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Mourir pour Assad 2/L'organisation Badr en Syrie

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Merci pour l'aide précieuse de https://twitter.com/green_lemonnn qui a beaucoup contribué au contenu de cet article.

L'organisation Badr joue un rôle conséquent dans la survie du régime syrien. C'est l'un des relais les plus anciens de l'Iran en Irak puisque sa présence remonte à Saddam Hussein. Revenu sur le devant de la scène avec l'invasion américaine en 2003, le Badr a su se positionner comme "groupe spécial" iranien dominant en noyautant l'armée et les forces de sécurité irakienne tout en entrant dans le gouvernement de Nouri al-Maliki puis d'Abadi où il occupe des ministères clés. Dès 2012, le Badr s'engage dans le soutien au régime de Damas par l'envoi de combattants. Cette participation est reconnue, comme pour d'autres milices chiites, à l'été 2013. Elle se fait alors plus prononcée. Avec la percée de l'EIIL devenu Etat Islamique, en Irak, en juin 2014, le Badr joue un rôle d'autant plus fort qu'il prend à sa charge la défense d'une province entière (Diyala) par-dessus l'armée. Le groupe reste engagé en Syrie mais renouvelle son effort en 2015 et surtout en novembre-décembre en préparation de l'offensive à Alep coordonnée avec l'intervention russe. Actuellement le Badr a engagé plusieurs de ses unités militaires, et non plus un simple corps expéditionnaire, en Syrie : sa participation est massive et le flot de combattants continu.




Historique


L'organisation Badr fait partie des "groupes spéciaux" iraniens, pour certains entretenus en Irak dès 2006-2007, et qui se sont maintenus dans le pays jusqu'à ce jour, et dont j'ai déjà parlé. Historiquement, l'organisation Badr est en fait le plus ancien de ces relais d'influence iranien en Irak puisqu'elle a été formée dans la décennie 1980. Les autres cadres importants des groupes spéciaux, comme Abu Mahdi al-Muhandis, en ont fait partie : ce dernier est proche de Hadi al-Ameri, le chef actuel du Badr (Muhandis est aussi l'envoyé spécial des Pasdaran, le numéro 2 de Hashd Al Sha'abi, les unités de mobilisation populaire levées à partir de juin 2014). Après 2003, le Badr a été intégré à la force al-Qods et l'organisation politique a placé ses hommes à l'intérieur des organismes de sécurité et de l'armée irakienne, non sans bénéfices pour les groupes spéciaux iraniens1.

L'organisation Badr va s'impliquer assez tôt dans le soutien militaire au régime de Bachar el-Assad. Dès la formation de la brigade Abu Fadl al-Abbas, à l'automne 2012, des combattants du Badr font partie de cette unité2. Dès le mois d'octobre 2012, l'organisation Badr est prête à mettre ses hommes et son matériel lourd au service du régime3.

Le Badr, qui ne fait plus partie du Conseil Suprême pour la Révolution Islamique en Irak, alignait en 2006 jusqu'à 10 000 miliciens. Au printemps 2013, au moment où le Hezbollah intensifie son engagement en Syrie et que l'Iran bat le rappel des miliciens irakiens pour soutenir le régime syrien, les indices se multiplient sur la présence du Badr alors même qu'Ameri accumule les déclarations fracassantes pour justifier son intervention. Le Badr signale officiellement un premier mort en Syrie pour la défense du tombeau de Sayyida Zaynab le 17 juin 20134. La branche militaire du Badr, sans sa propagande, insiste davantage que les autres sur ses liens avec l'Iran et sa proximité avec Khamenei. Il faut rappeler que les brigades Badr, ancêtre du Badr actuel, avaient combattu du côté iranien pendant la guerre Iran-Irak (avec un recrutement iranien parmi les prisonniers irakiens). Ameri est devenu ministre des Transports de Nouri al-Maliki après la prise du pouvoir par celui-ci en 2010 et son rapprochement avec les groupes iraniens. Le Badr s'est séparé du Conseil Suprême en 2009 avant de devenir un parti politique à part entière en mars 20125. Le 13 juillet 2013, le Badr annonce avoir envoyé plus de 1 500 combattants en Syrie et à la mi-juillet reconnaît les premières pertes sur place de manière officielle. La branche militaire du Badr semble avoir formé un corps expéditionnaire en Syrie baptisé "Quwet Shahid al-Sadr" (Les Forces du Martyr Sadr)6. Parmi les premiers "martyrs", Abu Dhar al-Sa’wdi, annoncé le 21 juillet, et Abu Sajad al-Hawli le 28 juillet7. Le même jour, le Badr annonce officiellement la création de Quwet al-Shahid Muhammed Baqir al-Sadr, juste après qu'un autre groupe spécial iranien, Asaib Ahl al-haq, ait fait de même. Le nom vient de Baqir al-Sadr, ancien chef du mouvement Dawa en Irak. Le "Khomeini de l'Irak", qui avait largement préparé à Najaf ce qui devient la République islamique d'Iran, avait été exécuté en 1980 par Saddam Hussein. A ce moment-là, le corps expéditionnaire combat dans l'est de la Ghouta près de Damas8.

Les premières images associées à l'envoi d'un corps expéditionnaire du Badr en Syrie.


En bas à droite, l'emblème avec le dôme doré de Sayyida Zaynab, à Damas.




Le 1er martyr du Badr en Syrie.

Convoi funéraire du 2ème "martyr" reconnu par le Badr en Syrie.

En 2014, l'opposition syrienne indique que lors de l'offensive du régime dans le Qalamoun, autour de la ville de Yabroud, les miliciens irakiens prennent le relais du Hezbollah épuisé par les combats. L'organisation Badr aurait expédié à cette date 1 000 ou 2 000 hommes en Syrie dont la plupart sont dirigés sur le Qalamoun9. Le 30 avril 2014, un combattant de la branche militaire du Badr, Na'me Fazel, est enterré à al-Diwaniyah en Irak après avoir été tué en Syrie10. Avec la remontée en puissance de l'EIIL en Irak, l'organisation Badr établit des comités populaires de recrutement dans les provinces dès le mois d'avril 2014. A partir du 5 juin, juste avant la chute de Mossoul, elle est présente avec d'autres milices chiites à Samarra. La branche militaire du Badr a fait la publicité de nombre de ses "martyrs" tués au combat en Irak dans les premiers mois de 2014, dont certains arborent sur leurs uniformes les emblèmes des forces de sécurité irakiennes ou du SWAT11. L'organisation Badr prend à sa charge la défense de la province de Diyala, où elle a une présence ancienne ; elle a été aussi impliquée dans les efforts contre l'Etat Islamique dans la ceinture au sud de Bagdad. La province de Diyala a une frontière commune avec l'Iran12. L'organisation Badr recrute de très jeunes combattants comme cet adolescent de 15 ans entraîné en Iran, envoyé combattre les rebelles syriens à Mleha dans l'est de la Ghouta, puis réexpédié en Irak pour affronter l'EI13. Avec le remplacement du Premier Ministre al-Maliki par Abadi, Ameri parvient à faire nommer un de ses lieutenants au poste important de ministre de l'Intérieur. Le Badr revendique au moins 10 000 hommes en armes ; Ameri s'affiche avec Qasseim Soleimani, le commandant de la force al-Qods qui vient en Irak coordonner les efforts contre l'EI. Les succès du Badr contre l'EI sont néanmoins associés à des enlèvements, des exécutions sommaires et à une véritable politique de la "terre brûlée" contre les sunnites14. L'organisation Badr joue un rôle particulier : en raison de ses liens historiques avec l'Iran, c'est elle qui coordonne l'effort d'abord entre le gouvernement syrien et l'Iran, puis en Irak. Ameri a chapeauté la reconquête d'Amerli dans la province de Salahuddine, puis a mené la bataille à Jurf al-Sakhr dans la province de Babil avant de prendre la tête du district de Baiji au nord de Salahuddine15. D'après un journal iranien proche des officines de sécurité, Ameri aurait défendu la province de Diyala contre l'EI avec pas moins de 4 000 hommes du Badr16. En décembre, l'Etat Islamique attaque les positions du Badr à Mukayshfah, entre Tikrit et Samarra. Plusieurs dizaines de miliciens chiites sont tués17.

Na'me Fazel.
Na'me Fazel.
Na'me Fazel.


Ameri, le chef du Badr, à gauche, avec Soleimani à droite.
Combattants du Badr à Suleiman Pek, 5 septembre 2014.
Le Badr à Amerli, septembre 2014.

L'EI défait une unité du Badr dont on voit un véhicule avec le logo sur la porte.
Encore un véhicule du Badr avec le logo du groupe.
Emblème d'épaule du Badr.



Abu Mahdi al-Muhandis semble parrainer une nouvelle milice chiite très active depuis la mobilisation chiite suite à la percée de l'EIIL en juin 2014, Kataib al-Imam Ali. Muhandis a fait partie des brigades Badr, Ameri était alors son chef d'état-major18. L'organisation Badr reste la tête de pont de l'Iran en Irak19. Dans la province de Diyala, Ameri dirige les opérations contre l'EI jusqu'au point de quasiment intégrer l'armée irakienne dans l'organisation Badr. Il bénéficie de l'appui du Hezbollah libanais et des Iraniens20. Muhandis joue un rôle important dans le Hashd al-Sha’abi, la mobilisation populaire lancée en juin 2014 après une fatwa de Ali al-Sistani et qui rassemble plus de 40 milices chiites. Le Badr, avec 20 000 hommes au moins, est donc particulièrement puissant en Irak dans le paysage des milices chiites, en 201521. En mars, il participe avec d'autres milices chiites à la reconquête de Tikrit22. D'après la page Facebook de la brance militaire du Badr, les miliciens combattent dans le secteur des Monts Makhoul, au nord de Baiji en Irak, en novembre 201523. Puis le 2 décembre apparaissent des photos de combattants en Syrie, à Alep, ce qui laisse penser comme cela se confirme que le Badr y a transféré des combattants en vue de l'offensive du régime dans le secteur.


Logo des unités de mobilisation populaire, où le Badr joue un rôle de poids.
Combattants du Badr dans la province de Diyala (février 2015).

Présence du Badr en Syrie (non exhaustive : rouge 2013, jaune 2014, bleu 2015, vert 2016).

Opérations du Badr en Irak Présence du Badr en Syrie (non exhaustive :  jaune 2014, bleu 2015, vert 2016).



Le Badr en Syrie dans l'offensive sur Alep (novembre 2015-février 2016)


Avec l'offensive récente du régime autour d'Alep, en janvier-février 2016, les indices de la présence de miliciens de l'organisation Badr en Syrie, dans ce secteur, se sont multipliés. L'organisation Badr semble avoir une base de recrutement régionale pour ses divisions au plan militaire. Les brigades des divisions portent des numéros tandis que les régiments ont des noms de "martyrs" ou sont nommés en fonction de leur spécialité. Ces unités communiquent sur les réseaux sociaux et les partisans du Badr multiplient les pages d'éloge à l'égard des unités ou de la formation elle-même, et l'on peut donc essayer de retracer leur parcours de l'Irak et en Syrie, et à l'intérieur de ce dernier pays.

La branche militaire du Badr comprend un régiment dit de "forces spéciales" nommé Shahid Salam Al Bakhitawi, apparemment rattaché à sa 10ème brigade et qui a sa base dans la province irakienne de Maysan. Le régiment a combattu en Irak à Thartar (al-Anbar) contre l'EI et à participé à l'offensive finale pour reprendre la ville de Baiji en octobre 2015. Jusqu'à la mi-novembre 2015, le régiment combat dans les monts Makhoul, au nord de Baiji. Puis les photos suivantes de la page Facebook du régiment montrent ses hommes en Syrie, le 29 janvier 2016, après un "trou" d'environ 2 mois. Il est donc sûr que le régiment ait été expédié en Syrie via l'Iran fin janvier mais en réalité probablement avant, en novembre ou décembre 2015. Les premières photos montrent un groupe de plus de 50 hommes. Le 3 février, le régiment poste des photos du Bashkuy, localité au nord d'Alep, au sud-est de Nubl et Zahra où le régime syrien fait une percée pour dégager ces deux localités chiites. Le 6 février, on peut voir les hommes du régiment, avec de nombreux drapeaux du Badr, à Nubl et Zahra puis Mayer, un peu plus au nord. Abu Taaha, un commandant de la 10ème brigade qui dirige les troupes du Badr qui opèrent au sud d'Alep, vient rendre visite au régiment Salam. Les forces du Badr en Syrie sont dirigées par Abu Hnan al Knani, un officier qui a commandé précédemment la 4ème brigade du Badr en Irak avant d'être détaché en Syrie. Celui-ci apparaît dans des photos de la page Facebook de la branche militaire du Badr qui relaie la victoire à Nubl et Zahra. Le 5 février, on peut voir d'ailleurs l'enterrement de 4 hommes du Badr tués dans les combats de Nubl et Zahra. La page se fait également l'écho de la mort du général de brigade iranien des Pasdarans Mohsen Ghajarian durant la bataille. Le régiment Salam quant à lui est dirigé par Abu Abdullah Al Assadi, que l'on voit avec Abu Hnan al Knani sur une photo, et Abu Mahdi Al Muhamadawi. Sur une autre page Facebook liée à ce régiment, on peut voir le 4 février les Irakiens préparer une attaque avec une vue satellite de l'objectif agrandie sur carte. Cette page montre d'ailleurs des photos de l'arrivée en Syrie du groupe le 27 janvier, soit deux jours plus tôt que la page officielle. D'autres photos prises le 13 semblent également se trouver en Syrie, de même que d'autres le 2 janvier. Les photos les plus anciennes de ce régiment en Syrie datent du 24 décembre sur cette page.



Vue de Bashkuy, prise pendant l'offensive au nord-ouest d'Alep en février 2016.

Les combattants du Badr travaillent sur images satellites agrandies.

Abu Taaha, commandant de la 10ème brigade qui visite le front.


A Mayer, au nord de Nuble et Zahra.

Le deuxième en partant de la droite tenant le drapeau de la branche militaire du Badr est Abu Hnan al Knani, le chef du corps expéditionnaire du Badr en Syrie, ici à Zahra.




















Abu Abdullah Al Assadi commande le régiment Shahid Salam Al Bakhitawi de la 10ème brigade.



Sayed Jasem Al Mussavi commanderait les éléments de la 4ème brigade.

Les 3 officiers ensemble.


Parmi les autres éléments de la 10ème brigade du Badr déployés en Syrie, il y a le régiment Qassem Latif al Ata'abi. Les photos en Syrie montrent là encore des effectifs conséquents, jusqu'à 40-50 hommes sur certaines images. Les premières photos de combattants en Syrie postés par ce régiment datent du 24 décembre. Mais il y a fort à parier qu'il y a un décalage et que le régiment de la 10ème brigade est arrivé plus tôt, début décembre voire fin novembre. Russes et Iraniens assurent parfois aussi le transport aérien jusqu'à Hama, puis les miliciens sont transportés par voie terrestre jusqu'au district industriel de Sheikh Najjar au nord-est d'Alep où le Badr a établi une base.





Devant le dôme de Zaynab. On note sur l'homme de gauche l'insigne de l'armée irakienne (qualification de saute pour les troupes aéroportées ?)





Hormis la 10ème brigade du Badr, la 4ème brigade semble également avoir déployé un bataillon de missiles (IRAM, etc) en Syrie : Kataib Sawarikh. Sayed Jasem Al Mussavi, un cadre que l'on voit souvent sur les photos, serait à la tête des régiments Salam Al Dirawi et Mukhtar (au moins l'un des deux) qui sont également présents en Syrie. Il semblerait bien que la 4ème brigade soit présente en nombre avec au moins deux régiments (un d'artillerie mais aussi un nombre de fantassins) mais sa présence est moins visible sur les réseaux sociaux.

Surtout, une autre brigade est également présente en Syrie : la 3ème, les "Lions d'Amerli" qui semble recruter autour de cette dernière localité en Irak. Les dernières photos de la page Facebook officielle de la brigade montrent des combattants de l'unité en Syrie. Un panneau visible sur une des photographies indique que des miliciens sont passés près de l'aéroport de Damas. Une photo prise de nuit montre même un milicien avec un Sayyad-2, copie iranienne du fusil de sniping de 12,7 mm HS.50 de Steyr. Une autre page Facebook qui relaie des informations de cette brigade publie une photo d'une cinquantaine d'hommes en Syrie. Un combattant du Badr qui semble faire partie de cette brigade, et être tireur d'élite sur Sayyad 2, poste des photos de sa présence en Syrie en janvier-février 2016. On le voit souvent manipuler son arme. Des vidéos relayées sur sa page indiquent que la 3ème brigade est présente en Syrie au moins depuis le mois d'août 2015. Les premières photos de son arrivée, comme combattant individuel, en Syrie remontent au 26 décembre 2015. Auparavant, il était dans les monts Makhoul, au nord de Baiji. Un autre combattant de la brigade, visiblement parti en Syrie, poste également des photos de sa participation aux combats. Le 2 février, il met en ligne une photo de son retour en Irak après un séjour en Syrie. La veille, on peut le voir sur le chemin du retour avec une dizaine de combattants. Le 20 janvier, il indique se trouver dans les montagnes de la province de Lattaquié. Le 13 janvier, il pose avec 4 enfants de chiites syriens. Le 27 décembre, il apparaît dans un groupe d'une quinzaine d'hommes situés dans la province d'Alep. Il avait annoncé son départ pour la Syrie le 21 décembre 2015 et il est parti le lendemain. Son séjour a donc duré un peu plus d'un mois.


Brigades
Régiments/bataillons
Chefs
Commentaires
10ème brigade
Shahid Salam Al Bakhitawi


Qassem Latif al Ata'abi
Abu Abdullah Al Assadi et Abu Mahdi Al Muhamadawi
Dit de "forces spéciales".
4ème brigade
Kataib Sawarikh (bataillon)

Salam Al Dirawi

Mukhtar

Sayed Jasem Al Mussavi (pas possible de déterminer quelle unité il commande exactement où s'il dirige toutes les forces de la 4ème brigade)
Bataillon d'artillerie (LRM).

Infanterie.

Infanterie.
3ème brigade
Unités non identifiées





Avant le retour en Irak, sur la route de l'aéroport de Damas.

Au milieu des camarades irakiens.

De retour en Irak.


En Syrie.









Avec des enfants chiites.



Photo postée le jour où ce combattant irakien annonce son départ pour la Syrie.

L'autre combattant de la 3ème brigade tireur sur Sayyad-2.



En Syrie, 26 décembre 2015.






Emblème de la 3ème brigade du Badr dont certains éléments sont engagés en Syrie.


La branche militaire du Badr a ouvert une page Facebook dédiée à son engagement en Syrie le 21 novembre 2015. Sur la photo de profil de la page, on peut voir côte-à-côte Qassem Soleimani, le commandant de la force al-Qods des Pasdarans, Khamenei et Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah. La photo de couverture de la page est un montage avec le dôme doré de Sayyida Zaynab. La première image postée le même jour est un poster en l'honneur des martyrs : 38 visages sous le dôme de Zaynab. Une autre photo du même jour montre Soleimani en visite au sud d'Alep. Une photo du 26 novembre montre 5 cadres du Badr en Syrie. La nouvelle photo de couverture du 28 novembre associe Khamenei à gauche, le dôme doré au centre et l'emblème de la branche militaire à droite. Le même jour, la page annonce une prochaine offensive à Alep. Le 30 novembre, on peut voir l'arrivée d'une dizaine d'hommes, de nuit, qui tiennent un drapeau du Badr. Ce même jour, une photo est mise en ligne montrant visiblement des combattants du Badr et des Pasdarans embarqués dans un C-130 iranien qui les a convoyés vers la Syrie (il est en fait sur l'aéroport de Damas). Le 4 décembre, un combattant est pris en photo tenant un drapeau chiite devant le dôme de Zaynab ; on voit d'autres miliciens dans la région d'Alep. Le 6 décembre, la page annonce que la 4ème brigade va participer à l'offensive contre Zahra et Nubl ; un montage avec le dôme de Zaynab, des colombes et des combattants en arme masqués est posté simultanément. Une autre image du même genre, avec le dôme sous fond de soleil couchant avec le drapeau de la branche militaire du Badr et un combattant dans l'ombre, est mis en ligne le même jour. Un autre poster associe Muhandis et Ameri au centre, avec l'emblème de la branche militaire du Badr, un milicien actuel de l'organisation en bas à droite et le rappel des sacrifices chiites en haut à droite dans les batailles du début de l'islam. Une autre image du 8 décembre montre un combattant plantant le drapeau de la branche militaire du Badr devant une lune. Ce même jour, la page annonce que 600 hommes du Badr ont été envoyés en Syrie. Sur les photos associées à cette annonce, on peut effectivement voir un groupe assez nombreux d'au moins 50 hommes. Le lendemain, une photo ancienne montre Soleimani rendant visite à l'hôpital à Téhéran à Dirawi, cadre du Badr, spécialiste des missiles, qui a donné son nom à un des régiments de la 10ème brigade. Le 11 décembre, on peut voir un groupe important transporté en vans et pick-up. Le 13 décembre, on voit encore des photos d'un groupe rendant visite au dôme de Zaynab. Le 15 décembre, un groupe de plusieurs dizaines d'hommes est à l'entraînement. Le 16 décembre, les hommes semblent être sur le terrain dans la région d'Alep. Ce qui se confirme avec les photos mises en ligne le lendemain. Une scène de repas le 20 décembre montre un groupe important d'une cinquantaine d'hommes au moins. Le 22 décembre, la section est aussi en opérations sur un terrain escarpé et boisé ; une des photos montre un groupe de 25 hommes et ils sont probablement davantage. Une autre série de photos du même jour semble montrer la section à l'entraînement. Le 23 décembre, des chefs se prennent en photo devant une carcasse d'automoteur d'artillerie 2S1 (122 mm). Les photos montrent là encore plusieurs dizaines d'hommes. Des photos du 25 décembre montrent Adnan qui visite ce contingent. D'autres du 28 décembre mettent en scène Adnan, plusieurs dizaines de miliciens et un technical avec bitube ZU-23 de 23 mm. Plusieurs photos du 2 janvier 2016 montrent des dizaines de miliciens en marche. Le 5 janvier, les miliciens fêtent l'arrivée de la neige. Une scène de repas en l'honneur d'un martyr, le 8 janvier, dans un bâtiment où l'emblème de la branche militaire du Badr est présent sur les murs, montre une trentaine d'hommes au minimum. Une photo du 14 janvier montre l'emblème de la branche militaire du Badr collé au-dessus d'un slogan rebelle barré en vert. Le 22 janvier, les chefs sont photographiés devant des corps rebelles. Une photo du 24 janvier montre Sahraoui en béquilles devant un poster où figure Nasrallah devant le dôme de Zaynab. Le 30 janvier, on voit les miliciens chiites embrasser le Coran avant de monter au front ; le commentaire indique qu'il s'agit d'élements de la 4ème brigade. Le 1er février, on voit les premières images des miliciens sur le terrain pour la percée vers Zahra et Nubl.

Objectif : Zahra et Nubl.





Devant le dôme doré de Zaynab.

Début janvier 2016, la neige à Alep.

Le dôme de Zaynab sur un poster de propagande.


Ameri à gauche et Muhandis à droite, au centre.


Photo postée le jour où le Badr annonce sur Facebook, le 8 décembre 2015, qu'il a envoyé 600 hommes en Syrie.







On note l'emblème du Badr sur les murs.







Le Badr marque sa présence en Syrie jusque sur les murs...

Le Badr semble avoir un camp de base par lequel passe les recrues. On voit souvent ce même paysage et les bâtiments associés sur les photos postées sur les réseaux sociaux.















On reconnaît en haut à droite et en bas à gauche l'emblème du corps expéditionnaire du Badr en Syrie formé en 2013.

38 martyrs sur ce poster.



















Devant une carcasse de 2S1.






Avec un technical portant un bitube ZU-23 de 23 mm.



Ces hommes de la 3ème brigade du Badr embrassent le Coran, selon une tradition chiite au combat que l'on voyait déjà pendant la guerre Iran-Irak.



Dans un C-130 iranien sur l'aéroport de Damas, les miliciens du Badr avec sans doute des Pasdarans.




Propagande


Le Badr associe son combat à celui de l'ensemble de "l'Axe de la Résistance". Sur un poster du 4 février, on peut ainsi voir un BM-27 Uragan en train de tirer sous les yeux de Khamenei. Sur un autre poster du 3 février, Abu Hnan al Knani est associé à Soleimani, le chef de la force al-Qods. Sur une autre affiche du 1er février, on peut voir Abdul-Malik Al-Houthi, le chef des rebelles houthis au Yémen. Le 6 janvier 2016, le Badr organise une manifestation après l'exécution du sheikh Nimr par l'Arabie Saoudite. Le même sheikh Nimr apparaît dans un montage où un camion du Badr tire un IRAM. Khamenei apparaît sur un poster le 1er janvier. On retrouve Khamenei le 30 décembre 2015 à côté de l'emblème de la branche militaire du Badr. Le régiment Qassem Latif al Ata'abi poste le 6 janvier 2016 une image avec Muhandis, membre historique du Badr et qui patronne l'effort de mobilisation populaire chiite depuis 2014.

Le logo de la branche militaire du Badr revient souvent, comme dans cette image du 20 janvier. Sur une affiche appelant à assister à un tournoi de foot amateur, outre les logos du Badr et le portrait des "martyrs", on peut voir à gauche le dôme doré de Sayyida Zaynab, dont la protection est utilisée pour justifier l'intervention en Syrie. Une affiche du 19 décembre 2015 reprend également l'image du dôme doré. En Syrie, les miliciens jouent de la bombe pour marquer leur présence sur les murs, où ils collent aussi des insignes du Badr. Sur une image du régiment Qassem Latif al Ata'abi, on peut voir un milicien avec un bandeau vert sur la tête et AK-47 dans le dos serrer contre lui l'Irak.

Le Badr honore aussi ses morts. Une affiche du 31 décembre 2015 présente les visages e pas moins de 20 "martyrs". Le régiment Qassem Latif al Ata'abi honore un des ses morts dans un poster avec en fond le dôme doré de Zaynab et le portrait du mort sous les yeux,entre autres, de Khamenei.

Les réseaux sociaux servent aussi au recrutement. Une affiche du 12 décembre 2015 appelle les volontaires à se présenter pour combattre en Syrie.


Abdul-Malik Al-Houthi


Le sheikh Nimr sur fond d'IRAM en train de tirer, monté sur camion.



Muhandis.












Opérations militaires : un aperçu


Le Badr produit de nombreux documents en ligne qui permettent d'étudier ses opérations militaires : je me suis limité ici à quelques vidéos représentatives dans le temps entre 2014 et 2016.

Une vidéo datée de mai 2014 et qui évoque les combattants du Badr en Syrie insiste sur les tireurs d'élite. On y voit notamment des snipers équipés de SVD Dragunov. Les combats de la vidéo ont lieu dans un cadre urbain : on est peut-être dans la région de Damas. Les miliciens sont armés de mitrailleuses PK et d'AK-47 et se déplacent en pick-up. Ils font feu à travers des meurtrières creusées dans les murs de bâtiments. Un fusil de sniping lourd Sayyad 2 est également utilisé. Les symboles chiites sont très présents (drapeaux chiites, drapeaux du Badr...).



Tireur Dragunov sur pick-up






Sayyad-2 en Syrie.






Une autre vidéo d'octobre 2014 montre les combats au sud de Tikrit, en Irak, contre l'EI. Dans une tradition bien connue, les miliciens embrassent le Coran avant de monter au front. Ils disposent d'une flotte de véhicules donc des technicals armés de mitrailleuses DSHK. Un chars M1 Abrams les appuie. On voit également un Humvee embarquant en tourelle un canon bitube ZU-23 de 23 mm. Les miliciens ont également un Safir avec canon sans recul de 106 mm. Ils sont appuyés par un mortier de 120 mm et par des véhicules de la police irakienne (M1117) ou des forces spéciales (Humvees de couleur sombre). Ils ont également un Humvee avec camouflage original, beige avec bande noir, portant une DSHK en tourelle. Les miliciens disposent aussi d'un mortier de 50 mm et de RPG-7.


Les miliciens embrassent le Coran avant de monter en ligne.



Humvee avec ZU-23 en tourelle.


Safir iranien portant un canon sans recul de 106 mm.






M1117 de la police irakienne.

Un Humvee au camouflage original avec DSHK en tourelle.







Une vidéo tournée à Damas en Syrie le même mois montre les miliciens irakiens qui servent d'infanterie aux véhicules du régime : char T-72, canon S-60 porté sur camion... Ils sont plusieurs dizaines au moins.

Tir de RPG-7.










Les miliciens du Badr appuient des T-72 du régime syrien.

















En janvier 2015, une vidéo montre les opérations de la milice dans la province de Diyala, contre l'EI, au nord de Muqdadiyah. Les miliciens du Badr, intégrés ici aux forces de mobilisation populaire, servent d'infanterie pour des chars T-72 et des M113 de l'armée irakienne. Une vidéo de février 2015 à Damas insiste sur les snipers (SVD Dragunov) : on y voit aussi un tir d'IRAM (sans véhicule) et un ZSU 23/4 qui appuie les miliciens par des tirs tendus. Pour la reconquête de Tikrit en mars 2015, une vidéo montre des combattants avec AK-47, PK et RPG-7 ainsi qu'un technical (camion léger embarquant un KPV de 14,5 mm).





Province de Diyala : les miliciens du Badr, faisant partie des Unités de mobilisation populaire, servent d'infanterie pour les T-72 et M113 de l'armée.









Le Badr semble également disposer d'une artillerie organique répartie en unités. Une vidéo du 17 août 2015 montre deux LRM sur camion ouvrir le feu sur Falloujah. A côté se trouvent plusieurs canons D-30 et d'autres pièces d'artillerie. En décembre 2015, dans la province d'Anbar, un véhicule kamikaze de l'EI (pick-up blindé) est arrêté par un tir de missile antichar Kornet. En janvier 2016, le Badr fait tirer dans la province de Salahuddine un camion-benne équipé d'IRAM : une unité d'artillerie équipée de ce type de véhicules semble être déployée en Syrie à Alep. Le Badr est par ailleurs la seule organisation du genre à disposer d'une brigade blindée qui forme actuellement des opérateurs sur T-72M, T-72S et T-55.



On voit plusieurs canons D-30 de 122 mm...

... et deux lanceurs HM-20 Hadid, copie iranienne du BM-21 Grad.








Un véhicule kamikaze de l'EI arrêté par un tir de missile antichar Kornet.







Tir d'IRAM, province de Salahuddine, Irak, janvier 2016. Le matériel ressemble furieusement au modèle utilisé par l'EI dans la province de Salahuddine...













1Michael Knights, "The Evolution of Iran’s Special Groups in Iraq", CTC Sentinel, novembre 2010 . Vol 3 . Issue 11-12, p.12-16.
2http://www.reuters.com/article/us-syria-crisis-iraq-militias-idUSBRE89F0PX20121016
3http://www.timesofisrael.com/iraqi-shiites-fear-for-their-brethren-in-syria/
4http://jihadology.net/2013/06/25/hizballah-cavalcade-breaking-badr-is-iraqs-badr-organization-operating-in-syria/
5http://musingsoniraq.blogspot.fr/2013/07/iraqs-badr-organization-maintains-its.html
6https://www.ctc.usma.edu/posts/from-karbala-to-sayyida-zaynab-iraqi-fighters-in-syrias-shia-militias
7http://jihadology.net/2013/08/12/hizballah-cavalcade-breaking-badr-the-new-season-confirmation-of-the-badr-organizations-involvement-in-syria/
8http://jihadology.net/2013/10/18/hizballah-cavalcade-the-badr-organizations-syrian-expeditionary-force-quwet-al-shahid-muhammed-baqir-al-sadr/
9http://english.aawsat.com/2014/03/article55329651/iraqi-fighters-lead-attack-on-the-town-of-yabroud-say-syrian-activists
10http://www.uskowioniran.com/2014/04/shia-military-funeral-for-badr-military.html
11http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/iranian-proxies-step-up-their-role-in-iraq
12http://www.understandingwar.org/backgrounder/iraqi-shi%E2%80%99-mobilization-counter-isis-offensive
13http://www.reuters.com/article/us-iraq-security-teenagers-insight-idUSKBN0FG1UG20140711
14http://foreignpolicy.com/2014/11/06/breaking-badr/
15http://musingsoniraq.blogspot.fr/2014/11/irans-policy-in-syria-and-iraq.html
16http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2014/11/iran-news-site-profiles-badr-org.html
17http://www.longwarjournal.org/archives/2014/12/islamic_state_releases_picture_4.php
18http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/kataib-al-imam-ali-portrait-of-an-iraqi-shiite-militant-group-fighting-isis
19http://musingsoniraq.blogspot.fr/2015/01/badr-organization-view-into-iraqs.html
20http://www.bloombergview.com/articles/2015-02-03/exclusive-iran-s-militias-are-taking-over-iraq-s-army
21http://www.jamestown.org/programs/tm/single/?tx_ttnews[tt_news]=43805&cHash=fb0c37346ddcdbab61870c190dda484e
22http://www.longwarjournal.org/archives/2015/03/iranian-backed-shiite-militias-lead-iraqs-fight-to-retake-tikrit.php
23https://www.facebook.com/%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%88%D9%85%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%B3%D9%84%D8%A7%D9%85%D9%8A%D8%A9-%D8%A8%D8%AF%D8%B1-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D9%86%D8%A7%D8%AD-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%B3%D9%83%D8%B1%D9%8A-1495373790761235/

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