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Mourir pour Assad ? Les combattants étrangers pro-régime en Syrie (2/2)

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Les miliciens étrangers


Le Hezbollah est coutumier de la formation, de l'entraînement et de l'encadrement de milices. Il l'avait déjà fait pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988) aux côtés des Gardiens de la Révolution iraniens. Le Hezbollah participe ainsi à la formation de Jaysh al-Shabi (puis des Forces Nationales de Défense), l'armée populaire liée à la structure de l'armée syrienne en pleine recomposition depuis le début de la guerre civile. Cette initiative prouve d'ailleurs que le régime syrien a su reconfigurer son armée pour faire face à une menace irrégulière et asymétrique, avec une milice formée sur le modèle de la Basij iranienne1. Dès le début 2012, Jaafar Athab, membre d'une milice irakienne pro-iranienne, Asa’ib Ahl al-Haq, est tué à Hama2. C'est le général Suleimani, le commandant de la force Qods, qui aurait donné l'ordre aux milices irakiennes pro-iraniennes, Asa’ib Ahl al-Haq et les Brigades du Hezbollah notamment, d'envoyer leurs combattants en Syrie dès 2012. Pour les Iraniens, le contrôle de la zone autour du sanctuaire de Zaynab, au sud de Damas, est essentiel : non seulement les rebelles pourraient encercler la capitale et assiéger l'aéroport international de Damas, mais en outre, comme on l'a dit plus haut, le pélerinage sert de couverture au transit des Gardiens de la Révolution et autres activités clandestines. Le plus grand hôtel de Sayyeda Zaynab, l'hôtel As-Safir de Damas, est possé par la riche famille des Nahas, une famille chiite qui a des liens étroits avec le clan Assad. Le général Shafiq Fayyad, le cousin de Hafez el-Assad, a commandé la 3ème division blindée qui a joué un grand rôle dans la répression du soulèvement des Frères Musulmans en 1982 puis dans l'échec de la tentative de coup d'Etat de Rifaat, le frère de Hafez, en 1984. Or Fayyad a marié son fils dans la famille Nahas. On mesure combien, pour l'Iran, la Syre constitue la « 35ème province » du pays3.

Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/05/untitled17.png?w=300&h=199


Les premiers indices de la participation de miliciens chiites étrangers aux combats en Syrie commencent à filtrer à l'automne 2012, par des interviews avec ces combattants ou par le biais du gouvernement irakien4. La plupart de ces miliciens servent dans la brigade Liwa Abou Fadl al-Abbas. Leur nombre est difficile à évaluer mais un milicien irakien parlait déjà, en octobre 2012, de 200 Irakiens partis en Syrie, provenant de scissions du courant de Moqtada al-Sadr et de milices armées formées par l'Iran sous l'occupation américaine de l'Irak. L'organisation Badr, un mouvement politique créé par l'Iran dans les années 1980 pour combattre Saddam Hussein, annonce que le mouvement s'arme et s'équipe pour éventuellement participer au conflit. Début octobre 2012, Abou Hajeer, le chef de la brigade Liwa Abou Fadal al-Abbas, revendique déjà 500 combattants. Cette brigade rassemble plusieurs sous-unités dont certaines portent des noms importants de la religion chiite : brigade Ali Akbar, brigade al-Qasim, brigade Malik al-Ashtar. Au moins une unité est nommée d'après un des martyrs de la brigade (Ahmad Karaya). En Irak, l'organisation du recrutement de volontaires s'est accéléré à partir de la fin 2012 : des convois entiers de bus de pélerins transportent des combattants et des armes. En octobre 2012, le comité de recrutement de la province de Diyala, où l'affrontement entre chiites et sunnites irakiens est très vif (c'est un bastion de l'Etat Islamique en Irak), prétend avoir expédié 70 combattants en Syrie. Si la majorité des volontaires sont chiites, il y a aussi des sunnites et des Druzes. La plupart des combattants chiites irakiens sont motivés par le désir de prévenir, en Irak, le renouveau des violences sectaires de 2006, qui avaient coûté la vie à des centaines de chiites et de sunnites. Pour le moment, la plupart de ces milices restent basées en Irak, et expédient des combattants en Syrie : les groupes armés présents en Syrie ne cherchent pas, comme les factions rebelles, à contrôler des territoires syriens5.




  • Les groupes armés irakiens qui envoient des combattants en Syrie

La présence de miliciens chiites irakiens en Syrie commence à apparaître au grand jour entre janvier et mai 20136. En mars, les premières photos et notices de « martyrs » tués au combat apparaissent : les morts appartiennent à deux organisations, Asa’ib Ahl al-Haq (La ligue des Justes) and Kata’ib Hizballah (Les Brigades du Hezbollah). Pour le premier groupe, il n'y a pas eu d'annonces officielles, simplement des funérailles dans plusieurs villes irakiennes. Les Brigades du Hezbollah, au contraire, ont massivement diffusé sur le web (le premier martyr est Ahmed Mahdi Shuweili), même si les deux groupes n'indiquent jamais où les combattants ont été tués. Créés sous l'occupation américaine de l'Irak, ces deux groupes armés ont reçu une aide massive du Hezbollah et des Gardiens de la Révolution iraniens. On peut donc considérer que ces deux milices sont de simples paravents du régime de Téhéran. Plus tard, certaines notices de martyrs prouvent d'ailleurs que les miliciens sont d'abord passés par l'Iran avant de gagner la Syrie ; leurs corps sont rapatriés via la frontière irako-iranienne. On apprend en outre que les combattants d'Asa’ib Ahl al-Haq servent en fait au sein de la brigade Liwa Abou Fadl al-Abbas7. A partir du mois de mai, la confusion est grande dans l'identification des morts en raison de l'engagement massif du Hezbollah à al-Qusayr ; or certains membres du Hezbollah qui font partie de la brigade Liwa Abou Fadl al-Abbas sont aussi tués près du sanctuaire de Zaynab, au sud de Damas. Un grand nombre de chiites irakiens tués en Syrie appartient aussi à la brigade Asa’ib Ahl al-Haq, qui a des liens étroits avec le Hezbollah8. Cette milice (qui comprend 2 à 3 000 hommes), formée en 2006 par une scission de l'Armée du Mahdi de Moqtada al-Sadr, avait combattu les Américains pendant l'occupation de l'Irak et avait notamment aidé à introduire les fameux IED « explosively formed penetrator ». Au vu du nombre de martyrs, c'est sans doute l'un des pourvoyeurs les plus importants. En juillet 2013, le groupe annonce que les combattants dépêchés en Syrie font partie d'une unité spéciale : Liwa Kafil Zaynab. Les vidéos du groupe insistent maintenant sur la coopération avec l'armée syrienne et le Hezbollah. Un ancien leader sadriste, Muhammad al-Tabatabai, qui fait peut-être partie de l'encadrement du groupe, est venu visiter les combattants en Syrie en juillet 20139. Quant aux Brigades du Hezbollah (400 hommes d'élite), elles ont des liens étroits avec la force Qods des Gardiens de la Révolution iraniens : basées à Baghdad, elles font passer en contrebande et stockent des armes iraniennes en Irak. En décembre 2009, le groupe avait acquis une certaine notoriété en piratant un drone Predator américain. Jamal Jafar Muhammad, alias « l'Ingénieur », qui serait le chef de l'organisation, pourrait également être l'un des bras droits du général Suleimani, qui dirige la force Qods. Il aurait participé aux attentats de 1983 contre les ambassades américaine et française au Koweït, et à une tentative d'assassinat de l'émir du pays en 1985, à l'époque où l'Iran essayait d'empêcher le soutien occidental à l'Irak pendant le conflit contre ce pays10.


  


Harakat Hizballah al-Nujaba est un groupe créé par les Brigades du Hezbollah et Asa’ib Ahl al-Haq pour acheminer les combattants en Syrie. Il a formé, en plus de Liwa’a ‘Ammar Ibn Yasir, la principale milice, qui opère à Alep, et de Liwa’a al-Imam al-Hasan al-Mujtaba, qui elle est dans l'est de la Ghouta (voir plus loin), une autre milice, Liwa’a al-Hamad, à partir de juillet 2013. Le premier martyr n'apparaît que le 5 décembre. Il n'y a quelques vidéos qui montrent ce dernier groupe en action11.

Emblème de KSS-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/06/untitled187.png?w=277&h=275


Autre milice irakienne qui intervient dans les combats en Syrie : Kata’ib Sayyid al-Shuhada (KSS : 200 hommes), présente au sud de Damas pour défendre le tombeau de Zaynab, et qui semble être surtout un réservoir de miliciens pour ce faire12. La première mention du groupe date du 14 avril 2013 : elle a porté plusieurs noms, Kata’ib Karbala et Kata’ib Abu Fadl al-Abbas, et a envoyé des combattants qui ont servi dans la brigade Abou Fadal al-Abbas. Certaines sources affirment que la milice serait issue de scissions des Brigades du Hezbollah, et que Abu Mustafa Sheibani, un des personages importants ayant participé à la création de ces groupes spéciaux soutenus par l'Iran en Irak, en serait le chef. Sheibani, qui a la double nationalité irakienne et iranienne, était connu en Irak pour diffuser les « explosively formed penetrator (EFP) roadside bombs ». Là encore, des corps de combattants tués en Syrie passent par la frontière Iran-Irak, révélant la source du financement important du groupe. Une seule vidéo, en juin 2013, mettait en scène la milice en Syrie. Au moins 4 de ses combattants ont été tués en Syrie ; le recrutement semble se faire notamment à Bassorah. Fin août 2013, le total des morts est porté à 8. Il est possible que cette milice soit la branche militaire en Syrie d'une organisation irakienne de Bassorah, le mouvement Sayyid al-Shuhada. A l'été 2013, elle prétend avoir envoyé 500 combattants en Syrie, qui serviraient, pour la plupart, dans l'est de la Ghouta, les zones rurales autour de Damas. L'organisation a peut-être, selon Philip Smyth, servi de paravent à l'organisation Badr irakienne. 8 combattants sont tués ou portés disparus dans l'est de la Ghouta à la fin août, au moment des fameuses attaques chimiques. A noter que sur les vidéos et photographies mises en ligne, les miliciens portent un emblème distinctif bien reconnaissable. Cette milice se distingue aussi des autres par le grand nombre de photos ou de vidéos mettant en scène des cadavres de rebelles, parfois mutilés. Dans son iconographie de propagande, elle montre seulement Khamenei et l'Ayatollah Muhammed Baqir Hakim, l'un des fondateurs de l'organisation Badr en Irak, ce qui renforcerait l'hypothèse des liens avec cette organisation13.



En février 2013, Hadi al-Amiri, le chef de l'organisation Badr irakienne (liée à Téhéran), prend prétexte de la livraison d'armes de la Turquie et du Qatar à al-Qaïda comme déclaration de guerre à l'Irak14. Au départ, l'organisation Badr est la milice du Conseil Suprême pour la Révolution Islamique en Irak, avant de s'en détacher et de se constituer comme formation politique. En 2006, elle aurait rassemblé 10 000 miliciens. Le groupe a reçu fonds, entraînement et armement de l'Iran, et ce même avant de devenir autonome. L'organisation durcit sa posture après le 20 mai 2013, jour où un attentat vise un bus de pélerins chiittes près de Tikrit, en Irak, visant peut-être des conseillers iraniens visant former des combattants de la milice. Le 17 juin, l'organisation Badr annonce la mort d'un premier milicien, Yasin Muhammed al-Zayn, qui aurait péri à Zaynab. Le 13 juillet 2013, elle annonce avoir déjà envoyé 1 500 combattants en Syrie. L'organisation pleurt ses morts qui appartiennent à une formation spéciale créée pour les besoins de la guerre syrienne, Quwet Shahid al-Sadr15. Le 28 juillet, après l'annonce de la mort d'un deuxième martyr, l'organisation Badr rebaptise cette force expéditionnaire Quwet al-Shahid Muhammed Baqir al-Sadr, d'après le nom de l'ancien chef du mouvement Dawa en Irak. Sadr a joue un rôle important, comme clerc à Nadjaf, dans la formation de l'idéologique qui sera appliquée en Iran à partir de 1979 par Khomeini : il a été exécuté en 1980 par Saddam Hussein. Les miliciens utilisent plus fréquemment que les autres les versions du M-16 (dont la carabine M-4) dont certains équipés de lunettes de visée. Ils utilisent aussi ce qui est apparemment la copie iranienne du fusil anti-sniper Steyr HS. 5016.

Logo de l'organisation Badr.-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/06/untitled249.png?w=162&h=268

Al-Muqawama al-Islamiyya fi al-Iraq-Faylaq al-Wa’ad al-Sadiq, un groupe dirigé par Al-Muqawama al-Islamiyya fi al-Iraq-Faylaq al-Wa’ad al-Sadiq, serait basé à Nadjaf, en Irak. Le nom du groupe renvoie aux provocations du Hezbollah et à la capture de deux soldats israëliens qui avait entraîné la guerre contre Tsahal en 2006. On ne sait pas si le groupe a été créé à cette date ou plus tard, en 2010-2011. En août 2012, il annonce se tourner vers des projets civils, mais un an plus tard, il envoie ses premiers combattants en Syrie. La première vidéo ne date que de janvier 2014 mais a pu être tourné avant : on y voit une subdivision de la milice, Kata’ib Musa al-Khadhim-Sariyya ‘Ammar Ibn Yasir, attaquer un Humvee. Comme Harakat al-Nujaba, le groupe semble être un paravent iranien reconfiguré pour envoyer des combattants irakiens en Syrie. De manière intéressante, le groupe prétend combattre à Alep, où opère déjà Liwa’a ‘Ammar Ibn Yasir : cela confirme effectivement la présence remarquée de davantage de miliciens chiites dans le secteur en décembre 2013-janvier 201417.


  • Les milices irakiennes basées en Syrie :


La brigade Liwa Abou Fadl al-Abbas (LAFA) est apparue à l'automne 2012 et confirme si besoin est que la guerre civile syrienne s'oriente vers un conflit de plus en plus sectaire18. L'organisation se fixe comme objectifs la défense du sanctuaire chiite de Sayida Zaynab et des populations chiites environnantes au sud de Damas. Elle réunit une minorité de combattants syriens et une majorité de combattants chiites étrangers. Dans l'esprit, elle reflète ce qu'ont pu être les brigades internationales pendant la guerre d'Espagne. Cependant, cette milice fait appel à de nombreux combattants de Asa’ib Ahl al-Haq ou des Brigades du Hezbollah, soutenues par l'Iran, a des uniformes, des armes flambant neuf, une structure de commandement et s'identifie avec le Hezbollah libanais. L'influence de l'Iran est évidente dans la structure de l'organisation. Le nom du groupe lui-même renvoie à la rupture historique entre les chiites et les sunnites, Abou Fadl al-Abbas étant un combattant chiite qui s'illustre à la bataille de Kerbala et qui était le porte-drapeau de l'imam Hussein. Une vidéo fameuse montre un combattant de la brigade hissant le drapeau de celle-ci sur le dôme doré du sanctuaire de Zaynab.


Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/05/untitled35.png?w=960

Le groupe armé rassemble à la fois des chiites irakiens, formés et armés par l'Iran, et des chiites libanais, dont des combattants du Hezbollah. Les uniformes et la tactique du tir semi-automatique, pour améliorer la précision et économiser les munitions, relieraient LAFA au mouvement libanais. Mais dès le mois d'août 2012, le Hezbollah était présent autour du sanctuaire de Zaynab : Hassan Selim Meqdad, capturé par les rebelles, est supposé être un cadre de l'organisation libanaise. Sous la torture, visiblement, il avait reconnu la présence de 250 hommes autour du site. En avril 2013, Haidar Haj Ali est tué en Syrie : on croit d'abord qu'il est de la LAFA, mais il appartient en réalité au Hezbollah, et il a manifestement péri près du sanctuaire de Zaynab. Les emblèmes utilisés par LAFA rapprochent celle-ci du Hezbollah, et, derrière, de l'Iran. On sait que la milice a un secrétaire général, comme le Hezbollah, Abou Ajeeb (qui vient du vilage de Nubl, près d'Alep) ; un autre chef important est Abou Hajar (il s'agit de noms de guerre). Des photos où l'on voit le groupe opérer avec des véhicules de police ou des équipements plus lourds de l'armée syrienne laissent penser que la milice est intégrée, d'une façon ou d'une autre, aux opérations des forces du régime. Equipée de technicals, de fusils de précision Dragunov, d'armes légères flambant neuf et même de pièces d'artillerie, LAFA semble opérer de manière efficace en combat urbain. On sait par ailleurs que LAFA est soutenu, près du tombeau de Zaynab, par les miliciens syriens19. Au total, la brigade LAFA comprendrait entre 500 et 1 500 hommes, selon les sources.



Le 5 juin 2013, le jour même de la victoire à al-Qusayr, une nouvelle milice chiite basée à Damas, Liwa’a Zulfiqar (LZ), apparaît sur Facebook20. En réalite, ce nouveau groupe est issu de LAFA, probablement dans l'intention d'agir sur le moral des rebelles en laissant croire qu'un véritable flot de combattants chiites afflue en Syrie pour aider le régime. La plupart des miliciens sont tirés de Liwa’a al-Yum al-Mawud -de Moqtada al-Sadr-, de Asa’ib Ahl al-Haq et des Brigades du Hezbollah. D'après une dépêche de Reuters datée du 19 juin, il se pourrait que LZ soit une création nouvelle suite à des combats ayant opposé les forces du régime syrien aux miliciens irakiens chiites eux-mêmes (!) à Damas ! Malgré tout, les miliciens chiites irakiens demeurent dépendants de l'armée syrienne pour obtenir le matériel lourd (blindés, artillerie, etc) nécessaire à certaines opérations. La création de LZ correspondant aussi à un changement d'emblème pour LAFA. Le nom de la nouvelle formation lui-même est symbolique : Zulfiqar est l'épée à deux pointes de Mahomet, que celui-ci aurait donnée à Ali sur son lit de mort, symbolisant pour les chiites la passation de pouvoir de l'un à l'autre. Les combattants de LZ se distinguent aussi par le port de tenues à camouflage désertique, contrairement à ceux de LAFA.

Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/06/untitled236.png?w=300&h=225





Liwa’a ‘Ammar Ibn Yasir (LAIY) est le premier groupe composé de miliciens chiites irakiens à ne pas combattre au sanctuaire de Zaynab21. LAIY intervient dans la zone au nord d'Alep et dans la cité elle-même, ce qui tend à prouver que contrairement à ce que l'on pensait jusque là, les miliciens étrangers ne sont pas employés qu'à Damas ou dans de grandes offensives comme à al-Qusayr, mais aussi pour des opérations de combat urbain plus quotidiennes. Le groupe apparaît fin mai 2013 sur le web et le 4 juin procède aux funérailles très hautes en couleur de 7 combattants tués en Syrie. Le nom de l'unité lui-même est encore une fois très instructif : Ammar Ibn Yasir était l'un des compagnons d'Ali, connu pour sa loyauté. Sa tombe, à Raqqa, en Syrie, a été détruite par les insurgés après la prise de la ville en mars 2013. La milice met souvent en avant dans ses documents iconographiques Akram al-Kaabi, le chef d'une autre milice chiite, Asa’ib Ahl al-Haq, ce qui suggère qu'encore une fois, ce nouveau groupe n'est peut-être qu'un paravent d'une structure antérieure. En plus des 7 tués du 4 juin 2013, un autre mort est enterré le 3 juillet suivant. Sur Youtube, les vidéos sont postées sous un utilisateur appelé Brigades de l'Armée du Mahdi, une référence explicite à Moqtada al-Sadr, qui a été réticent à envoyer des combattants en Syrie et qui est en délicatesse avec le pouvoir iranien. La milice cherche probablement ainsi à se gagner les faveurs de volontaires irakiens supplémentaires. Sur les vidéos, on peut voir très nettement que les miliciens chiites irakiens arborent un brassard jaune : pour les insurgés, cela les identifie immédiatement comme combattants étrangers. Le Hezbollah avait distribué des brassards identiques pendant la bataille d'al-Qusayr et on sait que LAFA en porte aussi à Damas. En août 2013, LAIY avait déjà perdu 10 tués en Syrie22.

Logo de LAIY.-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/07/untitled273.png?w=300&h=166

Le 23 juillet 2013 apparaît une nouvelle milice, Liwa’a al-Imam al-Hasan al-Mujtaba-Sariyya Shahid Ahmed Kayara (LIHM), qui combat dans les environs urbains et ruraux de Damas, et particulièrement au sud-est de la capitale, près de Shebaa. La milice porte le nom du 2ème imam chiite. Elle se singularise par la reconnaissance, en son sein, de plusieurs bataillons. Elle prétend en effet disposer d'une unité de mortiers, d'une autre de roquettes, et de plusieurs bataillons d'infanterie, dont une force d'intervention rapide, le bataillon Ashtar. La propagande de la milice colle moins aux Iraniens, ce qui serait peut-être une façon d'élargir le recrutement dans le monde chiite. Comme les autres milices, LIHM met en valeur , en particulier dans ses vidéos, les snipers23.

Fin septembre 2013, une autre milice se fait jour : Sariyya al-Tali’a al-Khurasani (STK), nommée d'après Abou Muslim al-Khurasani, un combattant du VIIIème siècle qui a contribué à la chute des Omeyyades. L'organisation prétend être basée à Erbil, au coeur du Kurdistan irakien : elle opère uniquement dans les zones rurales autour de Damas. La création officielle date du 8 octobre 2013. Comme les autres milices, elle met en avant la défense du tombeau de Zaynab et l'idéologie iranienne. L'organisation met en ligne de nombreuses photos et vidéos de ses combattants avec une insistance particulière sur des poses à côté du drapeau de la milice. Le logo est inspiré de celui des Gardiens de la Révolution. La milice ne semble pas recevoir de combattants d'autres groupes irakiens. Contrairement aux autres groupes également, elle donne rapidement le nom de son chef, Ali al-Yasiri. L'armement est semblable à celui des autres formations, le groupe utilisant aussi des mortiers légers. Comme l'organisation Badr, les photos montrent régulièrement des clercs chiites aux côtés des combattants24.

Logo de STK-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/10/untitled416.png?w=218&h=243

Si la majorité des combattants étrangers venus soutenir le régime Assad vient d'Irak et du Liban, et suit l'idéologie iranienne, d'autres ne viennent pas forcément de pays arabes avec de fortes minorités chiites25. Des rumeurs font ainsi état de la présence de combattants afghans, pakistanais et même d'un Africain de l'ouest du continent au sein de LAFA, la principale milice pro-iranienne. Dès la fin janvier 2013, les rumeurs s'accumulent sur la présence chiites afghans, peut-être issus de la minorité des Hazaras. Les rebelles en particulier s'ingénient à insister sur la présence d'Afghans et de Pakistanais, impossible à vérifier, d'autant que les éléments restent épars. Muhammed Suleiman al-Kuwni, dont la mort est annoncée par LAFA puis par l'Iran les 26-27 juillet 2013, serait un combattant venu de Côte-d'Ivoire, où vit un demi-million de musulmans chiites. On sait que le Hezbollah a développé un réseau de financement et même de recrutement dans ce pays, mais on ne peut là encore vérifier que ce combattant en est bien originaire.

Récemment, un journal afghan a affirmé, le 15 janvier 2014, que les Gardiens de la Révolution recruteraient effectivement parmi la communauté chiite afghane. Ils auraient expédié 120 hommes en Syrie rien que durant les deux derniers mois, dont 28 ont été tués et 8 blessés. Les morts ont été enterrés dans le cimetière iranien de Mashad et les blessés soignés dans un hôpital des Gardiens de la Révolution. D'après des vétérans eux-mêmes, les Gardiens recrutent parmi la communauté afghane réfugiée en Iran (2,5 millions de personnes) en promettant notamment la résidence permanente aux volontaires. Fin novembre, un journal lié aux Gardiens de la Révolution avait déjà annoncé la mort de 10 Afghans réfugiés en Syrie : deux des martyrs avaient été enterrés à Qoms, ce qui tend à prouver que les Gardiens fournissent une compensation financière aux familles des volontaires26.


  • Les autres milices


Le nationalisme arabe, contrairement à ce que l'on pourrait croire, est loin d'être mort. Il est même encore présent dans de nombreux pays arabes d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les nationalistes arabes ont ainsi formé leur propre milice en soutien du régime syrien, la Garde Nationaliste Arabe27. Formée en avril 2013, celle-ci comprend 4 bataillons, dénommés Wadih Haddad (un chrétien palestinien, nationaliste arabe, membre du FPLP), Haydar al-Amali (un penseur nationaliste arabe libanais, mort en 2007), Mohamed Brahmi (un Tunisien fondateur du Mouvement Populaire Arabe Nationaliste et Socialiste, tué en juillet 2013 par les islamistes) et Jules Jammal (un chrétien syrien officier de la marine syrienne, passé au rang de héros pour avoir soi-disant coulé un navire français en 1956 pendant la crise de Suez).

L'idéologie du groupe rallie le discours du régime syrien, face aux intérêts sionistes, insiste sur la libération de la Palestine, vante les mérites de Nasser et ceux de la République Arabe Unie entre la Syrie et l'Egypte entre 1958 et 1961. Dans l'iconographie figurent aussi Hugo Chavez, le Hezbollah et Saddam Hussein. La Garde Nationaliste Arabe procède à des recrutements via des réseaux comme la Jeunesse Nationaliste Arabe, présente à Sidon au Liban, à Gaza et en Egypte. La milice comprend de nombreux combattants du monde arabe, dont des Irakiens et des Egyptiens. Elle collabore étroitement avec l'armée syrienne et se trouve dans les provinces de Damas, Homs, Alep et Deraa. Elle est surtout présente à Damas et aux alentours, et aurait pris part à l'offensive dans le Qalamoun en novembre 2013.


  • Encadrement et caractéristiques des milices étrangères en Syrie :

Dans la presse et les médias, les volontaires irakiens sont souvent présentés comme désorganisés, mal entraînés28. En réalité, insister sur les volontaires fait partie d'un récit cherchant à regrouper l'effort irakien, en particulier parmi les chiites, derrière le bouclier iranien. Les volontaires constituent la majorité des recrues mais ils sont sélectionnés par les autorités syriennes et iraniennes et soumis à un entraînement sévère, notamment assuré par le Hezbollah. Sur le plan idéologique, les volontaires acquiescent au discours véhiculé en Iran. L'apparition des milices irakiennes à partir de mars 2013 permet de constater que les recrues viennent essentiellements des provinces de Bassorah, Maysan, Nadjaf et Bagdad.

L'entraînement des miliciens irakiens se ferait notamment en Iran, sous la direction des Gardiens de la Révolution. Il durerait deux semaines dans des camps de Sanandaj, une ville de l'ouest du pays. Les volontaires reçoivent 50 dollars par jour. Les Iraniens forment également plus longtemps certaines recrues dans des camps spéciaux tenus par la force Qods à Varamin. Les volontaires sont ensuite expédiés par groupes de 10 à 15 en avion à Damas. Une fois arrivé, après une rencontre avec les chefs de milices chiites, ils sont convoyés en bus. Les vétérans des combats en Irak ont parfois l'expérience des combats urbains et en rase campagne. Les milices chiites irakiennes emploient des fusils d'assaut AK-47 et dérivés, des mitrailleuses PKM, des fusils de précision et des RPG-7. Non seulement elles montent des checkpoints ou des positions défensives, des embuscades et des contre-embuscades, mais elles servent parfois, aussi, d'infanterie appoint pour les unités blindées/mécanisées syriennes. Elles manoeuvrent également leurs propres technicals. Les miliciens chiites insistent sur la manipulation de telle ou telle arme : cela fait partie de leur entraînement en Iran, où ils reçoivent une formation spécifique sur un armement donné pendant 45 jours. Les snipers, en particulier, sont mis en avant par LAFA, LAIY et LZ, avec des fusils d'assaut FAL ou Steyr SSG 69 à lunette, et des versions modifiées du Dragunov SVD. Les tireurs d'élite servent parfois au sein d'escouades ou de manière plus indépendante, en solitaire ou en binôme.

Depuis octobre 2013, Philip Smyth note, parmi les photos et vidéos de combattants des milices chiites, une présence plus important des armes anti-snipers29. Ces armes sont peut-être des copies iraniennes du Steyr HS. 50 de 12,7 mm, une arme qui porte jusqu'à 1 500 m. L'Iran en avait reçu 800 en 2007 (les Américais en ont retrouvé une centaine en Irak, et au moins un soldat a été tué par une telle arme), mais il est probable que les miliciens manipulent, de fait, des copies, le Sayad-230. Téhéran a pu en convoyer au régime syrien par avion ou celui-ci s'est « servi » lors de livraisons précédentes d'armes par l'Iran au Hezbollah, en tant qu'intermédiaire de transit. En Syrie, en plus du Hezbollah libanais, les milices alimentées par Harakat Hizballah al-Nujaba sont fréquemment vues avec cette arme. Cette augmentation des images de matériel anti-sniper est peut-être destinée à des fins de propagande ; l'arme est probablement devenue plus répandue avec la prolifération des milices chiites ; enfin, le régime a mené plusieurs offensives à l'automne qui ont pu conduire à davantage utiliser cet équipement.

Un membre de LAIY avec un fusil anti-sniper cal.50.-Source : http://azelin.files.wordpress.com/2013/12/untitled467.png?w=300&h=338



La question du nombre de miliciens, en particulier irakiens, qui participent aux combats en Syrie est l'une des plus sensibles. Comme on l'a dit au début de cet article, certaines sources parlent de 3 500 à 4 000 hommes. En juin 2013, Philip Smyth faisant le décompte suivant : entre 800 et 2 000 combattants31. Dans un article du journal Elaph, basé à Londres, Viviane Aqiqi, qui écrit depuis Beyrouth, évoque le chiffre de 5 000 miliciens chiites irakiens déjà formés et expédiés en Syrie par les Gardiens de la Révolution : 500 pour As’ib Ahl al-Haq, 600 pour les Brigades du Hezbollah, 400 pour Kata’ib Sayyid al-Shuhada, 2 000 pour Liwa al-Youm al-Mawud, 200 pour Saraya Tala’i al-Khurasani, 300 pour Quwet al-Shahid Muhammed Baqir al-Sadr, 500 pour Liwa Abul-Fadl al-Abbas et 150 pour les brigades de l'imam Hussein32. En juin 2013, Philip Smyth, d'après les notices des martyrs, avait établi qu'une à deux douzaines de combattants irakiens chiites étaient tués chaque mois en Syrie33. Les chiffres semblent cependant dérisoires face aux besoins militaires du régime : d'après une étude rebelle (à prendre avec précaution, mais qui recoupent certains observations de spécialistes), Assad ne pourrait compter que sur à peine 40 000 hommes de l'ancienne armée régulière, et jusqu'à 45 000 miliciens, des Forces Nationales de Défense ou autres34. Ce qui est quasiment certain, c'est que les effectifs de l'armée syrienne, qui comptait plus de 300 000 hommes en 2011, sont tombés à 100 000, ou même un peu moins, aujourd'hui. D'où le recours aux miliciens, regroupés en 2013 sous l'ombrelle des Forces Nationales de Défense, mais qui n'alignent encore que 50 000 hommes. D'où l'importance des contingents étrangers, souvent rapidement disponibles et prêts à combattre, et qui ont souvent fait la décision là où ils sont intervenus (comme le Hezbollah à al-Qusayr)35.



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1Matthew Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb Allah’s Gambit in Syria », CTC Sentinel, août 2013, special issue . Vol 6. Issue 8, p.14-17.
2Will Fulton, Joseph Holliday, et Sam Wyer, Iranian Strategy in Syria, Institute for the Study of War, mai 2013.
3Will Fulton, Joseph Holliday, et Sam Wyer, Iranian Strategy in Syria, Institute for the Study of War, mai 2013.
4Christopher Anzalone, « Zaynab’s Guardians: The Emergence of Shi`a Militias in Syria », CTC Sentinel jjuillet 2013 . Vol 6. Issue 7, p.16-21.
5Carl Yonker, Iran’s Shadow Warriors: Iraqi Shiʿi Militias Defending the Faithful in Syria and Iraq, Tel Aviv Notes, The Moshe Dayan Center, Volume 7, Number 23, 10 décembre 2013.
6Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Roundup of Iraqis Killed in Syria, Part 1 », Jihadology.net, 11 mai 2013.
7Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Roundup of Iraqis Killed in Syria, Part 2 », Jihadology.net, 17 mai 2013.
8Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Roundup of Iraqis Killed in Syria, Part 3 », Jihadology.net, 2 juin 2013.
9Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Asa’ib Ahl al-Haq’s Liwa’a Kafeel Zaynab », Jihadology.net, 14 août 2013.
10Thomas Strouse, « KATA’IB HEZBOLLAH AND THE INTRICATE WEB OF IRANIAN MILITARY INVOLVEMENT IN IRAQ », The Jamestown Foundation, Terrorism Monitor, VOLUME VIII, ISSUE 9, H 5, 5 mars 2010.
11Philip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Liwa’a al-Hamad: Harakat al-Nujaba’s Latest Shia Militia in Syria », Jihadology.net, 21 décembre 2013.
12Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Kata’ib Sayyid al-Shuhada: Another Supplier of Iraqi Shia Fighters in Syria », Jihadology.net, 3 juin 2013.
13Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Kata’ib Sayyid al-Shuhada Emerges: Updates on the New Iraqi Shia Militia Supplying Fighters to Syria », Jihadology.net, 9 septembre 2013.
14Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Breaking Badr: Is Iraq’s Badr Organization Operating In Syria? », Jihadology.net, 25 juin 2013.
15Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Breaking Badr, The New Season: Confirmation of the Badr Organization’s Involvement in Syria », Jihadology.net, 12 août 2013.
16Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: The Badr Organization’s Syrian Expeditionary Force: Quwet al-Shahid Muhammed Baqir al-Sadr », Jihadology.net, 18 octobre 2013.
17Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Faylak Wa’ad al-Sadiq: The Repackaging of an Iraqi “Special Group” for Syria », Jihadology.net, 13 janvier 2014.
18Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: What is the Liwa’a Abu Fadl al-Abbas (LAFA)?: Assessing Syria’s Shia “International Brigade” Through Their Social Media Presence », Jihadology.net, 15 mai 2013.
19Hezbollah Involvement in the Syrian Civil War, The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, 17 juin 2013.
20Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Liwa’a Zulfiqar: Birth of A New Shia Militia in Syria? », Jihadology.net, 20 juin 2013.
21Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Liwa’a ‘Ammar Ibn Yasir: A New Shia Militia Operating In Aleppo, Syria », Jihadology.net, 20 juillet 2013.
22Matthew Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb Allah’s Gambit in Syria », CTC Sentinel, août 2013, special issue . Vol 6. Issue 8, p.14-17.
23Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Liwa’a al-Imam al-Hasan al-Mujtaba: A Shia Militia Fighting in Rif Dimashq/Ghouta », Jihadology.net, 5 octobre 2013.
24Phillip Smyth , « Hizballah Cavalcade: Sariyya al-Tali’a al-Khurasani: A New Combat-Tested Shia Militia in Syria », Jihadology.net, 29 octobre 2013.
25Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: The Lion of Damascus, and Afghans, and Africans! Oh My!: Fighters From Exotic Locales In Syria’s Shia Militias », Jihadology.net, 30 juillet 2013.
27Aymenn Jawad Al-Tamimi, « The Arab Nationalist Guard: A Pro-Assad Militia », Brown Moses Blog, 1er janvier 2014.
28Phillip Smyth, « From Karbala to Sayyida Zaynab: Iraqi Fighters in Syria’s Shi`a Militias », CTC Sentinel, août 2013, special issue . Vol 6. Issue 8, p.28-32.
29Phillip Smyth, « Hizballah Cavalcade: Khamenei’s Cannon: .50 Caliber Anti-Material Rifles & Shia Fighters in Syria », Jihadology.net, 24 décembre 2013.
31Michael Knights, « Iran's Foreign Legion: The Role of Iraqi Shiite Militias in Syria », PolicyWatch 2096, The Washington Institute, 27 juin 2013.
33Michael Knights, « Iran's Foreign Legion: The Role of Iraqi Shiite Militias in Syria », PolicyWatch 2096, The Washington Institute, 27 juin 2013.
35Jeffrey White, «  Assad's Indispensable Foreign Legions », PolicyWatch 2196, The Washington Institute, 22 janvier 2014.

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