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Michaël FERRIER, Le goût de Tokyo, Le Petit Mercure, Paris, Mercure de France, 2008, 118 p;

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Pour changer un peu des lectures habituelles, petite recension de ce tome de la collection Petit Mercure, chez les éditions Mercure de France, sur Tokyo.

Edo, devenue Tokyo en 1868, est la capitale d'un Japon à l'heure du changement par le contact avec les Européens, quasiment interrompu depuis plusieurs siècles. La ville se met à l'ère Meiji, avec notamment une véritable révolution dans les transports. D'où une prolifération de l'espace urbain, aussi, que d'aucuns voient comme anarchique. Tokyo a été en grande partie dévastée à deux reprises au XXème siècle, une première fois lors du tremblement de terre de 1923, et une seconde fois pendant les bombardements américains de 1945. D'où un urbanisme "par pièces". Michaël Ferrier propose dans ce petit volume des impressions de personnes, célèbres ou non, à propos de la capitale japonaise.

On découvrira ainsi combien le "voyage à Tokyo" fait partie du cursus des provinciaux, comme dans le Sanshirô de Natsume Sôseki. Tokyo est bien née d'un immense processus de démocratisation et de modernisation, loin de l'espace de coercition qu'on s'imagine traditionnellement. En 1909, un ouléma tatar en visite au Japon s'étonne déjà de l'importance des publicités dans la capitale nipponne ! Le géographe Philippe Pelletier rappelle néanmoins que la tendance actuelle est aussi à la concentration des fonctions résidentielles, commerciales et culturelles sur un même espace afin d'attirer un public toujours plus nombreux et de pousser à une consommation quasi illimitée. Quant à Pierre Loti, il cherche en son temps les sanctuaires d'un Japon qui est en fait en train de disparaître, progressivement. Paul Claudel évoque le tremblement de terre de 1923. Marguerite Yourcenar, elle, n'a pas du tout aimé Tokyo. Plus trivial, ce court passage où est posé la question du traitement des ordures de la capitale, ce qui ne manque pas d'étonner. François Laut décrit dans son premier roman les camions noirs de la haine, ceux des militants d'extrême-droite hurlant leurs slogans en pleine rue dans des mégaphones. Et David-Antoine Malinas parle d'un problème longtemps méconnu de la capitale, celui des sans-abris, qui se multiplient à partir des années 1990. La ville se prête d'ailleurs fort bien aux scénarios apocalyptiques ou futuristes (on pense par exemple à Akira). Sans parler de l'existence des love-hotels.


 

Bref, une plongée sympathique et qui amène à réfléchir sur le Japon et sa capitale, vus à travers les textes.

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