L'assaut
contre la ville d'al-Qusayr, en Syrie, a instauré un certain nombre
de précédents dans le conflit syrien, et pour le Hezbollah qui en a
été le fer de lance. La récupération par l'armée syrienne d'une
ville tombée pendant plus d'un an entre les mains de la rébellion
marque le début d'une contre-offensive pour reprendre des secteurs
stratégiques du pays. La perte d'al-Qusayr a eu un effet
significatif sur la rébellion, plus en termes symboliques et
psychologiques que stratégiques, le tout combiné aux nouveaux
succès du régime sur le terrain, à la timidité de la communauté
internationale en ce qui concerne les livraisons d'armes et aux
divisions de plus en plus criantes au sein des groupes rebelles. La
bataille souligne aussi le rôle du Hezbollah, qui soutenait
discrètement le régime syrien depuis plus d'un an. C'est la
première opération offensive du Hezbollah en combat urbain, et
malgré des pertes conséquentes et la montée des tensions au Liban,
le mouvement chiite a continué à expédier ses combattants dans
d'autres secteurs de la Syrie pour appuyer Bachar el-Assad.1
La bataille d'al-Qusayr souligne ainsi la régionalisation du conflit
syrien2.
Elle marque le début d'une nouvelle stratégie pour Bachar el-Assad,
où l'armée régulière est désormais étroitement imbriquée avec
les miliciens (Forces Nationales de Défense) et ses alliés
extérieurs (Hezbollah), ce qui confirme une adaptation certaine par
rapport à la situation qui prévalait encore quelques mois plus tôt.
L'implication
du Hezbollah en Syrie (2011-2013)
Le
Hezbollah, pour justifier de son intervention en Syrie, use de
l'argument selon lequel il ne ferait que protéger les chiites
libanais vivant dans le pays menacés par l'opposition, ou pour la
protection de lieux saints comme le Sayyida Zaynab au sud de Damas.
En réalité, ce dernier site sert depuis la décennie 1980 de point
de transit pour les recrues chiites d'Arabie Saoudite vers le Liban
ou l'Iran. 5 des responsables de l'attentat des tours de Khobar, qui
vise l'US Air Force le 25 juin 1996 en Arabie Saoudite, sont
passés par le Sayyida Zaynab.
Dès
les premiers mois de l'insurrection en 2011, l'unité iranienne
al-Qods et le Hezbollah fournissent un soutien pour contrer les
manifestations contre le régime (snipers, équipement). Les
preuves, notamment les enterrements de responsables militaires tués
au combat, se multiplient à partir d'août 2012, et l'ONU annonce
officiellement l'implication militaire du Hezbollah en Syrie quelques
mois plus tard. Le mouvement chiite mène visiblement en Syrie une
guerre sectaire qui reflète les tensions toujours en place au Liban.
Le clan el-Assad a été un soutien du Hezbollah pendant la guerre au
Liban et au-delà, même si Hafez el-Assad a souvent mis le hola par
les armes, pour rappeler le mouvement à l'ordre. Mais le Hezbollah,
en intervenant en Syrie, cherche aussi à protéger un corridor
aérien et terrestre par lequel arrivent les armes et les munitions
indispensables à la lutte contre Israël. Il faut absolument que le
régime syrien se maintienne au moins dans la bande côtière
alaouite pour que le Hezbollah puisse éventuellement y acheminer,
par exemple, des MANPADS acquis en Europe ou en Amérique et qui
seraient débarqués à Tartous, pour être utilisés contre des
avions de l'Etat hébreu3.
Source : http://graphics8.nytimes.com/images/2013/05/28/world/HEZBOLLAH/HEZBOLLAH-articleLarge.jpg |
Le
Hezbollah assure aussi en Syrie une fonction d'entraînement et de
formation qu'il maîtrise depuis bien des années. Deux de ses
milices irakiennes forment des auxiliaires du régime. Le Hezbollah a
ainsi contribué à mettre en place le Jaysh al-Shabi, le Liwa Abu
Fadl al-Abbas (brigade al-Abbas) ou le Liwa Zulfiqar. La première
est une milice directement liée aux forces armées syriennes, preuve
que le régime syrien a su s'adapter en incoporant des groupes
paramilitaires pour mener une véritable contre-guérilla. La
bataille d'al-Qusayr verra l'intégration très étroite des forces
régulières syriennes, des unités paramilitaires et des combattants
étrangers dans un schéma que d'aucuns baptisent « guerre
hybride »4.
Les autres formations sont des surgeons du Hezbollah et des Gardiens
de la Révolution iraniens. La brigade al-Abbas a joué un rôle
important depuis septembre 2012, particulièrement au sud de Damas :
elle comprend des membres du Hezbollah et ceux des deux milices
irakiennes. Depuis le printemps 2013, le Hezbollah s'est engagé plus
massivement pour combattre la rébellion syrienne, peut-être à
hauteur de 3 ou 4 000 hommes.
Logo du Liwa Abu Fadl al-Abbas.-Source : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/9/98/LiwaAbuFadlal-Abbas_newlogo.png |
Al-Qusayr :
les enjeux et les préparatifs du siège
Al-Qusayr,
au début de la guerre, est une ville de 30 000 habitants en majorité
sunnites. Elle est à moins de 10 km de la frontière libanaise et à
25 km au sud-ouest de Homs, troisième ville de Syrie. Le terrain
autour de la ville est relativement ouvert, avec de nombreux vergers
et des champs bien irrigués par la rivière Assi. La population des
environs de la ville est mixte mais on trouve une ceinture de
hameaux, villages et fermes jusqu'à 6 km à l'ouest d'al-Qusayr
peuplée de chiites libanais. La frontière avec le Liban est
d'ailleurs relativement poreuse5.
L'importance
de la ville réside dans cette situation : c'est un corridor
logistique pour les rebelles entre le Liban et Homs. Au nord-est du
Liban, la vallée de la Bekaa est en partie peuplée de sunnites
plutôt favorables aux rebelles. En outre, la route principale
reliant Damas au port de Tartous passe entre Homs et al-Qusayr. D'où
le rôle stratégique de ces deux localités. L'armée syrienne a mis
le siège une première fois devant al-Qusayr en novembre 2011, les
premiers combats sérieux débutent trois mois plus tard et les
rebelles sont maîtres de la ville en juillet 2012, les combats se
déplaçant à l'ouest sur la ligne de fracture entre villages
chiites et sunnites. Les habitants chiites libanais accusent
d'ailleurs les rebelles de les chasser pour établir une « ceinture »
sunnite, de brûler leurs récoltes et de détruire leurs maisons.
Inversement, l'opposition syrienne proclame bientôt que le Hezbollah
combat à l'ouest et au sud d'al-Qusayr en soutien du régime. Le 2
octobre 2012, Ali Nassif, un chef important du Hezbollah, est
d'ailleurs tué près de la ville.
Le
régime syrien cherche à reprendre le contrôle de l'ensemble de la
province de Homs depuis son offensive contre la ville elle-même en
février 2012. Début mai, les rebelles ne tiennent plus qu'un
cinquième de Homs, tandis que les combats se poursuivent dans un
autre cinquième de la localité. A la mi-décembre, l'armée a
reconquis une bonne partie du terrain : seuls la vieille ville
et les quartiers de Deir Balbaa et Khalidiya sont encore tenus par
l'opposition. Fin décembre, Deir Balbaa est presque entrièrement
reprise par l'armée. En mars 2013, une nouvelle offensive du régime
vise les dernières places rebelles, mais ceux-ci reçoivent des
renforts via al-Qusayr. A la mi-mars, l'opposition lance une
contre-offensive à Babr Amr qui met en échec l'assaut du régime
syrien. C'est à ce moment-là que l'armée et le Hezbollah décident
d'en finir avec al-Qusayr, devenue la clé pour espérer faire tomber
Homs6.
Source : http://understandingwar.org/sites/default/files/mapBlankMarch.png |
A
la mi-avril 2013, l'armée syrienne et le Hezbollah lancent un assaut
coordonné pour nettoyer les villages autour d'al-Qusayr en vue d'un
assaut en règle. Ils s'emparent de Tel Nabi Mindo, à 7 km au
nord-ouest, une localité en surplomb qui permet de dominer le
terrain plat environnant. Les villages à l'ouest et au sud-ouest de
la ville sont progressivement sécurisés. En représailles, les
rebelles syriens tirent des roquettes sur le district de Hermel de la
vallée de la Bekaa, peuplé de chiites libanais. A la mi-mai, tous
les environs de la ville ont été repris, sauf un corridor au nord,
autour de la base aérienne abandonnée de Dabaa. L'armée syrienne a
donc tiré les leçons des sièges précédents en tentant d'isoler
complètement la localité7.
Elle est en position au nord et à l'est de la ville tandis que le
Hezbollah stationne à l'ouest et au sud.
Dans
al-Qusayr, la plupart des défenseurs proviennent d'unités locales
des villages ou des villes, essentiellement des bataillons Farouq,
l'unité la plus puissante d'al-Qusayr. Cette formation fait partie
du Front de Libération Islamique Syrien. C'est au départ une
fraction des brigades Khaled bin Walid de Homs8.
On estime qu'une quinzaine d'unités9
ont pris part à la défense d'al-Qusayr, regroupant quelques
milliers de combattants (2 000 ?). Le conseil militaire d'al-Qusayr
est dirigé par le lieutenant-colonel Mohieddin al-Zain, alias Alu
Arab, mais la chaîne de commandement reste confuse. La présence du
front al-Nosra, souvent évoquée, a probablement été exagérée
par les médias, le régime faisant de tous les défenseurs des
djihadistes à des fins de propagande10.
Les rebelles sont plutôt bien pourvus en armes et en munitions,
récupérées notamment sur la base aérienne de Dabaa : AK-47,
RPG-7, mitrailleuses PK, canons bitubes de 23 mm, mortiers, roquettes
de 107 et 122 mm. Les combattants divisent la ville en secteurs pour
mieux organiser les préparatifs de défense. Des tunnels et des
bunkers souterrains sont construits. Des barricades bloquent les
rues. Les bâtiments sont piégés et les routes minées. Des
explosifs artisanaux disposés en ceintures sous les routes et
activés à distance doivent détruire les véhicules.
Source : http://i.alalam.ir/news/Image/original/2013/05/26/alalam_635051999112288162_25f_4x3.jpg |
En
face, le Hezbollah divise al-Qusayr en 16 secteurs d'opérations et
attribue des numéros de code aux principaux repères et objectifs.
C'est la pratique courante du mouvement pour protéger ses
communications radios. Le Hezbollah a le contrôle tactique de la
bataille, jusqu'à donner des ordres à des officiers syriens. 1 200
à 1 700 hommes sont engagés, pour la plupart des vétérans et
membres des unités de forces spéciales du Hezbollah. Le mouvement
aurait divisé ses forces en 17 groupes de 100 hommes. Pendant le
combat, le groupe de base sera cependant l'escouade de 3 à 5 hommes.
Normalement, chaque combattant sert une semaine sur la ligne de
front, mais la durée est portée ensuite à 20 jours. Des
reconnaissances méticuleuses sont conduites avant l'attaque et les
sapeurs du Hezbollah commencent à déminer les bâtiments.
La
bataille d'al-Qusayr
L'assaut
débute le 19 mai 2013 après un bombardement d'artillerie et
d'aviation11
suivi de la progression à l'ouest, à l'est et au sud du Hezbollah
soutenu par l'armée syrienne. Au sud, les progrès sont rapides et
les combattants atteignent la mairie. Un opposant affirme que le
Hezbollah et l'armée contrôlent 60% d'al-Qusayr dès le premier
jour de combats. Mais la bataille prend parfois un tour acharné :
deux douzaines de combattants du Hezbollah sont ainsi tués dans une
embuscade. La progression se fait alors plus méthodique. Les tirs de
mortiers, en particulier, représentent une gêne considérable. Les
combattants du Hezbollah essaient de coller au plus près de leurs
adversaires pour réduire le tir des mortiers. Malgré le travail des
sapeurs, ils évitent les portes et les fenêtres et percent des
trous dans les murs pour passer de bâtiment en bâtiment, selon un
procédé bien connu des troupes engagées en combat urbain. Ils
découvrent parfois des IED qui ressemblent à ceux fabriqués par le
Hamas, qu'avait formé le Hezbollah...
Ci-dessous, documentaire tourné par le régime syrien sur la bataille d'al-Qusayr. Le régime a parfaitement compris l'enjeu de la guerre de l'information et il est très présent sur le net. Cette vidéo ne montre pas la présence des combattants du Hezbollah, et les adversaires sont tous présentés comme des "terroristes" du front al-Nosra.
Ci-dessous, documentaire tourné par le régime syrien sur la bataille d'al-Qusayr. Le régime a parfaitement compris l'enjeu de la guerre de l'information et il est très présent sur le net. Cette vidéo ne montre pas la présence des combattants du Hezbollah, et les adversaires sont tous présentés comme des "terroristes" du front al-Nosra.
Source : http://understandingwar.org/sites/default/files/mapBlankMay.png |
Soutenu
par l'artillerie et l'aviation syriennes, le Hezbollah emploie aussi
des RPG-7 et des fusils de précision Dragunov en combat rapproché.
Pour disposer de plus de « punch », les
combattants du mouvement chiite emploient des roquettes de 107 mm
modifiées (baptisées plus tard IRAM, Improvised Rocket-Assisted
Munitions12)
capables de pulvériser un bâtiment ou de détruire une barricade.
Les rebelles sont bientôt repoussés dans la partie nord de la
ville : leur moral chancelant est affaibli par la pénurie de
munitions, d'eau et de nourriture. Au deuxième jour de la bataille,
des renforts arrivent de Babr Amr, à Homs. Le 2 juin, un groupe plus
important composé de combattants de Deir as-Zor et d'Alep s'infiltre
encore dans la ville. Le groupe aleppin est dirigé par le colonel
Abdul-Jabber Mohammed Aqidi, qui commande le conseil militaire
d'Alep13.
Le
3 juin, 14 commandants rebelles sur 17 votent pour le retrait. Le
moral est trop flottant pour que la ville soit encore tenue. Les
rebelles sont confinés sur une petite parcelle du nord de la cité,
harcelés par les snipers. Les blessés ne peuvent plus être
évacués ; les enfants doivent boire l'eau des égoûts, les
habitants mangent les feuilles des arbres, les blessures s'infectent.
Le chef des druzes libanais, Walid Jumblatt, tente de négocier avec
le Hezbollah l'évacuation de 400 blessés, mais le pouvoir syrien
refuse, tout en indiquant que le corridor au nord reste ouvert. Le 5
juin, un intense pilonnage pousse les rebelles vers ce corridor, via
Dabaa et les villages environnants. Les survivants sont pris à
partie par les mortiers et les mitrailleuses. Les plus chanceux
atterrissent à Arsal, une ville libanaise sunnite dans la vallée de
la Bekaa qui sert de noeud logistique à la rébellion.
En face, l'Armée syrienne libre tourne elle aussi une vidéo sur les combats autour de Qusayr.
En face, l'Armée syrienne libre tourne elle aussi une vidéo sur les combats autour de Qusayr.
Source : http://understandingwar.org/sites/default/files/mapBlankJune.png |
La
guerre dans une nouvelle phase
La
bataille d'al-Qusayr a duré plus longtemps que ne l'avait prévu le
Hezbollah et lui a causé aussi davantage de pertes qu'escompté. On
estime les tués à 70-120 au moins, avec un nombre de blessés plus
important. C'est en tout les combats les plus violents, sans doute,
depuis la guerre contre Israël en 2006. Les rebelles ont publié les
noms de 431 de leurs soldats morts au combat mais le total est sans
doute plus élevé. Le résultat était inévitable vu la
disproportion des forces. Al-Qusayr, assez isolée des autres
bastions rebelles, était difficile à ravitailler. En outre la
proximité du Liban et la présence de villages chiites libanais
avantagent le Hezbollah. C'est cependant un test grandeur nature de
combat urbain pour le mouvement chiite, qui s'y entraîne depuis 2006
au Liban et en Iran. Au Liban, face à Israël, le Hezbollah avait
mené une guérilla ; en 2006 il a parfois combattu dans un
cadre urbain, mais en défense. Avec la bataille d'al-Qusayr, le
mouvement a sans doute engrangé une bonne expérience de l'assaut en
milieu urbain, sans compter qu'à côté des vétérans, une
génération plus jeune qui n'avait pas connu les combats de 2006 a
également été mise en ligne14.
Source : http://www.islamicinvitationturkey.com/wp-content/uploads/2013/05/Syria-ends-1st-phase-of-Qusayr-operation.jpg |
C'est
pendant la bataille d'al-Qusayr qu'Hassan Nasrallah a officiellement
reconnu que des cadres militaires du Hezbollah combattaient en
Syrie15.
Par la suite, le mouvement déploie ses hommes dans les provinces de
Deraa, Idlib, Alep et dans les faubourgs de Damas. E plus de marquer
des points sur le corridor Damas-Tartous, la chute d'al-Qusayr fait
capituler les défenseurs de Tel-Kalakh, au nord-ouest de la ville,
assiégée depuis deux ans, et qui sait ne plus pouvoir résister à
un assaut semblable. Le régime se retourne ensuite contre Homs et
s'empare, le 29 juillet, du district central de Khaldiya dans la
ville, la rébellion ayant fait le choix de sacrifier ce point pour
mieux préserver le nord de la province d'Alep et les positions à
Damas. Les rebelles se regroupent aussi dans les montagnes de
Qalamoun, entre Damas et Homs, au nord de la capitale, en particulier
autour de la ville de Yabroud. C'est d'ailleurs à Danha, dans les
montagnes de Qalamoun, que les rebelles capturent le 2 août trois
dépôts d'armes de l'armée syrienne comprenant de nombreux missiles
antichars16.
Néanmoins, la proximité de la frontière libanaise fait des
montagnes de Qalamoun une cible de choix pour une offensive du régime
et du Hezbollah, qui démarre effectivement le 15 novembre 2013.
C'est la dernière portion de la frontière libanaise qui sert encore
de corridor logistique aux rebelles, d'où son importance, car la
chute des positions rebelles couperait largement le lien entre le
Liban et l'opposition syrienne.
Carte de l'offensive de Qalamoun, au 17 novembre.-Source : http://3.bp.blogspot.com/-yktCFQ2mPN0/UolMDWOkOCI/AAAAAAAABHg/wiMxV7nYEPk/s1600/qalamounmap.jpg |
Le
succès du régime à al-Qusayr montre aussi qu'en dépit de
l'érosion de l'armée régulière, et en particulier des unités
d'élite fréquemment engagées (4ème division blindée, Garde
Républicaine, 3ème division blindée...), la timidité du soutien
occidental malgré les livraisons d'armes fait que l'attrition
s'exerce davantage sur la rébellion que sur le régime syrien. En
outre celui-ci dispose d'une aviation qui peut opérer encore
largement à sa guise malgré l'apparition de MANPADS, et les blindés
et autres véhicules blindés se montrent toujours efficaces si
utilisés à bon escient17.
Le régime syrien est passé de la défense de quelques localités
stratégiques, pour éviter de disperser des forces limitées, à des
offensives visant à isoler les centres rebelles de leurs alentours
et de leurs voies de ravitaillement logistiques. Il a pris le risque
de combiner ses atouts principaux (unités d'élite tirées de Damas,
voire de la province de Deraa ; aviation ; infanterie
d'élite du Hezbollah) pour frapper un coup puissant. C'est une
manoeuvre au niveau opérationnel qui a des conséquences sur le plan
stratégique dans la province de Homs18.
Son succès a renforcé le soutien de ses alliés, Iran et Hezbollah,
et a jeté le trouble chez l'opposition, dont les différentes
composantes se rejettent la faute de l'échec et se déchirent de
plus en plus depuis.
Bibliographie :
Nicholas
Blanford, « The Battle for Qusayr: How the Syrian Regime and
Hizb Allah Tipped the Balance », CTC Sentinel SPECIAL ISSUE
. Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013, p.18-22.
Can
Kasapoğlu, The Syrian Civil War : Understanding Qusayr and
Defending Aleppo, EDAM Discussion Paper Series 2013/8, 28 juin
2013, p.5.
Matthew
Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb Allah’s Gambit in Syria »,
CTC Sentinel SPECIAL ISSUE . Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013,
p.14-17.
Aron
Lund, « The Non-State Militant Landscape in Syria », CTC
Sentinel SPECIAL ISSUE . Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013, p.23-27.
Elizabeth
O’Bagy, The fall of al-Qusayr, Backgrounder, Institute for the
Study of War, 6 juin 2013.
1Nicholas
Blanford, « The Battle for Qusayr: How the Syrian Regime and
Hizb Allah Tipped the Balance », CTC Sentinel SPECIAL ISSUE
. Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013, p.18-22.
2Elizabeth
O’Bagy, The fall of al-Qusayr, Backgrounder, Institute
for the Study of War, 6 juin 2013.
3Le
25 mai 2013 : Matthew Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb
Allah’s Gambit in Syria », CTC Sentinel SPECIAL ISSUE
. Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013, p.14-17.
4Can
Kasapoğlu, The Syrian Civil War : Understanding Qusayr and
Defending Aleppo, EDAM Discussion Paper Series 2013/8, 28 juin
2013, p.5.
5Nicholas
Blanford, « The Battle for Qusayr: How the Syrian Regime and
Hizb Allah Tipped the Balance », CTC Sentinel SPECIAL ISSUE
. Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013, p.18-22.
6Elizabeth
O’Bagy, The fall of al-Qusayr, Backgrounder, Institute for
the Study of War, 6 juin 2013.
7Can
Kasapoğlu, The Syrian Civil War : Understanding Qusayr and
Defending Aleppo, EDAM Discussion Paper Series 2013/8, 28 juin
2013, p.5.
8Les
bataillons Farouq naissent dans la province de Homs à l'été 2011
et se distinguent pendant la bataille de Babr el Amr, à Homs, en
février 2012. Le groupe s'est ensuite étendu à l'ensemble de la
Syrie et a revendiqué 14 000 combattants. Il a connu des scissions
au printemps 2013, certains membres fondant les bataillons
islamiques Farouq. Aron Lund, « The Non-State Militant
Landscape in Syria », CTC Sentinel SPECIAL ISSUE . Vol
6 . Issue 8, 27 août 2013, p.23-27.
9Près
d'une vingtaine de brigades selon l'Institute for Study of War :
brigades Farouq, brigade al-Haqq, bataillon Mughaweer, brigades
Wadi, bataillon Qassioun, bataillon Ayman. Elizabeth O’Bagy, The
fall of al-Qusayr, Backgrounder, Institute for the Study of
War, 6 juin 2013.
10A
la mi-mai, un important commandant d'al-Nosra, Abu Omar, aurait été
tué à al-Qusayr avec plusieurs de ses subordonnés. Elizabeth
O’Bagy, The fall of al-Qusayr, Backgrounder, Institute
for the Study of War, 6 juin 2013.
11L'incapacité
flagrante des rebelles à se prémunir de l'action de l'artillerie
ou de l'aviation, ou de pouvoir y riposter de manière convaincante,
joue un rôle certain dans leur défaite. Can Kasapoğlu, The
Syrian Civil War : Understanding Qusayr and Defending Aleppo,
EDAM Discussion Paper Series 2013/8, 28 juin 2013, p.4.
13D'après
l'Institute for Study of War, les renforts comprennent la
brigade Tawhid d'Alep, le bataillon Nasr-Salahaddin d'al-Raqqa et la
brigade Ousra de Deir es-Zor. Elizabeth O’Bagy, The fall of
al-Qusayr, Backgrounder, Institute for the Study of War,
6 juin 2013.
14Nicholas
Blanford, « The Battle for Qusayr: How the Syrian Regime and
Hizb Allah Tipped the Balance », CTC Sentinel SPECIAL ISSUE
. Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013, p.18-22.
15Le
25 mai 2013 : Matthew Levitt et Aaron Y. Zelin, « Hizb
Allah’s Gambit in Syria », CTC Sentinel SPECIAL ISSUE
. Vol 6 . Issue 8, 27 août 2013, p.14-17.
16Voir
mon billet précédent :
http://historicoblog3.blogspot.com/2013/11/la-syrie-et-ses-konkurs.html
17Dans
le domaine des blindés, il faut noter que malgré les pertes (un
peu plus de 600 chars détruits à la mi-novembre 2013 selon
certaines sources), l'armée syrienne doit compter plusieurs
centaines de T-72, voire peut-être même un millier (elle en
alignait de 1 500 à 1 700 avant la guerre, et en tout probablement
de 4 à 5 000 chars, avec les T-54/55 et T-62, dont un certain
nombre en dépôt). Le régime avait fait moderniser une centaine de
T-72 par une firme italienne en 2003 (nouveaux système de contrôle
de tir et de vision nocturne, blindage réactif) -122 chars selon
certaines sources, de quoi équiper une brigade blindée ou 3
brigades mécanisées. Ces chars modernisés ont probablement été
livrés à la 4ème division blindée (Maher el-Assad y commande la
42ème brigade blindée et, officieusement, la division) ou à la
Garde Républicaine, qui comprend trois brigades mécanisées
(104ème, 105ème, 106ème). Ces T-72 modernisés peuvent résister
aux RPG-7 et à ses dérivés, mais moins aux lance-missiles
antichars plus sophistiqués qu'à commencer à recevoir ou à
récupérer sur les dépôts de l'armée la rébellion, Konkurs
ou Kornet. Un
certain nombre a déjà été perdu ou même capturé par les
rebelles. Pour faire la décision contre les blindés, l'opposition
devra aligner beaucoup plus de systèmes d'armes antichars
performants et les utiliser dans des conditions de combat optimales.
Can Kasapoğlu, The Syrian Civil War : Understanding Qusayr and
Defending Aleppo, EDAM Discussion Paper Series 2013/8, 28 juin
2013, p.8.
18Jeffrey
White, « The Qusayr Rules: The Syrian Regime's Changing Way of
War », The Washington Institute, PolicyWatch 2082, 31
mai 2013.