D'après des vétérans eux-mêmes, les Gardiens recrutent parmi la
communauté afghane réfugiée en Iran (2,5 millions de personnes) en
promettant notamment la résidence permanente aux volontaires. Fin
novembre, un journal lié aux Gardiens de la Révolution avait déjà
annoncé la mort de 10 Afghans réfugiés en Syrie : deux des
martyrs avaient été enterrés à Qoms, ce qui tend à prouver que
les Gardiens fournissent une compensation financière aux familles
des volontaires26.
- Les autres milices
Le
nationalisme arabe, contrairement à ce que l'on pourrait croire, est
loin d'être mort. Il est même encore présent dans de nombreux pays
arabes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les nationalistes arabes
ont ainsi formé leur propre milice en soutien du régime syrien, la
Garde Nationaliste Arabe27.
Formée en avril 2013, celle-ci comprend 4 bataillons, dénommés
Wadih Haddad (un chrétien palestinien, nationaliste arabe, membre du
FPLP), Haydar al-Amali (un penseur nationaliste arabe libanais, mort
en 2007), Mohamed Brahmi (un Tunisien fondateur du Mouvement
Populaire Arabe Nationaliste et Socialiste, tué en juillet 2013 par
les islamistes) et Jules Jammal (un chrétien syrien officier de la
marine syrienne, passé au rang de héros pour avoir soi-disant coulé
un navire français en 1956 pendant la crise de Suez).
L'idéologie
du groupe rallie le discours du régime syrien, face aux intérêts
sionistes, insiste sur la libération de la Palestine, vante les
mérites de Nasser et ceux de la République Arabe Unie entre la
Syrie et l'Egypte entre 1958 et 1961. Dans l'iconographie figurent
aussi Hugo Chavez, le Hezbollah et Saddam Hussein. La Garde
Nationaliste Arabe procède à des recrutements via des réseaux
comme la Jeunesse Nationaliste Arabe, présente à Sidon au Liban, à
Gaza et en Egypte. La milice comprend de nombreux combattants du
monde arabe, dont des Irakiens et des Egyptiens. Elle collabore
étroitement avec l'armée syrienne et se trouve dans les provinces
de Damas, Homs, Alep et Deraa. Elle est surtout présente à Damas et
aux alentours, et aurait pris part à l'offensive dans le Qalamoun en
novembre 2013.
- Encadrement et caractéristiques des milices étrangères en Syrie :
Dans
la presse et les médias, les volontaires irakiens sont souvent
présentés comme désorganisés, mal entraînés28.
En réalité, insister sur les volontaires fait partie d'un récit
cherchant à regrouper l'effort irakien, en particulier parmi les
chiites, derrière le bouclier iranien. Les volontaires constituent
la majorité des recrues mais ils sont sélectionnés par les
autorités syriennes et iraniennes et soumis à un entraînement
sévère, notamment assuré par le Hezbollah. Sur le plan
idéologique, les volontaires acquiescent au discours véhiculé en
Iran. L'apparition des milices irakiennes à partir de mars 2013
permet de constater que les recrues viennent essentiellements des
provinces de Bassorah, Maysan, Nadjaf et Bagdad.
L'entraînement
des miliciens irakiens se ferait notamment en Iran, sous la direction
des Gardiens de la Révolution. Il durerait deux semaines dans des
camps de Sanandaj, une ville de l'ouest du pays. Les volontaires
reçoivent 50 dollars par jour. Les Iraniens forment également plus
longtemps certaines recrues dans des camps spéciaux tenus par la
force Qods à Varamin. Les volontaires sont ensuite expédiés par
groupes de 10 à 15 en avion à Damas. Une fois arrivé, après une
rencontre avec les chefs de milices chiites, ils sont convoyés en
bus. Les vétérans des combats en Irak ont parfois l'expérience des
combats urbains et en rase campagne. Les milices chiites irakiennes
emploient des fusils d'assaut AK-47 et dérivés, des mitrailleuses
PKM, des fusils de précision et des RPG-7. Non seulement elles
montent des checkpoints ou des positions défensives, des
embuscades et des contre-embuscades, mais elles servent parfois,
aussi, d'infanterie appoint pour les unités blindées/mécanisées
syriennes. Elles manoeuvrent également leurs propres technicals.
Les miliciens chiites insistent sur la manipulation de telle ou telle
arme : cela fait partie de leur entraînement en Iran, où ils
reçoivent une formation spécifique sur un armement donné pendant
45 jours. Les snipers, en particulier, sont mis en avant par
LAFA, LAIY et LZ, avec des fusils d'assaut FAL ou Steyr SSG 69 à
lunette, et des versions modifiées du Dragunov SVD. Les
tireurs d'élite servent parfois au sein d'escouades ou de manière
plus indépendante, en solitaire ou en binôme.
Depuis
octobre 2013, Philip Smyth note, parmi les photos et vidéos de
combattants des milices chiites, une présence plus important des
armes anti-snipers29.
Ces armes sont peut-être des copies iraniennes du Steyr HS. 50 de
12,7 mm, une arme qui porte jusqu'à 1 500 m. L'Iran en avait reçu
800 en 2007 (les Américais en ont retrouvé une centaine en Irak, et
au moins un soldat a été tué par une telle arme), mais il est
probable que les miliciens manipulent, de fait, des copies, le
Sayad-230.
Téhéran a pu en convoyer au régime syrien par avion ou celui-ci
s'est « servi » lors de livraisons précédentes
d'armes par l'Iran au Hezbollah, en tant qu'intermédiaire de
transit. En Syrie, en plus du Hezbollah libanais, les milices
alimentées par Harakat Hizballah al-Nujaba sont fréquemment vues
avec cette arme. Cette augmentation des images de matériel
anti-sniper est peut-être destinée à des fins de propagande ;
l'arme est probablement devenue plus répandue avec la prolifération
des milices chiites ; enfin, le régime a mené plusieurs
offensives à l'automne qui ont pu conduire à davantage utiliser cet
équipement.
Un membre de LAIY avec un fusil anti-sniper cal.50.-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/12/untitled467.png?w=300&h=338 |
La question du nombre de miliciens, en particulier irakiens, qui participent aux combats en Syrie est l'une des plus sensibles. Comme on l'a dit au début de cet article, certaines sources parlent de 3 500 à 4 000 hommes. En juin 2013, Philip Smyth faisant le décompte suivant : entre 800 et 2 000 combattants31. Dans un article du journal Elaph, basé à Londres, Viviane Aqiqi, qui écrit depuis Beyrouth, évoque le chiffre de 5 000 miliciens chiites irakiens déjà formés et expédiés en Syrie par les Gardiens de la Révolution : 500 pour As’ib Ahl al-Haq, 600 pour les Brigades du Hezbollah, 400 pour Kata’ib Sayyid al-Shuhada, 2 000 pour Liwa al-Youm al-Mawud, 200 pour Saraya Tala’i al-Khurasani, 300 pour Quwet al-Shahid Muhammed Baqir al-Sadr, 500 pour Liwa Abul-Fadl al-Abbas et 150 pour les brigades de l'imam Hussein32. En juin 2013, Philip Smyth, d'après les notices des martyrs, avait établi qu'une à deux douzaines de combattants irakiens chiites étaient tués chaque mois en Syrie33. Les chiffres semblent cependant dérisoires face aux besoins militaires du régime : d'après une étude rebelle (à prendre avec précaution, mais qui recoupent certains observations de spécialistes), Assad ne pourrait compter que sur à peine 40 000 hommes de l'ancienne armée régulière, et jusqu'à 45 000 miliciens, des Forces Nationales de Défense ou autres34. Ce qui est quasiment certain, c'est que les effectifs de l'armée syrienne, qui comptait plus de 300 000 hommes en 2011, sont tombés à 100 000, ou même un peu moins, aujourd'hui. D'où le recours aux miliciens, regroupés en 2013 sous l'ombrelle des Forces Nationales de Défense, mais qui n'alignent encore que 50 000 hommes. D'où l'importance des contingents étrangers, souvent rapidement disponibles et prêts à combattre, et qui ont souvent fait la décision là où ils sont intervenus (comme le Hezbollah à al-Qusayr)35.
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1Matthew
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2Will
Fulton, Joseph Holliday, et Sam Wyer, Iranian Strategy in Syria,
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3Will
Fulton, Joseph Holliday, et Sam Wyer, Iranian Strategy in Syria,
Institute for the Study of War, mai 2013.
4Christopher
Anzalone, « Zaynab’s Guardians: The Emergence of Shi`a
Militias in Syria », CTC Sentinel jjuillet 2013 . Vol
6. Issue 7, p.16-21.
5Carl
Yonker, Iran’s Shadow Warriors: Iraqi Shiʿi Militias Defending
the Faithful in Syria and Iraq, Tel Aviv Notes, The Moshe Dayan
Center, Volume 7, Number 23, 10 décembre 2013.
6Phillip
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7Phillip
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8Phillip
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9Phillip
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10Thomas
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IRANIAN MILITARY INVOLVEMENT IN IRAQ », The Jamestown
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2010.
11Philip
Smyth, « Hizballah Cavalcade: Liwa’a al-Hamad: Harakat
al-Nujaba’s Latest Shia Militia in Syria », Jihadology.net,
21 décembre 2013.
12Phillip
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13Phillip
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Emerges: Updates on the New Iraqi Shia Militia Supplying Fighters to
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14Phillip
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15Phillip
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Confirmation of the Badr Organization’s Involvement in Syria »,
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16Phillip
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17Phillip
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18Phillip
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al-Abbas (LAFA)?: Assessing Syria’s Shia “International Brigade”
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19Hezbollah
Involvement in the Syrian Civil War, The Meir Amit Intelligence and
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20Phillip
Smyth, « Hizballah Cavalcade: Liwa’a Zulfiqar: Birth of A
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21Phillip
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20 juillet 2013.
22Matthew
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p.14-17.
23Phillip
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24Phillip
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25Phillip
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28Phillip
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29Phillip
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31Michael
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33Michael
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35Jeffrey
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