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Le Raid (The Raid) de Hugo Fregonese (1954)

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1864. Un groupe de prisonniers confédérés dirigé par le major Benton (Van Heflin) s'évade d'une prison nordiste à Plattsburg, dans l'Etat de New York, proche de la frontière canadienne. Mais la haine du lieutenant Keating (Lee Marvin), qui tire sur les sentinelles nordistes, fait perdre un homme au major Benton avant de pouvoir gagner le Canada. Benton recrute d'autres volontaires partisans de la cause confédérée sur place et projette de lancer un raid sur St. Albans, une bourgade du Vermont proche elle aussi de la frontière canadienne. Pour ce faire, il se fait passer pour un marchand canadien et part sur place afin de reconnaître les lieux...

Le film est basé, d'assez loin, sur un épisode parfaitement authentique : le raid confédéré sur St. Albans, le 19 octobre 1864. Bennett H. Young avait participé au grand raid de cavalerie confédéré du général Morgan en juin-juillet 1863 dans l'Ohio et l'Indiana. Il est fait prisonnier, comme Morgan, lors de la bataille de Salinesville, dans l'Ohio, le 26 juillet, qui met fin au raid sudiste. Young s'évade à l'automne, gagne le Canada et revient au Sud. Il se propose de lancer des raids sur le nord de l'Union à partir du Canada afin de détourner des troupes des fronts principaux et de renflouer le trésor confédéré. Promu lieutenant, il embauche d'autres évadés sudistes au Canada pour attaquer la ville de St. Albans, à 25 km de la frontière, dans le Vermont. A partir du 10 octobre 1864, Young et deux autres hommes s'installent dans un hôtel de la ville sous un faux prétexte, bientôt rejoints chaque jour par quelques autres : ils sont 21 en tout le 19 octobre. A 15h00, les confédérés braquent simultanément les trois banques de la ville et raflent plus de 200 000 dollars. Ils tuent un habitant et en blessent un autre, tentent de mettre le feu aux habitations mais leurs bouteilles incendiaires ne fonctionnent pas bien et une seule grange est brûlée. Young et ses hommes regagnent le Canada où ils sont emprisonnés. Mais le pays refuse de les extrader, bien que les 88 000 dollars pris sur les confédérés soient retournés au Vermont. Young, exclu de la proclamation d'amnistie du président Johnson, ne pourra retourner aux Etats-Unis qu'en 1868.


Source : http://www.westernmovies.fr/image/297/csraid2.jpg


Le réalisateur argentin Hugo Fregonese, qui tourne d'abord dans son pays natal avant de gagner Hollywood, s'inspire donc de cette histoire pour bâtir un honnête petit western. Fregonese évite l'écueil de la sympathie pure et simple pour la cause confédérée en faisant réfléchir le spectateur sur la notion de guerre totale -faut-il ou non s'en prendre aux civils quand l'adversaire fait de même. De ce point de vue, la figure du major Benton, partagée entre sa mission et ses sentiments (il loge chez la veuve d'un officier nordiste dont il s'éprend), s'oppose au personnage incarné par Lee Marvin qui plaide pour la guerre totale chez les confédérés. En face, le capitaine nordiste interprété par Richard Boone passe d'abord pour un lâche avant de se montrer héroïque pendant le raid, évitant là encore les stéréotypes. A noter également la performance de Peter Graves, encore bien jeune, dans le rôle d'un officier confédéré. La pauvreté des moyens fait que les scènes d'action du raid, qui tranchent donc avec la réalité historique (avec intervention d'unités nordistes et incendie de la ville), sont quelques peu en deçà de ce que l'on pouvait attendre. Pour son dernier western à Hollywood, Fregonese fait donc réfléchir sur les horreurs d'une guerre civile et sur ce que celle-ci peut engendrer. Sydney Boehm, qui signe le scénario, plante à merveille le décor d'une petite ville tranquille à l'arrière du front où la guerre est prête à exploser.




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