Voici le supplément gratuit pour le dernier article paru dans Batailles et Blindés : un petit comparatif des deux adversaires du duel, Panther et Pershing, deux blindés conçus selon des besoins différents... le tout à partir de la bibliographie citée en fin d'article. Bonne lecture !
Le
vaincu : le Panzer V Panther
Le
Panther tire son origine de la rencontre des Allemands avec le
T-34/76 soviétique pendant l'opération Barbarossa. Le T-34
surclasse alors tous les blindés de la Panzerwaffe, que ce
soit en termes de mobilité, de fiabilité mécanique, de puissance
de feu, ou de blindage, avec son inclinaison si caractéristique. A
Mtsensk, en particulier, près d'Orel, la Panzergruppe 2 de
Guderian et sa 4. Panzerdivision doivent affronter le T-34,
non sans pertes, les 4-6 octobre 1941. Suite à l'engagement,
Guderian demande à une commission spéciale de venir examiner un
T-34 capturé. Entre les 18 et 21 novembre, des constructeurs de
chars et des officiers d'état-major observent le véhicule. Guderian
conseille de copier purement et simplement le T-34 pour pallier au
retard allemand. Mais la commission rejette l'idée car il faudrait
des alliages en acier et une fabrication de moteurs diesel qui
surpassent les possibilités de l'industrie nazie. La commission
conseille à la place d'améliorer le Panzer IV et le StuG
III.
La
réponse est donc d'intégrer les points forts du T-34 à un nouveau
modèle de char moyen allemand. La commission « Panther »
en détermine trois : un canon à long tube, à haute vélocité,
capable de perforer un blindage épais ; la suspension, avec de
grandes roues et de larges chenilles, qui permettent d'obtenir une
bonne mobilité et une vitesse appréciable ; enfin, un blindage
incliné, ce qui ne veut pas dire forcément surabondant, mais qui
résiste mieux aux obus. Fin novembre, la commission contacte
Daimler-Benz et Maschinenfabrik Ausgsberg-Nuremburg (MAG) pour
développer un nouveau char de 30 tonnes, baptisé VK30.02. Chaque
prototype doit embarquer le canon de Rheinmetall de 75 mm L/70. Le 9
décembre 1941, le département de l'armement augmente le poids à
32,5 tonnes. Le prototype de Daimler-Benz, construit en trois
exemplaires différents, ressemble beaucoup au T-34, hormis pour la
suspension, qui reste celle des modèles Panzer I à IV. Celui
de MAN ressemble plus aux chars allemands, sauf pour le blindage
frontal, mais ses chenilles ont une meilleure pression au sol et sa
capacité d'emport en carburant est plus grande. Hitler penche pour
le prototype Daimler-Benz mais le 11 mai 1942, le département de
l'armement opte pour celui de MAN, craignant notamment les tirs
fratricides en raison de la ressemblance du prototype de Daimler-Benz
avec le T-34.
La rencontre avec le T-34 en 1941 va inspirer aux Allemands la mise au point du Panther.. |
Le
15 mai 1942, la Wehrmacht passe donc commande à MAN du
nouveau Sdkfz 171 Panzerkampfwagen V Panther Ausführung A. En
janvier 1943, la première version est cependant rebaptisée
Ausführung (modèle) D. Plusieurs modifications ont été
ajoutées, dont le passage de 60 à 80 mm du blindage frontal.
Hitler, dès juin 1942, a même voulu porter le blindage frontal à
100 mm -un Panther II est ensuite à l'étude dans ce sens.
Mais par contrecoup, le prototype V2 testé en novembre 1942 connaît
de nombreux problèmes mécaniques en raison du poids rajouté par le
blindage supplémentaire. Les Allemands tenteront de corriger ces
problèmes sur les modèles ultérieurs, sans jamais les régler tout
à fait. Mais le besoin de chars plus modernes se faisant sortir sur
le front de l'est, le V2 est immédiatement mis en production sous le
nom de modèle D. Entre novembre 1942 et janvier 1943, les 4 premiers
exemplaires de série sont construits. La tourelle comprend une
coupole pour le commandant de bord ; en plus du canon de 75 mm,
le char embarque une mitrailleuse coaxiale MG34 et une autre en
caisse. Trois lance-grenades fumigènes sont disposés sur chaque
côté de la tourelle pour la défense rapprochée. Le char pèse
désormais 44,8 tonnes. Les problèmes continuent cependant lors des
essais en janvier-février 1943, le moteur ayant tendance, en
particulier, à prendre feu.
Au
22 février, les deux premiers bataillons de Panther (51. et
52.) ont déjà reçu 22 modèles D ; le chiffre atteindra 90
fin mars. Le haut-commandement allemand compte alors beaucoup sur les
Panthers pour jouer un rôle décisif lors de l'offensive
prévue pour l'été 1943 sur le front de l'est. Mais en avril, il
convient qu'il faut réviser le modèle D pour résoudre certains
problèmes chroniques. L'usine DEMAG de Falkensee procède aux
modifications pour ne pas interrompre la production chez les autres
constructeurs : 160 Panthers sont ainsi modifiés et
reçoivent par exemple des Schürzen, ces jupes métalliques
destinées à protéger les chenilles et les flancs contre les fusils
antichars soviétiques. Au 31 mai, 368 Panthers ont été
construits mais beaucoup ne sont pas encore opérationnels. Les 51.
et 52. Bataillonen sont engagés lors de l'opération
Zitadelle, le 5 juillet 1943, avec 96 Panthers chacun.
Ils combattent sur la partie sud du saillant de Koursk aux côtés de
la Panzergrenadier Division Grossdeutschland. Mais les
équipages ne sont pas entraînés, les problèmes mécaniques sont
légion : au 10 juillet, seulement 10 sont encore ligne ! 2
ont pris feu suite à des ennuis de moteur. Le premier engagement du
Panther est donc peu brillant : cependant, le canon de 75
mm a montré ses qualités en engageant des T-34 à 1 500 mètres de
distance. Malgré des modifications, les pertes sont encore lourdes
sur le front de l'est jusqu'en septembre, date de l'introduction
d'une nouvelle version du Panther, le modèle A. Le modèle D
reste cependant en service jusqu'à la fin de la guerre.
Le Panther Ausf. D. première version du char, connaît de nombreux problèmes de jeunesses, notamment mécaniques. Il est cependant engagé lors de l'opération Zitadelle contre le saillant de Koursk. |
Le
modèle A est une reprise du châssis du modèle D avec une tourelle
redessinée. Entre août 1943 et juillet 1944, 2 200 modèles A sont
produits. Les premiers exemplaires servent au sein du II.
Bataillon, Panzer Regiment 23 en septembre 1943, puis dans le II.
Bataillon du Panzer Regiment 2 intégré à la 13.
Panzerdivision. Les Panzerdivisionen commencent à
recevoir leur bataillon de Panther, théoriquement doté de 76
unités. A partir de mars 1944, le modèle G commence à supplanter
le modèle A mais celui-ci reste en service jusqu'au terme du
conflit. Le modèle G embarque la tourelle du modèle A sur un
nouveau châssis, au blindage renforcé. La dotation en obus est
augmentée. Jusqu'en avril 1945, plus de 2 900 Panthers Ausf. G
sortent des usines. Au total, 5 943 Panthers des différentes
versions ont été réceptionnés par l'armée allemande. La
production a cependant souffert du raid de la RAF sur l'usine
Maybach, dans la nuit du 27 au 28 avril 1944, qui fabrique les
moteurs du Panther. En outre, la perte de gisements de
manganèse en Ukraine dès février 1944 ainsi que d'autres sites
stratégiques affaiblit les ressources nécessaires aux alliages de
l'acier utilisé sur le Panther. Le taux de molybdène dans le
blindage diminue et celui-ci devient moins efficace pour arrêter les
projectiles. L'usine MAN de Nuremberg, celle qui fabrique
principalement le Panther, est touchée par un raid aérien
allié le 10 septembre 1944 qui coûte l'équivalent de 4 mois de
production. La fabrication de pièces détachées est
considérablement diminuée, ce qui, combiné au rationnement en
essence après la perte des champs pétrolifères de Roumanie, n'est
pas sans conséquence sur la disponibilité des Panthers.
Le Panther Ausf. G, dernière version produite, est engagée en masse pendant la contre-offensive des Ardennes. Ce Panther Ausf. G de la Leibstandarte a été détruit à Baugnez. |
Le
Panther Ausf. G est d'abord employé dans des situations
défensives : à l'été 1944, les chars de la 5.
SS-Panzerdivision Wiking brisent les pointes blindées
soviétiques devant Varsovie, après la poursuite consécutive à
l'opération Bagration. Ceux de la 12. SS-Panzerdivision
Hitlerjugend mènent la vie dure aux Alliés après le
débarquement du 6 juin 1944. Mais le Panther est bientôt
utilisé aussi dans la contre-offensive : 399 exemplaires sont
engagés dans les Ardennes, le 16 décembre 1944. Certains, parmi la
150. Panzer-Brigade de Skorzeny, ont été modifiés par
l'ajout d'une superstructure destinée à les faire ressembler à des
TD M10... si le Panther est l'un des plus formidables chars de
combat de la Seconde Guerre mondiale, c'est d'abord grâce à son
armement principal, le canon de 75 mm KwK 42 L/70, servi par
différents types de munitions et de remarquables optiques de visée.
Son blindage incliné lui permet de résister à bonne distance,
frontalement, à la plupart de ses adversaires, même si l'apparition
des chars Staline côté soviétique remet en cause cette
supériorité. Les flancs et l'arrière du Panther, en
revanche, restent vulnérables. Surtout, le Panther est
chroniquement sous-motorisé et n'a un rayon d'action utile que d'une
centaine de kilomètres. En outre, il est entravé par de nombreux
problèmes mécaniques et reste un char onéreux à la production et
à l'entretien sur le champ de bataille. Il reflète l'orientation de
l'armée allemande vers la défensive, puisque sa puissance de feu et
son blindage ont primé sur le reste. Enfin, sa complexité illustre
à merveille la quête de l'excellence propre à la recherche nazie
qui néglige ainsi la production de masse : le Panther ne
remplacera jamais complètement le Panzer IV...
Le
vainqueur : le M26 Pershing
Le
M26 Pershing est l'ancêtre du Main Battle Tank de la
guerre froide, la série des Patton en particulier. Il a connu
le feu dans les dernières semaines de la Seconde Guerre mondiale et
une controverse a d'ailleurs fait rage pour savoir pourquoi il
n'avait pas été engagé plus tôt. Le Sherman, le char
standard de l'US Army en 1944, est en effet notoirement
dépassé face aux derniers blindés allemands comme le Panther.
En
1942, les Etats-Unis se sont lancés dans la production de trois
chars moyens. Le M3 combat déjà en Afrique du Nord dans l'armée
britannique. Le M4 est destiné à remplacer le M3 sur les chaînes
de montage et sera déjà présent à El-Alamein. Le char léger M7 a
été redessiné pour être un char moyen : la production
commence en décembre 1942 mais comme il ne présente pas d'avantages
significatifs par rapport au M4, elle est arrêtée rapidement pour
ne pas disperser l'effort industriel. Le dessin des chars moyens est
alors guidé par l'emploi qu'en fait l'US Army : dans des
bataillons indépendants ou des divisions blindées (Armored
Divisions). Les bataillons indépendants fournissent un soutien à
l'infanterie, à raison d'un bataillon par division. Leur tâche est
surtout de venir à bout des positions retranchées que ne peuvent
surmonter les fantassins. Dans les divisions blindées, au contraire,
les chars servent de force d'exploitation après la rupture du front
par l'infanterie. Dans aucune de ces deux tâches le char ne doit se
mesurer à ses adversaires. Cette mission revient aux bataillons de
Tank Destroyers : le M10, un dérivé du Sherman,
embarque pour ce faire une pièce de 76 mm. Le Sherman est
cependant conçu pour une rencontre avec les chars ennemis puisque
son canon principal est à double emploi, utilisant des obus HE (High
Explosive) et AP (Armor Piercing). Mais le combat contre
les chars reste l'apanage des TD, pour lesquels sont développés de
nouveaux canons antichars. L'armée américaine se distingue ainsi
des autres belligérants, pour lesquelles il revient souvent au char
de détruire le char adverse. En outre, pour ne pas compliquer
l'effort logistique, le général McNair, qui dirige l'Army Ground
Forces, tient à ne pas multiplier les modèles en production :
en conséquence , celles-ci n'adoptent pas un char plus
lourdement blindé destiné au soutien d'infanterie. Une des raisons
qui expliquent le retard d'apparition du M26 est que le besoin d'un
nouveau char n'a pas été pris en compte immédiatement.
Le
M4 Sherman, engagé dans le désert d'Afrique du Nord, est
considéré au départ comme faisant jeu égal avec le Panzer IV
et pouvant résister au Pak 38 allemand de 50 mm. Sa
conception le rapproche cependant plus de la mission dévolue aux
divisions blindées, bien qu'il serve aussi dans les bataillons
indépendants. Les officiers d'infanterie auraient préféré un char
davantage blindé pour mieux résister aux armes antichars adverses.
L'armée américaine a bien développé le M6, un prototype de char
lourd, dès février 1942, mais celui-ci ne débouche pas. Dans le
cadre du Prêt-Bail et pour répondre aux demandes des
Britanniques, qui exigent un char mieux blindé pour le soutien
d'infanterie, l'US Army développe le T-14 Assault Tank,
une version surblindée du Sherman, puis travaille pour son
propre compte à l'automne 1942. La vitesse est réduite par le poids
supplémentaire mais c'est l'occasion de tester plusieurs canons dont
un nouveau de 76 mm qui sera monté sur le M18 Hellcat. Le T20
préfigure déjà le Pershing, avec une motorisation inédite.
Le T23, aboutissement de la série, est présenté devant un parterre
de responsables de l'US Army en avril 1943 mais connaît des
problèmes en raison d'une transmission en partie électrique.
Au
moment où le prototype T23E3 est en passe d'être achevé, l'armée
américaine a subi une sévère correction en Afrique du Nord à
Kasserine. La rencontre avec le nouveau char Tigre
I pousse les responsables à augmenter le blindage et le
calibre du canon. 250 exemplaires sont cependant produits entre
novembre 1943 et décembre 1944. Dès le mois de mai 1943, des
prototypes modifiés ont pourtant été initiés. Le T26 dispose
ainsi d'un blindage frontal de 100 mm et pèse 40 tonnes. 10
prototypes T26E1 sont achevés entre février et mai 1944. Avec
l'invasion de la France et les derniers préparatifs, il est
impossible que le Sherman soit remplacé si un nouveau modèle
n'entre pas en service à l'automne 1943. Jacob Devers, qui a
commandé l'arme blindée américaine et se trouve maintenant en
Europe, demande que le développement du T26E1 soit accéléré et
que 250 exemplaires soient construits, à raison de 1 pour 5
Shermans. Mais le général McNair refuse, arguant que le
canon de 76 mm suffira contre les Tigres et que, de toute
façon, les canons antichars peuvent aussi mettre hors de combat les
blindés adverses avec les TD : ce n'est pas le rôle du
Sherman. En réalité, la munition APC M62 du canon de 76 mm
ne peut venir à bout du Tigre qu'à courte distance, alors
que celui-ci peut détruire n'importe quel blindé américain sur un
espace deux fois plus grand. La munition HVAP (High Velocity Armor
Piercing), qui corrige en partie le problème, n'entre en service
que fin 1944. En outre, les Tanks Destroyers n'ont pas brillé
en Afrique du Nord. La doctrine est ici en cause. Elle remonte aux
succès allemands de 1940. Pour contrer ceux-ci, l'armée américaine
prévoit de concentrer une réserve de TD tractés ou autopropulsés
pour briser une percée blindée. Ce concept essentiellement défensif
empêche d'envisager comment les TD peuvent être utilisés dans une
guerre offensive de mouvement. Les chars allemands sont en fait
rarement concentrés en masse et les TD souvent absents quand on a
besoin d'eux. En outre, les commandants de terrain ont fortement
appuyé la recommandation de Devers. Eisenhower, pourtant, refuse
d'accepter le T26E1, n'y voyant qu'un surcroît de blindage et ne
voyant pas l'intérêt du nouveau canon de 90 mm.
Le
nouveau char est présenté en Angleterre, en janvier 1944. Le
général Rose, futur commandant de la 3rd
Armored Division, qui a
rencontré les Tigres
en Sicile, demande l'accélération du programme. Patton, lui
aussi, s'oppose à l'introduction du T26E1 tout comme au Sherman
rééquipé d'un canon de 76 mm, arguant que le canon de 75 est plus
adéquat. Bien que grand practicien du combat blindé, Patton montre
ici ses limites dans le domaine technique. En outre, les Américains,
bien renseignés par les Soviétiques sur l'apparition du Pantherà l'été 1943, ont commis une erreur d'appréciation. Ils ont cru
que le Pantherétait un char lourd, destiné comme le Tigreà servir en petit nombre dans des bataillons indépendants. Or le
Panther, produit en série, doit au contraire (en théorie...)
remplacer le Panzer IV dans les Panzerdivisionen. C'est
ainsi qu'en juin 1944, la moitié des chars allemands en France sont
des Panthers : la rencontre avec les chars américains
sera beaucoup plus fréquente. Les Britanniques ont anticipé la
menace et mis au point le canon de 17 livres, en version tractée ou
monté sur un Sherman, le Firefly. Les Américains sont
donc en retard par rapport à la mise au point du Panther par
les Allemands, et simultanément du T-34/85 ou du JS-2 par les
Soviétiques.
Le T26E3 "Fireball" du 33rd Armored Regiment a été détruit par un Tigre I près de Cologne. |
En
Normandie, l'US Army engage initialement 2 divisions blindées
et 7 bataillons indépendants. Le M4 Sherman se révèle, de
fait, potentiellement vulnérable à toutes les armes antichars
allemandes ou presque. Lors du premier mois de combat, 32% des chars
sont perdus. Car ce sont les Shermans qui
rencontrent les blindés allemands et non les TD, qui ne
jouent pas leur rôle défensif. Les généraux américains
commencent enfin à ouvrir les yeux, surtout à partir du moment où
après la percée de Cobra, leurs divisions font face aux
reliquats des divisions blindées allemandes plutôt concentrées
jusqu'alors face aux Britanniques. Dans l'urgence, on met au point le
M36 Jackson, un nouveau TD équipé du même canon de 90 mm
que le T26. La production du T26E3, la version équipée d'un canon
de 90 mm, ne démarre qu'en novembre 1944 ! 705 sont construits
avant la fin de la guerre. Après sa mise en service, il est baptisé
M26 et reçoit le surnom de Pershing, du nom du commandant du
corps expéditionnaire américain en France de la Grande Guerre. La
poursuite en France, et la victoire en Lorraine contre une
contre-attaque blindée allemande, laissent un temps penser que le
Sherman serait suffisant. Mais la contre-offensive des
Ardennes met à nouveau en lumière les faiblesses du char moyen
standard américain, face au Tigre II et aux derniers modèles
de chasseurs de chars de la Wehrmacht.
Un T26E3 de la 9th Armored Division. Les chars de l'unité participent à la prise du pont de Remagen, le 7 mars 1945. |
Les
20 premiers T26E3 arrivent en Europe en janvier 1945. Ils sont
attribués au 12th Army Group de
Bradley qui les distribuent dans la 1st
US Army : 10 rejoignent respectivement la 3rd
Armored Division et la 9th Armored
Division. Les premiers sont engagés au combat dès le 25 février
1945 sur la Roer. Le premier Pershing
est perdu le lendemain dans une embuscade tendue vraisemblablement
par un Tigre I. Deux hommes sont tués mais le char peut être
réparé. Le 27, un T26E3 de la E Company, 33rd
Armored Regiment, détruit un Tigre I et deux Panzer
IV de la 9. Panzerdivision près d'Elsdorf, dans le même
secteur que les précédents engagements. Le Tigre a été
touché à plus de 800 m par une munition HVAP puis une AP. Les deux
Panzer IV ont été détruits à plus d'un kilomètre !
Les Pershing de la 9th Armored
Division sont également engagés à la même époque : le
premier char est perdu le 1er mars sous un coup d'obusier de 150 mm.
Les T26E3 du 14th Tank Battalion
participent, le 7 mars, à la capture du pont de Remagen, sur le
Rhin. Le seul T26E3 totalement détruit l'est près de Cologne par un
obus de 88 tiré par un automoteur antichar Nashorn. Le 6
mars, devant la cathédrale de Cologne, le Pershing est l'un
des protagonistes, face au Panther, d'un des duels de chars
les plus célèbres de la Seconde Guerre mondiale.