Et voici les suppléments à deux ensembles parus dans le n°49 de 2ème Guerre Mondiale.
Celui pour le comparatif des 6 commandants d'armées de chars soviétiques est déjà en ligne : il s'agit d'un article paru sur le blog L'autre côté de la colline et qui présente en détails Mikhaïl Katoukov, l'un des 6 officiers en question, et qui dirige la 1ère armée de chars à partir de 1943. C'est par ici.
Pour le dossier sur Prokhorovka, je vous offre une partie coupée qui résumait le déroulement des opérations entre les 5 et 12 juillet, et qui faisait le lien entre les première et deuxième parties.
L'opération
Zitadelle
sur le flanc sud du saillant de Koursk démarre aux premières heures
du 5 juillet. L'assaut initial est plutôt décevant dans le secteur
du XLVIII.
Panzerkorps,
meilleur pour le II.
SS-Panzerkorps.
Hoth voit ses craintes confirmés par le blocage du III.
Panzerkorps
sur son flanc droit. La deuxième ligne de défense soviétique est
loin d'être atteinte, mais Hoth reste confiant : les divisions
allemandes n'ont visiblement pas encore rencontré d'éléments de
corps blindés ou mécanisés soviétiques, et il pense avoir encore
un jour supplémentaire avant l'arrivée des réserves opératives de
l'Armée Rouge. Or, en réalité, Vatoutine a déjà mis en mouvement
la 1ère armée de chars de Katoukov et les 2ème (à la jonction
entre la 6ème et 7ème armée de la Garde) et 5ème (pour barrer la
Psel) corps blindés de la Garde. Ce sont pas moins d'un millier de
blindés que Vatoutine place à la fois dans un rôle offensif et
défensif.
Le
6 juillet, le II.
SS-Panzerkorps,
dont les deux flancs sont exposés, est violemment contre-attaqué
par les 2ème et 5ème corps blindés de la Garde et par les éléments
de la 1ère armée de chars. Hausser envoie la Totenkopf
pour essayer de franchir le Donetz Nord et soulager le III.
Panzerkorps,
mais elle ne peut venir à bout de la 375ème division de fusiliers
soviétiques retranchée là. Les pertes soviétiques sont lourdes et
Vatoutine demande, en fin d'après-midi du 6 juillet, le déblocage
des réserves stratégiques pour repousser l'assaut de la 4.
Panzerarmee.
Staline ordonne le tranfert au Front de Voronej des 2ème et 10ème
corps blindés, tandis que le Front de la Steppe met en mouvement la
5ème armée de chars de Rotmistrov et la 5ème armée de la Garde.
Ce sont, à nouveau, plus d'un millier de blindés soviétiques qui
rallient le champ de bataille. Hoth se rend compte que les réserves
opératives sont entrées en action dès le deuxième jour de
l'offensive, alors que le XLVIII.
Panzerkorps
n'est pas encore venu à bout de la deuxième ligne défensive
soviétique.
Le
7 juillet, le II.
SS-Panzerkorps
avance davantage que son voisin de gauche : il emporte la
deuxième ligne de défense et il n'est plus qu'à une dizaine de
kilomètres des faubourgs de Prokhorovka. Mais Hoth choisit d'arrêter
la progression au nord-est des Waffen-SS
pour les réorienter à l'ouest, afin de soutenir le XLVIII.
Panzerkorps.
Or, Vatoutine a prévu de lancer une contre-attaque contre le II.
SS-Panzerkorps
le 8 juillet avec 4 corps blindés. Hoth cherche en fait à encercler
avec les deux corps blindés les unités de chars soviétiques dans
la boucle de la Pena. Le 10ème corps blindé s'attaque à la
Leibstandarte,
les 5ème corps blindé de la Garde et 2ème corps blindé à la Das
Reich,
tandis que le 2ème corps blindé de la Garde avance sur le secteur
évacué par la Totenkopf.
Ce sont près de 600 chars que les Soviétiques jettent contre les
Waffen-SS
privés de leurs blindés envoyés plus à l'ouest. Mais l'assaut de
Vatoutine, qui aurait pu avoir des conséquences incalculables, n'est
pas coordonné et dégénère en une multitude d'attaques tronçonnées
que les Allemands vont pouvoir repousser, en profitant notamment des
nombreux canons antichars présents au sein de la Das
Reich.
L'aviation allemande intervient aussi avec ses appareils d'attaque au
sol Hs 129 et détruit un certain nombre de blindés soviétiques du
2ème corps blindé de la Garde, tandis que la brigade de tête du
10ème corps blindé est étrillée par les Tigres
en réparation de la Das
Reich.
Manstein, inquiet de la situation sur son flanc est, fait déplacer
deux des divisions du XXIV.
Panzerkorps
de réserve près de Kharkov. En face, l'Armée Rouge met en branle
vers Prokhorovka la 5ème armée de chars de la Garde, et la 5ème
armée de la Garde, qui rejoint le Psel, entre Oboïan et
Prokhorovka : des divisions contre des armées.
Au
9 juillet, le XLVIII.
Panzerkorps
n'a toujours pas réussi à détruire les forces blindées
soviétiques dans la boucle de la Pena. Hoth renvoie les blindés au
II. SS-Panzerkorps,
inquiet des contre-attaques de la veille. Il semble encore se soucier
de détruire les réserves opératives soviétiques à l'ouest plutôt
que de pousser vers le Psel, en parallèle de la progression des
Waffen-SS.
George Nipe pense que Hoth souhaite avant tout détruire la 1ère
armée de chars de Katoukov avant d'envoyer le XLVIII.
Panzerkorps
soutenir la progression du II.
SS-Panzerkorps
au nord-est, vers Prokhorovka. D'après lui, Hoth, qui a bien prévu
cette dernière progression dès le mois de mai, n'a pas déplacé
l'effort vers le nord-est pour aller à la rencontre de la 5ème
armée de chars de la Garde soviétique, puisqu'il n'a, selon lui,
pas connaissance de l'arrivée de cette formation. Vatoutine, de son
côté, renforce la 1ère armée de chars de Katoukov en retirant les
5ème corps blindé de la Garde et 10ème corps blindé du secteur de
Prokhorovka pour les déplacer sur la route d'Oboïan.
Pour
le 10 juillet, les deux objectifs restent l'encerclement des blindés
dans la boucle de la Pena à l'ouest et la capture des hauteurs
dominant Prokhorovka et le franchissement du Psel à l'est par les
Waffen-SS pour
attaquer la localité elle-même. La Totenkopf
parvient finalement à prendre pied sur la rive nord du Psel, au prix
de durs combats. Le lendemain, la division fait passer ses chars au
nord de la rivière après avoir construit des ouvrages sur le cours
d'eau. La Leibstandarte
avance sur Prokhorovka malgré la tenace résistance du 2ème corps
de chars de Popov, épuisé, qui est relevé dans la nuit du 10 au 11
par une des divisions de la 5ème armée de la Garde, la 9ème
aéroportée du colonel Sazonov. Cette même armée envoie plusieurs
divisions, dont la 95ème de fusiliers de la Garde, face aux hommes
de la Totenkopf
au nord du Psel.
Le
11 juillet, Hoth est confirmé dans son attention sur le flanc ouest
par l'apparition du 10ème corps blindé soviétique dans le secteur,
dont le commandant adjoint est d'ailleurs tué dans les combats, et
son corps retrouvé par les Allemands avec certains documents
importants. Hoth pense qu'il lui est finalement plus profitable
d'écraser les réserves opératives soviétiques au sud du Psel,
dans un terrain compartimenté, plutôt que d'aller franchir la
rivière lourdement défendue et de détruire les blindés
soviétiques au nord du cours d'eau. En outre, les contre-attaques
blindées semblent cesser à l'est et le
III. Panzerkorps
a enfin débloqué la situation sur le Donetz Nord. Hoth enjoint à
Hausser d'engager les forces soviétiques au nord du Psel et de
nettoyer les approches de Prokhorovka.