Daniel E. Kelly, mort en 2009, était un vétéran de l'escadrille HAL-3 (Helicopter attack Squadron Light), surnommée les Seawolves. Blessé dans le crash de son hélicoptère UH-1, il y avait laissé une partie de sa jambe. Il a relaté son expérience dans deux ouvrages parus chez Presidio, Seawolves. First Choice et celui-ci.
Le HAL-3 est sans doute la première véritable escadrille d'hélicoptères de combat de l'US Navy. Formé en 1967, il est équipé d'UH-1B Hueys armés de roquettes de 2,75 pouces et de mitrailleuses M-60 sur pods et pour mitrailleurs de sabord. Ces appareils renforcent ceux déjà mis à disposition de la Mobile Riverine Force et des SEALs, les commandos marine américains, qui opèrent alors dans le delta du Mékong. L'unité est composée de volontaires.
Le récit de Daniel Kelly se rattache à toute cette littérature de souvenirs écrits a posteriori, parfois bien après les faits, par les anciens combattants américains du Viêtnam. Il fait appel à la mémoire de l'auteur et non à des souvenirs mêlés à un travail de recherche même a minima. En l'occurrence, on a affaire à une collection d'anecdotes sur la formation de l'unité, et ses personnalités truculentes, sur les opérations de combat menées en soutien des SEALs dans le delta, et sur la vie quotidienne des équipages une fois revenus à terre. Sur ce dernier point, Kelly raconte plusieurs épisodes hauts en couleur où les équipages d'hélicoptères, parfois mêlés aux SEALs, montent de véritables opérations commandos pour voler ce dont ils ont besoin ou qu'ils veulent à tout prix (y compris sur d'autres branches de l'armée américaine...).
Si certains récits d'engagements sont intéressants -en particulier les missions menées pour soutenir les SEALs et l'intervention des Hueys au-dessus de Saïgon lors de l'offensive du Têt-, il n'en demeure pas moins que la vision du vétéran à l'égard de l'adversaire reste fondamentalement méprisante et ne se départit pas de grands a priori. Le Viêtcong ou le Nord-Viêtnamien reste "Charlie", et Kelly prend un malin plaisir à décrire une séance d'interrogatoire d'un prisonnier emmené par les SEALs à bord d'un Huey du HAL-3 et jeté par-dessus bord, dans le delta, pour n'avoir pas voulu répondre aux questions des Américains (il est repêché et, d'après Kelly, se montre ensuite beaucoup plus coopératif). On peut noter également que l'histoire s'arrêteà l'offensive du Têt, en 1968, comme si la fin de la guerre n'existait pas (sic), un défaut que l'on retrouve souvent dans ce genre d'ouvrages. Enfin, Kelly semble persuadé que les hélicoptères, les patrouilleurs et les SEALs ont réussi à obtenir le contrôle du delta du Mékong, ce qu'il affirme dans le court épilogue : or la chose est loin d'être avérée.
En résumé, des souvenirs de guerre partiaux, où il faut chercher ce qui est vraiment intéressant.