Comme promis, voici un premier supplément pour l'un des trois articles parus dans 2ème Guerre Mondialen°48, sur la bataille de Nuremberg. Bonne lecture !
En
juillet 1945, le lieutenant Walter Horn, historien de l'art et
officier de renseignements de la 3rd US
Army de Patton, est chargé par Mason Hammond, responsable de la
MFAA (division monuments, beaux-arts et archives) de l'USFET (United
States Forces European Theater) d'une mission très spéciale. Il
s'agit, en effet, de retrouver 5 objets ayant disparu d'une
collection d'oeuvre d'art et autres reliques réunie par les
Allemands dans un bunker secret sous le château de Nuremberg, et
découverte par les soldats américains le 20 avril 1945, pendant les
combats de rues dans la ville. Ces 5 objets sont la couronne
impériale, l'orbe, le sceptre et deux glaives utilisés pour la
cérémonie de couronnement des empereurs du Saint Empire Romain
Germanique. La mission de Horn est à la fois de retrouver les objets
volés mais aussi de déterminer qui les a dérobés, des soldats
américains, des Allemands ou bien des dignitaires ou fonctionnaires
du IIIème Reich souhaitant les utiliser pour la renaissance
du parti nazi sous l'occupation américaine. Les généraux Patton et
Eisenhower sont particulièrement soucieux de faire toute la lumière
sur cette affaire.
Pour
commencer son enquête, Horn avale quantité de rapports et notamment
ceux établis par le capitaine Peterson, commandant la compagnie E,
2nd Battalion du 180th
Infantry Regiment de la 45th Infantry
Division, l'unité qui a découvert le bunker et dont le travail
a servi entre autres de sources à mon article dans 2ème Guerre
Mondiale sur la bataille de Nuremberg. D'après Peterson, le
moral de sa compagnie est alors au plus haut, alors que d'autres
sources font état d'une certaine angoisse à la perspective du
combat de rues dans Nuremberg, qui s'ouvre vraiment le 17 avril 1945.
En face des Américains se trouvent probablement 7 000 soldats
allemands, 10 000 travailleurs du IIIème Reich recrutés de
force et parfois mobilisés de force, ainsi que des membres de la
Volkssturm et des Jeunesses Hitériennes.
La
compagnie E libère d'abord le Stalag XIII : son attaque
est précédée, à 7h00, par le straffing de 2 P-51 Mustang.
En approchant du stade et des champs de manoeuvre de Nuremberg, la
compagnie doit affronter la résistance désespérer de quelques
Allemands, en particulier dans le hall d'honneur d'Hitler, mais
beaucoup d'autres se rendent sans combattre. Les combats sont
beaucoup plus durs au palais des congrès nazi, un bâtiment de
quatre étages défendu par de l'infanterie et une artillerie
antichar que les GI's doivent investir pied à pied. Les
Américains forment des groupes de 5 hommes pour nettoyer les pièces,
du haut vers le bas, mais n'effectuent pas forcément la sommation
réglementaire avant de tirer, ce que Peterson ne peut empêcher.
Le
lendemain, la compagnie E est véritablement engagée en combats de
rues. Les Allemands tirent sur les infirmiers et se servent de civils
pour effectuer l'observation pour l'artillerie : après avoir
subi plusieurs pertes, Peterson ordonne d'ouvrir le feu sur les
civils suspects. La progression se fait de bâtiment en bâtiment en
perçant des trous dans les cloisons avec des grenades. La compagnie
E finit par franchir sur un pont la Pegnitz, la rivière qui coupe
Nuremberg en deux parties. Une section est isolée par les tirs
allemands et il faut engager les chars pour tirer sur les bâtiments
afin de la dégager : elle a subi cependant plusieurs pertes.
Après
une journée de repos le 19 avril, la compagnie, renforcée du
lieutenant James Low, un Sud-Africain prisonnier du Stalag
XIII récemment libére et qui peut guider facilement l'unité dans
la ville, continue son avance. Elle doit faire face à des tirs
sporadiques mais toujours présents. Le même jour, une femme armée
d'un Panzerfaust détruit un char de la 14th
Armored Division, qui participe à l'encerclement et à
l'investissement de Nuremberg. Dans la vieille ville et près du
château, la compagnie E va buter sur la défense organisée par le
22ème régiment allemand. Les GI's sont cloués au sol en approchant
d'une porte de la ville médiévale. Un char avance mais se retrouve
bloqué devant le château. Pour dégager la voie, il passe son canon
par une meurtrière gothique de l'un des bâtiments anciens et
expédie 15 obus ! L'intervention du char fait cesser les tirs.
La compagnie E finit par trouver le complexe souterrain secret vers
16h40. Elle a perdu, dans les trois jours de combats, plus de 20
hommes.
Pour
en savoir plus :
Sidney
KIRKPATRICK, Les reliques sacrées d'Hitler, Paris, Pocket,
2013, 415 p.