Pendant la guerre Iran-Irak, dans une région de marécages non loin de la ville de Dehloran (dont il est question à une reprise dans le film), probablement dans les dernières années du conflit (1987-1988). Une équipe iranienne pilotant un drone Mohajer parvient, non sans mal, à abattre une tour d'observation irakienne dans les marécages qui bloquait la route aux assauts iraniens. L'équipe est dirigée par Assad, passionné par le vol des drones. Son camarade Mahmud est plus sceptique quant aux ordres donnés par le commandement et les objectifs de la mission. Pour la prochaine mission, l'équipe d'Assad doit opérer en 3 groupes pour piloter le drone encore plus loin derrière les lignes ennemies. Assad dirige le 3ème groupe qui s'installe derrière les lignes irakiennes pour assurer le vol final du drone. Mais tout capote quand l'équipe se retrouve isolée derrière les lignes ennemies...
Mohajer est un film d'Ebrahim Hatamikia, qui a commencé sa carrière dans les années 1980 avec des films et documentaires traitant de la guerre Iran-Irak : ses réalisations sur le sujet sont souvent considérées comme les meilleures du cinéma iranien. Il faut dire qu'il a servi dans les Pasdarans pendant le conflit pour tourner des documentaires et qu'il a été profondément marqué par ce qu'il a vu. Mohajer est produit par le Centre de l'Art et de la Pensée islamique, une organisation semi-officielle et semi-privée qui finance beaucoup de films de guerre pendant le conflit avec l'Irak.
Tout le film tourne autour de l'utilisation par Iraniens des drones Mohajer-1. Cette famille de drones est développée pendant la guerre Iran-Irak à des fins de reconnaissance des lignes adverses, comme on peut le voir dans le film. Par ailleurs, les Iraniens équipent leurs Mohajer-1 de 6 roquettes de RPG-7, 3 sous chaque aile, pour des frappes sur des objectifs de valeur, ce que l'on constate également dans le film. On est alors aux débuts de l'armement des drones, ce qui souligne l'importance non négligeable de ce conflit, à beaucoup de points de vue, d'ailleurs.
Hatamikia, dans le scénario, oppose le personnage d'Assad, neveu du chef de l'unité de drones, passionné et absorbé par sa tâche, à son camarade Mahmud, plus hésitant, mais qui fera tout pour sauver son ami coincé derrière les lignes ennemies. La guerre est donc questionnée, mais c'est la figure d'Assad, modèle de dévotion à la patrie, qui est mise en avant. Le film vaut surtout pour l'emploi des drones iraniens, guidés à vue, télécommandés, et dont la faible portée oblige à établir des groupes-relais pour piloter le drone le plus loin possible. On comprend instantanément l'utilité des drones sur le terrain marécageux, accessible seulement aux petits navires et aux plongeurs, ce qui rend toute reconnaissance humaine périlleuse. L'importance de l'artillerie dans le conflit est également bien mise en avant : le film fourmille de détails montrant que le réalisateur a pris part au conflit et en resté marqué. Un film à voir, assurément.